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ONU : Guterres reconduit à son poste pour un deuxième mandat
Antonio Guterres devant des drapeaux et l'emblème des Nations Unies le 29 septembre 2020 à New York
Le Conseil de sécurité a approuvé mardi l'attribution d'un deuxième mandat à Antonio Guterres, 72 ans, pour diriger l'ONU entre 2022 et 2026, période au cours de laquelle il sera attendu sur la résolution de conflits.
Secrétaire général depuis janvier 2017, l'ex-Premier ministre portugais était seul en lice. Une dizaine de candidatures individuelles n'ont pas été retenues au motif qu'elles n'étaient pas soutenues par l'un des 193 pays membres de l'Organisation.
Lors d'une brève session à huis clos, le Conseil de sécurité, clé dans le processus de nomination, a été unanime pour recommander à l'Assemblée générale de l'ONU de prolonger son chef, a annoncé son président en exercice, l'ambassadeur estonien Sven Jürgenson. La confirmation formelle de l'Assemblée est attendue prochainement.
Après un premier mandat consacré à limiter les conséquences potentiellement drastiques pour l'Organisation de la politique unilatéraliste de Donald Trump, Antonio Guterres devra avoir "un plan de bataille pour toutes les crises brûlantes", juge un diplomate.
Dans ce domaine, son bilan est maigre depuis cinq ans, Syrie, Yémen ou Mali restant désespérément en panne d'une solution politique. Un nom a été trouvé pour la Macédoine du Nord et une pacification s'amorce en Libye mais l'ONU y a surtout un rôle d'accompagnement d'un processus engagé par les Libyens.
Adepte d'une diplomatie de coulisses, Antonio Guterres assure se dépenser sans compter, pour éviter ici une aggravation du conflit à Chypre, là pour tenter de contenir les velléités guerrières du pouvoir éthiopien au Tigré et mobiliser le Conseil de sécurité.
Avec des résultats limités, concèdent plusieurs sources diplomatiques sous couvert d'anonymat, dont certaines rappellent la passivité de l'ONU face au génocide à partir de 2017 des Rohingyas en Birmanie.
Début mai, Antonio Guterres soulignait que "les éléments clés de ses activités" reposaient sur la discrétion. "Parfois, pour être efficace, il faut le faire discrètement, pour établir des canaux de liaison entre les parties". Ceux-ci sont "essentiels pour éviter le pire dans les confrontations et essayer de trouver des solutions", précisait-il alors.
Droits humains
Fin politique, sous pression constante des grandes puissances comme des plus petites, le chef de l'ONU ne s'est mis à dos aucun des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (Etats-Unis, Chine, Russie, France et Royaume-Uni), verrouillant ainsi sa reconduction.
"On lui est redevable que l’ONU n'ait pas explosé sous Trump, ce qui aurait pu être le cas. Ce n’est pas assez mais ça sera le défi du second mandat", prédit un diplomate issu de l'un de ces cinq pays. "Il a eu du mal à peser pour résoudre des crises mais ses prédécesseurs ont-ils fait mieux?", ajoute une autre source, également sous anonymat.
Sans levier majeur face aux grandes puissances qui continuent à se livrer souvent des guerres par procuration, Antonio Guterres s'est investi dans la lutte contre le changement climatique.
"Nous ne pourrons pas atteindre nos objectifs face au changement climatique si nous n'avons pas une approche combinée des trois domaines" que sont les océans, la pollution et la biodiversité, où l'absence de progrès est flagrante, relevait-il récemment.
Face au Covid-19, il a souvent trouvé les mots justes comme lanceur d'alertes sur les ravages en cours et à venir de la pandémie. Mais là aussi, sa marge de manoeuvre est restée limitée face à des nations qui ont préféré le repli individuel plutôt que la coopération face à un ennemi commun.
Les critiques les plus virulentes à l'égard de l'ex-Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés (2005-2015) viennent d'ONG qui lui reprochent de ne pas en faire assez sur les droits humains. Lui s'en défend, assurant en privé en faire bien davantage dans les réunions de dirigeants que ces derniers.
Pour Kenneth Roth, directeur de l'ONG Human Rights Watch, "le premier mandat de Guterres s'est traduit par son silence public sur les violations des droits humains commises par la Chine, la Russie et les Etats-Unis". Il "devrait utiliser les cinq prochaines années pour devenir un ardent défenseur des droits" comme il a commencé à le faire pour le Bélarus et la Birmanie depuis le coup d'Etat, a-t-il ajouté dans un communiqué.