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L'addiction doit être reconnue comme maladie nécessitant une prise en charge appropriée (A. R. Chami)
"Le monde connaît une recrudescence des conduites addictives qu'elles soient liées à l’usage de substances psychoactives ou à la pratique de certaines activités potentiellement addictogènes. Le Maroc ne représente pas une exception face à ce constat" (A. R. Chami)
Rabat - L'addiction, sous ses différentes formes, doit être reconnue comme une maladie qui nécessite une prise en charge appropriée, a insisté, mercredi, le président du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami.
Lors d'une rencontre consacrée à la restitution de l’avis du CESE, intitulé "Faire face aux conduites addictives: état des lieux et recommandations", M. Chami a indiqué que la lutte contre le phénomène de l’addiction sur les plans médical, sociétal et juridique, commence par la reconsidération des perceptions dominantes de l'addiction et la reconnaissance de ses différentes formes, y compris les nouvelles, comme une maladie qui nécessite une prise en charge appropriée des personnes qui en sont atteintes, tout en renforçant les moyens de lutte et de prévention des conduites addictives.
"Le monde connaît une recrudescence des conduites addictives qu'elles soient liées à l’usage de substances psychoactives ou à la pratique de certaines activités potentiellement addictogènes. Le Maroc ne représente pas une exception face à ce constat", a-t-il précisé.
Présentant les résultats de nombre de recherches et d'études de terrain menées sur l’addiction au Maroc ces dernières années, M. Chami a relevé qu’il y a plus de 6 millions de fumeurs, dont 500.000 ont moins de 18 ans, que près de 18.500 personnes s'injectent des drogues et que plus de 9 % des mineurs en milieu scolaire ont consommé au moins une fois du cannabis.
Ces recherches ont également révélé que 3,3 millions de personnes s’adonnent à des jeux de hasard, et l'usage addictif croissant des écrans, des jeux vidéo et d'Internet, notamment chez les adolescents et les jeunes.
"Ce sont en effet des chiffres alarmants, qui démontrent la gravité de cette problématique dans notre pays, et la nécessité de faire face à ses graves répercussions sur la santé mentale, psychologique et physique des personnes concernées", a estimé le président du CESE.
Ces répercussions s'étendent à la famille et à la société en raison du coût financier élevé de l’addiction, a ajouté M. Chami, notant que se sont des répercussions négatives sur le potentiel et la dynamique de développement économique et social du Royaume.
Le Maroc est l'un des premiers pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) à adopter des politiques de santé publique visant à prévenir et à prendre en charge les troubles addictifs, a-t-il poursuivi, rappelant que de nombreux plans nationaux et mesures afférents ont été mis en place depuis les années 2000.
Dans ce cadre, M. Chami a insisté sur la persistance, selon les acteurs, du manque des structures de traitement des conduites addictives, des ressources humaines médicales spécialisées, outre la poursuite de l'adoption de l'approche judiciaire répressive qui considère les personnes addictives comme des délinquants à incriminer, au lieu de les considérer comme des patients ayant besoin d'un traitement, ce qui les expose à la stigmatisation sociale et à l'exclusion familiale.
"Les conduites addictives ne bénéficient pas encore d'une reconnaissance et d'une prise en charge de la part des organismes de protection sociale, et ne sont pas considérées comme des maladies malgré leur inscription sur la liste de l'Organisation mondiale de la santé (OMS)", a-t-il conclu.