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Expo’ ''Les Mots Créent des Images'', un regard féminin sur la question cruciale de l'afro-féminisme postcolonial
La classification raciale, la question du genre, du sexe, de la race, de la nationalité, de l’ethnicité, de la religion et de l’éducation dans une société dominée par une forte ségrégation raciale sont les principaux thèmes de l’exposition.
Propos recueillis par Bouchra NAJI (MAP)
Casablanca - L’exposition "Les Mots Créent des Images" à la biennale internationale de Casablanca, porte un regard féminin sur la question cruciale de l’afro-féminisme postcolonial qui est au cœur des travaux artistiques de Lebohang Kganye, Alice Mann, Aisha Jemila Daniels et Sharlene Khan, affirme la curatrice de l’événement, Selma Naguib.
Elle a expliqué dans un entretien à M24, la chaîne d'information en continu de la MAP, qu’en lien avec l’histoire de l’Afrique du sud et de l’apartheid, Lebohang Kganye et Sharlene Khan revisitent le passé en explorant leurs récits personnels.
Il s’agit "d’un passé douloureux" qui continue de trouver son ancrage dans ce présent “Post-Apartheid", a-t-elle dit.
Outre la classification raciale, plusieurs thèmes sont abordés dans cette exposition, tels que la question du genre, du sexe, de la race, de la nationalité, de l’ethnicité, de la religion et de l’éducation dans une société dominée par une forte ségrégation raciale.
Selon la commissaire de cette exposition, à travers différentes formes de domination et de discrimination, les œuvres de Kganye et Khan, reviennent sur la notion d’inter-sectionnalité. En effet, Sharlene Khan aborde aussi l’usage du suicide chez les femmes dans sa communauté indo-africaine de Durban en Afrique du Sud, afin d’échapper aux multiples oppressions qu’elles subissent.
Lebohang, quant à elle, utilise la narration à travers ses archives familiales pour raconter des histoires de foyer, de refuge, de famille et d'identité, en résonance avec l’histoire de l’Afrique du Sud et de l’apartheid.
Les artistes présentées à la So Art Gallery dans le cadre de cette 5ème édition de la biennale internationale de Casablanca, s’apparentent au courant de l’afro-féminisme qui souligne l’existence d’enjeux spécifiques aux femmes de couleur, tel qu’il a été prôné par Toni Morisson ou encore Bell Hooks, dont les œuvres littéraires ont fortement influencé l’artiste indo-sud Africaine Sharlene Khan, indique t-elle, faisant savoir que la problématique postcoloniale ouvre une voie aux artistes, celle de revenir sur les traces d’un passé tumultueux ayant traversé plusieurs générations et dont les cicatrices sont encore visibles.
L’approche de l’artiste afro-américaine Aisha Djemila Daniels consiste, ajoute-t-elle, à apporter un autre regard sur les "Black africans" à travers le monde, en dénonçant racisme et domination occidentale (blanche) sur le reste du monde et en plaçant par opposition, la culture noire sur le devant de la scène.
Alice Mann, quant à elle, porte un regard optimiste sur le devenir des jeunes filles sud africaines à travers des photographies de ce qu’on appelle "les Drummies", équipes féminines de Majorettes dans la province du Cap Occidental. Provenant des communautés les plus défavorisées, jeunes filles blanches et noires défilent main dans la main, vêtues de leurs uniformes et endossant leur rôle avec fierté, qui leur offre un fort sentiment d'appartenance et d’estime de soi.
Photographies, vidéos, film animé, images en mouvements et installation de broderie, sont au cœur de cette exposition, dont les multiples récits questionnent les conditions et enjeux liés aux femmes de couleur et aux minorités ethniques en Afrique du Sud, aux Etats-Unis et plus largement dans le reste du monde.