L’intelligence culturelle, facteur clé de succès des entreprises marocaines en Afrique

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« Les entreprises marocaines réussissent à produire des facteurs de différenciation positifs, à renforcer l’acceptabilité de leurs démarches et projets, et à s’implanter efficacement en terre africaine » (Driss Guerraoui)

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Par Manal KOUBIA (MAP)

Rabat - L’intelligence culturelle est un facteur clé de succès des entreprises marocaines en Afrique, a estimé, mardi à Rabat, Driss Guerraoui, Président de l’Université ouverte de Dakhla.

Les entreprises marocaines trouvent un équilibre entre leur comportement d’investissement et l’environnement dans lequel elles évoluent, a affirmé M. Guerraoui en marge de sa participation à la 29ème édition du Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL).

Le Maroc, dans ses relations avec les pays frères et amis du continent africain, "apprécie à sa juste valeur" le rôle que devrait jouer la culture pour préparer l’environnement général, où devront s’implanter ses entreprises, a-t-il souligné.

Les entreprises marocaines sont en "parfaite symbiose" avec les environnements africains dans lesquels elles s’installent, ce qui contribue à leur succès dans tous les domaines (télécommunications, mines, agriculture, formation, éducation, industries pharmaceutiques, numérique, etc), a indiqué l’expert.

"Grâce à cette spécificité culturelle et à cette profondeur historique, les entreprises marocaines réussissent à produire des facteurs de différenciation positifs, à renforcer l’acceptabilité de leurs démarches et projets, et à s’implanter efficacement en terre africaine", s’est-il félicité.

Afin d’élargir cette réussite et renforcer les compétences des leaders et chefs d’entreprises marocains désireux de s’ouvrir à de nouveaux horizons loin du marché domestique, M. Guerraoui a préconisé la promotion de la culture de l’intelligence économique et de l’intelligence culturelle auprès des entreprises marocaines, précisant que cela passe par la sensibilisation, l’information, la formation et l’organisation des acteurs économiques autour de l’importance de l’intelligence culturelle comme "clé d’entrée" à un investissement adapté, approprié à des contextes territoriaux qui ont leur propre histoire et leur propre spécificité civilisationnelle, culturelle, patrimoniale, symbolique et spirituelle.

"Nous avons tout à gagner à donner cette portée immatérielle à l’investissement matériel pour trouver un équilibre entre les trois composantes de la richesse d’une nation : le capital naturel, le capital produit et le capital immatériel dans le capital culturel", a-t-il fait savoir, affirmant que c’est grâce à l’intelligence culturelle que l’on peut mieux donner sens à l’existence et concilier le niveau, le genre et le sens du développement.

L’économiste a tenu à rappeler que "la culture prépare les esprits et transforme les mentalités pour qu’elles soient adaptées aux différentes formes de la rationalité économique et financière", estimant que c’est cette dimension qui permet à des investisseurs de réussir ou d’échouer dans certains terrains.

"Le soubassement de tout acte économique est avant tout le désir et le besoin, dictés par des dimensions immatérielles liées à la perception du consommateur pour le produit que vous lui offrez. Tout cela est porté par un socle de valeurs et de déterminants civilisationnels, culturels et spirituels. C’est cet environnement qui réunit les conditions permettant à un investisseur de réussir, de s’implanter et d’étendre ses possibilités", a-t-il détaillé.

Outre ses influences sur le domaine managérial, la culture contribue grandement à la richesse d’un pays, comme c’est le cas pour le Maroc, dont le capital immatériel a participé significativement à sa richesse entre 1999 et 2013, à raison de plus de 76,2%, a fait savoir M. Guerraoui.

Par conséquent, l’avenir du nouveau modèle de développement "passe aussi et passera nécessairement par la capacité de notre pays à mieux valoriser son capital immatériel, dont le culturel. D’où l’importance de l’intelligence culturelle en tant qu’approche, outil et instrument qui permettrait à la fois d’optimiser l’usage de notre capital immatériel et tracer les pistes pour améliorer la qualité des investissements dans la sphère culturelle, dans toute sa dimension", a noté l’expert en intelligence économique.

Interrogé sur le Centre international de recherche et de formation en intelligence économique, il a répondu que ce centre "sera attentif aux nouveaux champs de l’intelligence économique, y compris l’intelligence culturelle", expliquant que cela permettra d’approfondir davantage toutes les questions liées à l’intelligence culturelle dans ses relations avec l’intelligence économique et d’"explorer toutes les possibilités de partenariat au service de notre pays et de notre continent" pour promouvoir les meilleures pratiques de l’intelligence économique dans toutes leurs dimensions, y compris culturelle.

"L’ambition est de faire de ce centre, à partir de Dakhla, un pôle d’excellence d’envergure mondiale au service à la fois de l’Afrique et du reste du monde. Il fera de notre pays une terre pionnière pour accompagner les grandes ambitions de notre continent, y compris cette dimension atlantique inaugurée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI", a-t-il insisté.

Driss Guerraoui est membre de l’Académie du Royaume du Maroc, de l’Académie des sciences du Portugal, de l’Académie royale européenne des Docteurs d’Espagne et de l’Académie française d’intelligence économique.

Auteur de nombreux travaux dans les domaines économique et social, il a récemment présenté son ouvrage intitulé "l’Enseignement et la recherche en sciences économiques dans les universités publiques marocaines" (Ed. L’Harmattan, 2024) dans le cadre de sa participation au SIEL 2024.

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