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La France qui déçoit – Par Ahmed Charaï
La marche vers le sacre d’Emmanuel Macron au Louvre en 2017 : La France des postures a-t-elle succédé à la France des belles positions
Plusieurs pays entretiennent des relations complexes avec la France. La lecture inspirée par la grille de Frantz Fanon, celle des rapports de la colonisation est très réductive. En fait, la francophilie des élites de ce pays est attachée à la culture de l’hexagone, à Voltaire, à Rousseau et plus près de nous à Sartre, Malraux, beaucoup plus qu’à l’action diplomatique, aux rapports entre États.
Ces derniers n’ont jamais été d’une tranquillité, d’une fluidité, d’une transparence à toute épreuve et ce même du temps de la France-Afrique. Aujourd’hui que la France est chahutée sur le continent africain, que la Chine et la Russie sont plus présentes, les accros français sont encore moins acceptables. Cela transpire dans les discours officiels des deux côtés de la Méditerranée.
Les relations entre le Maroc et la France sont le paroxysme de ce tumulte face aux inélégances parisiennes.
Pourtant il suffit de se souvenir du discours du Maréchal Lyautey devant l’assemblée nationale française. Il y rappelait que le Maroc est « une Nation pétrie d’histoire » et que donc la colonisation ne durerait qu’un temps. Elle a duré 44 ans exactement, et il ne s’agissait que d’un protectorat. Après l'indépendance, la France accueillait des opposants marocains. Ils étaient du calibre d’hommes d’État comme Youssoufi et ses camarades en tête. La France le faisait au nom de ses valeurs, du droit d’asile, parce que les atteintes aux droits de l’homme existaient bel et bien au Maroc. Que même à cette époque l’attitude française cachait mal quelques calculs moins glorieux, c’est un fait. Mais, et c’est le cas d’une intelligentsia africaine, l’accueil de ces exilés s’inscrivait dans une certaine idée de la France des valeurs et cela n'offusque personne.
Parce qu’il n'y a plus, comme auparavant, de raison à l'existence d’exilés politiques, la qualité du personnel utilisé par l'État profond laisse à désirer. L’insulte sert de proposition politique, à des individus peu consistants. On est gênés pour la France fantasmée, celle qui se présente comme le chantre de l’universalisme. Il faut que Paris accepte la réalité, traite d’égal à égal, se débarrasse des scories du passé. Les francophiles ne sont pas une armée de VRP au service des intérêts français. Ils aiment une autre France que celle qui les déçoit.