Mali: Paris met les chefs de l’armée sous pression

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Soldat français de l'opération Barkhane, dans la région de Gourma, au Mali

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Le mouvement malien dit du 5-Juin, probable partenaire gouvernemental du colonel Assimi Goïta après son nouveau putsch, appelle vendredi à un rassemblement qui aura lieu sous le coup de l'annonce par la France de la suspension de ses opérations militaires avec l'armée malienne.

Dix jours après le deuxième coup de force du colonel Goïta en neuf mois, Paris a annoncé jeudi soir suspendre les opérations conjointes avec les forces maliennes, avec lesquelles elle coopère depuis des années contre les jihadistes. Les missions de conseil sont également mises en suspens. Paris, véritable « homme fort » du Mali tient à sauver les apparences, mais avec mesure.

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Des soldats et blindés de l'opération française Barkhane, le 30 mai 2015 à Gao, dans le nord du Mali

C'est une mesure "conservatoire et temporaire" dans "l'attente de "garanties" que les colonels maliens rendront le pouvoir aux civils après des élections prévues en février 2022, a dit le ministère français des Armées.

Les colonels s'y étaient engagés après le coup d'Etat du 18 août 2020. Mais ils s'étaient aussi engagés sous la pression internationale à une période de transition conduite par des civils. 

Cet engagement n’a pas tenu longtemps. Le 24 mai Assimi Goïta, resté le véritable homme fort sous un habillage civil de la transition, a fait arrêter le président et le Premier ministre qui ont voulu le gommer du gouvernement en procédant à un remaniement à son insu.

Assimi Goïta s'est depuis fait déclarer président de la transition par la Cour constitutionnelle.

Aucune réaction publique n'a été obtenue de la junte à la décision française, dont la traduction sur le terrain reste à déterminer.

La force antijihadiste française au Sahel, Barkhane, forte de 5.100 militaires, continuera d'opérer, mais pour l'heure en solo, a précisé le ministère français.

La coopération avec les forces maliennes est un des piliers de l'action française au Mali.

"Ces décisions seront réévaluées dans les jours à venir au regard des réponses qui seront fournies par les autorités maliennes", a dit le ministère français.

Après le coup d'arrêt imposé par le putsch du 24 mai, la transition pourrait reprendre son cours avec l'investiture du colonel Goïta prévue lundi devant la Cour constitutionnelle.

Cette cérémonie est considérée comme devant lever le blocage à la nomination d'un Premier ministre qui, réclame la France, devra être un civil.

L'ombre de l'imam Dicko 

Le colonel Goïta a dit son intention de confier le poste au Mouvement du 5-Juin/Rassemblement des forces patriotiques (M5/RFP).

Ce collectif hétéroclite avait pris la tête en 2020 de mois de contestation parachevée le 20 août par le putsch déposant le président Ibrahim Boubacar Keïta. Après le putsch, le M5 avait vainement réclamé d'être traité d'égal à égal par les militaires dans la mise en place de la transition. 

Le M5 s'était retrouvé affaibli et divisé. Il avait durement critiqué le cours suivi par la transition.

Le colonel Goïta l'a rappelé dans le jeu. Le M5 a choisi pour le poste de Premier ministre un vétéran, Choguel Kokalla Maïga, dont le parcours a épousé les soubresauts de l'histoire contemporaine malienne.

Ce choix a suscité des inquiétudes. M. Maïga est connu comme un ardent détracteur de l'accord de paix de 2015, dont l'application est jugée capitale pour sortir le pays de la tourmente.

Ces derniers jours, le colonel Goïta et M. Maïga se sont employés à rassurer. M. Maïga a reçu l'un des signataires de cet accord, la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA), alliance composée essentiellement d'anciens groupes armés indépendantistes touareg et nationalistes arabes qui ont combattu les forces maliennes dans le Nord à partir de 2012.

La remise en cause des engagements pris par le colonel Goïta et le positionnement de M. Maïga ne sont pas les seuls motifs de préoccupation pour les partenaires du Mali. Ils s'interrogent sur la place qui sera faite à l'imam conservateur Mahmoud Dicko. 

L'imam Dicko, figure tutélaire de la contestation de 2020, a pris ses distances avec le M5 depuis. Mais, comme les colonels, il est favorable au dialogue avec certains jihadistes, rejeté par Paris.

Le M5 appelle vendredi après-midi à un rassemblement, officiellement pour commémorer le mouvement de 2020. Les partenaires du Mali devraient prêter une attention soutenue aux personnalités présentes et aux discours.

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