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Sebta entrouvre sa porte aux travailleurs de la région
Des travailleurs marocains se rassemblent avec leurs permis de travail lors d'une manifestation réclamant le droit d'accéder à Sebta sans visa, au poste de passage de Fnideq, le 31 mai 2022. (Photo de FADEL SENNA / AFP)
Quid avec AFP
Madrid a entrouvert mardi aux travailleurs marocains les points de passage aux villes occupées de Sebta et Melilia, dans le nord du Maroc, après deux ans de fermeture et la réconciliation diplomatique entre les deux pays.
L'accès aux deux territoires occupés restera toutefois réservé en priorité aux Marocains "en situation régulière", soit environ 230 personnes, en grande majorité des employées de maison, selon les autorités d’occupation espagnoles.
Entre 35 et 40 travailleurs marocains qui ne sont pas encore en règle pourront néanmoins entrer à Sebta chaque jour à partir de mercredi pour demander un visa à l'administration espagnole.
Mardi matin, des dizaines de femmes se sont rassemblées près du point de passage de Fnideq pour protester contre la décision de Madrid.
Elles brandissaient leurs permis de travail en scandant "Non au visa".
"Je manifeste aujourd'hui car je souhaite avoir accès à Sebta pour retrouver du travail. Pendant longtemps, les transfrontaliers entraient sans visa", proteste auprès de l'AFP Latifa, une nourrice qui a travaillé 15 ans durant dans la ville occupée.
En mars 2020, avant la pandémie de Covid-19 et la fermeture des seules des deux villes, près de 4.400 marocains accédaient aux villes occupées, selon des chiffres officiels espagnols.
"injuste"
Nombre d'entre eux qui ont vu leurs visas périmés après la fermeture des passages doivent désormais en solliciter de nouveaux auprès de consulats espagnols au Maroc.
Leur syndicat a qualifié cette obligation d'"injuste" et dénoncé le "silence’’ des autorités marocaines.
Les Marocains de cette province réclament aux gouvernements marocain et espagnol de les laisser entrer à Sebta et Melillia afin de "chercher un emploi" ou "régulariser leur situation auprès de leurs employeurs", d'après les témoignages recueillis à Fnideq.
Les points de passage avaient rouvert le 17 mai mais uniquement pour les détenteurs de passeports et de visas des pays de la zone Schengen.
Parallèlement, les autorités marocaines ont interdit la reprise de la contrebande, tolérée jusqu'à l'automne 2019 entre Sebta et Fnideq.
Si ce trafic irriguait l'économie locale, il privait le Maroc d'importantes recettes: entre six et huit milliards de dirhams (550-750 millions d'euros) chaque année.
Afin d'y mettre un terme, les autorités avaient fermé en 2019 les points de passage dédiés aux porteurs de marchandises détaxées entre Sebta et le reste du territoire marocain.
Pour compenser, les autorités marocaines ont inauguré en février dernier une zone d'activités économiques (ZAE) à Fnideq, qui devrait permettre la création de plus de 1.000 emplois directs.