IN MEMORIAM, 20 ANS APRÈS, MOULAY AHMED ALAOUI - Par Mustapha SEHIMI

5437685854_d630fceaff_b-

Moulay Ahmed Alaoui et son fils Abdelmalek, aujourd’hui économiste, auteur de nombreux ouvrages, président de l'Institut marocain d'intelligence stratégique (IMIS

1
Partager :

 

TELEVISION ET INNOVATION - Par Mustapha SEHIMI

Une heureuse initiative que l'hommage rendu, le mercredi 7 décembre courant, à l'occasion de la commémoration par l'Université Euromed de Fès de la disparition de Moulay Ahmed Alaoui, voici vingt ans. 

Une manifestation avec ce thème: "Moulay Ahmed, témoin et interprète de son temps". Les intervenants de renom présents à cette occasion ont salué la place et le rôle qu'il avait assumé dans la vie nationale dans de nombreux domaines c'est connu. Ma contribution ici tente d'appréhender deux aspects particuliers, l'un relatif à son univers politique et culturel et l'autre à sa contribution à l'animation de la vie nationale. 

Ce qu'il faut mettre en exergue? Son attachement à la monarchie. Il a été "un serviteur des trois Rois", comme cela été souligné. Rien d'étonnant: il plaçait la monarchie au cœur du Maroc. A ses yeux, elle était consubstantielle à la nation, garante de l'essentiel national, protectrice des citoyens, attachée par mandat - la charge du khalifat -à l'unité nationale, à l'indépendance, à la souveraineté et à l'intégrité territoriale du Royaume. La monarchie? C'est aussi le sanctuaire et le socle du patriotisme. Avec d'autres de sa génération, il était en première ligne à cet égard. En veille - une veille vigilante, sourcilleuse, il était en outre servi par une exceptionnelle intelligence politique des situations et des conjonctures. 

Parler vrai

Familier du Méchouar, il n'était pas pour autant un courtisan ni un féal: tant s'en faut. Il se distinguait ainsi par son parler vrai, houspillant à l'occasion ministres et autres responsables publics. Homme de dialogue direct, il évoluait dans tous les milieux y compris ceux de l'opposition. L'écoute était l'un de ses traits; le débat aussi, nourri par une large culture et une connaissance à nulle autre pareille du personnel politique mais aussi des groupes économiques. I1 avait un don : celui d’appréhender les difficultés et les blocages en même temps que les réponses et mesures opératoires appropriées. Pas seulement: il n'ignorait rien  non plus du quotidien des populations modestes et défavorisées, de leurs besoins et de leurs attentes - il prenait langue avec des citoyens de base. Dans cette ligne –là ; il était- avant l'heure - un réseau social à lui seul, portant la bonne parole là où il fallait… 

Enfin, ce dernier marqueur: celui d'un facilitateur actif dans la régulation politique. L'influence de ses éditoriaux dans le groupe "Maroc Soir" était connue ; elle était précieuse et éclairante pour les chancelleries, les politiques et les citoyens. Ils aidaient ainsi au décryptage de la politique royale, lui donnant si besoin était visibilité et lisibilité auprès de l'opinion publique nationale et internationale. Un bretteur infatigable. Atypique depuis toujours. Des fulgurances. Des capacités d'analyse et d'anticipation éligibles à une vision d'avenir du Maroc. 

Dans cette perspective, Moulay Ahmed Alaoui était sans doute l'un des plus maghrébins et africains des responsables. Le Maghreb était un acte de foi depuis longtemps - les relations personnelles qu'il y a nouées avec tant de dirigeants témoignait de cette conviction et de ce capital. Il les a côtoyés, pratiqués, reçus et même hébergés chez lui - Abdelaziz Bouteflika, Hocine Ait Ahmed, Mohamed Lebjaoui, Cherif Belkacem et le dernier en date, Ahmed Kaïd, exilé en 1974. En Tunisie aussi, il jouissant d'un relationnel de premier plan tissé, là encore, lors des décennies post-indépendance. Quant à l'Afrique francophone, c'était un périmètre complémentaire mais de même facture, adossé à une proximité couplée à une amitié avec des Chefs d'Etat( Senghor, Houphouet- Boigny, Bongo,etc.), ainsi qu'avec des leaders de tous bord s- d' une certaine manière,  il était dans son style le "ticket Afrique au palais, par- delà les canaux diplomatiques conventionnels.

lire aussi