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Trois heures d’entretiens Bourita -Blinken
Le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, s'exprime lors d'une conférence de presse avec le secrétaire d'État américain Antony Blinken, au ministère des Affaires étrangères à Rabat, le 29 mars 2022.
Le secrétaire d'Etat américain, Antony Blinken, s’est efforcé, selon l’expression de l’AFP, à resserrer le partenariat stratégique qu'entretient Washington avec le Maroc et les Emirats arabes unis, à l'occasion d'une visite mardi à Rabat, sur fond de tensions au Maghreb et dans le Golfe.
M. Blinken a été reçu pendant près de trois heures par son homologue marocain, Nasser Bourita, au lendemain d'une rencontre inédite en Israël avec cet interlocuteur et trois autres ministres arabes.
Les deux chefs de la diplomatie ont abordé la guerre en Ukraine et ses conséquences alimentaires "désastreuses", la sécurité bilatérale et régionale, la normalisation accélérée entre le Maroc et Israël et les droits humains.
S'agissant du conflit ukrainien, Antony Blinken a émis des doutes sur le "réel sérieux" de la Russie après l'annonce d'avancées "substantielles" dans les négociations entre Kiev et Moscou à Istanbul.
"Il y a ce que dit la Russie et ce que fait la Russie. Nous nous concentrons sur ce qu'elle fait", a déclaré M. Blinken, lors d'une conférence de presse au côté de son homologue marocain.
Le secrétaire d'Etat a d'autre part assuré que Washington examinait les moyens "d'aider à réduire" l'impact socio-économique du conflit, face à la flambée des matières premières et le risque de pénurie de blé, "en particulier sur les populations les plus vulnérables".
Selon le département d'Etat, la visite de M. Blinken a pour cadre le renforcement d'"un partenariat stratégique enraciné dans des intérêts communs en faveur de la paix, la sécurité et la prospérité" de la région.
Comme attendu, le dossier du Sahara, la priorité de la diplomatie marocaine, a figuré en bonne place au menu de l'entretien avec M. Bourita.
M. Blinken a réitéré le soutien américain au plan d'autonomie -- "sérieux, crédible et réaliste" -- présenté par le Maroc pour régler le "différend" qui l'oppose à Alger.
Il a parallèlement fait part de l'appui de Washington à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Staffan de Mistura, et au "processus politique" sous l'égide des Nations unies.
De son côté, Nasser Bourita a exhorté l'Europe à "sortir de la zone de confort dans laquelle des gens soutiennent seulement un processus sans soutenir une solution" et, à l'instar de l'Espagne récemment, à endosser l'initiative d'autonomie sous souveraineté marocaine.
- "Conversation stratégique" -
Toujours au Maroc, Antony Blinken devait encore rencontrer en fin d'après-midi le prince héritier d'Abou Dhabi et dirigeant de facto des Emirats arabes unis, Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dont les relations avec son traditionnel allié américain ont été "mises à l'épreuve" après une série de désaccords.
L'entrevue, dans la résidence du prince près de Rabat, offrira "une occasion d'avoir une vraie conversation stratégique sur toute une série de problèmes sur lesquels nous travaillons ensemble, au niveau régional et global", a précisé M. Blinken.
Comme Israël, les Emirats et le Maroc font front commun contre l'Iran, tandis que les Etats-Unis cherchent à relancer l'accord international sur le nucléaire conclu en 2015 avec Téhéran et censé l'empêcher de se doter de la bombe atomique en échange de la levée de sanctions internationales.
En outre, les Emirats font partie d'une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite, qui vient en aide depuis 2015 au gouvernement du Yémen, en guerre contre les rebelles Houthis, proches de l'Iran.
Le secrétaire d'Etat américain achèvera sa tournée régionale mercredi par une étape en Algérie, rivale du Maroc en Afrique du Nord et alliée de la Russie.
A Alger, il doit poursuivre ses discussions sur la coopération sécuritaire régionale -- en particulier au Sahel -- et la crise ukrainienne.
Il pourrait aussi évoquer la réouverture du gazoduc Maghreb-Europe, qui permettrait de réduire la dépendance des pays de l'Union européenne au gaz russe.
Ce pipeline desservant l'Espagne et transitant par le Maroc a été fermé en octobre par l'Algérie à la suite de la rupture de ses relations diplomatiques avec Rabat en août 2021.
Plan marocain d'autonomie: la position américaine est constante
La position américaine au sujet de l'initiative marocaine d'autonomie au Sahara est constante depuis plusieurs administrations US, a indiqué mardi le ministre des Affaires étrangères, de la coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, Nasser Bourita.
A ce propos, M. Bourita a rappelé le message adressé à SM le Roi Mohammed VI par le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, dans lequel l'Espagne considère l'initiative marocaine d’autonomie comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend autour du Sahara, faisant état d'une "évolution positive que nous saluons et qui balisera la voie vers une nouvelle page dans le registre des relations entre les deux pays".
Nullement "isolée", la position espagnole s'inscrit dans une dynamique internationale de soutien à l'initiative marocaine d'autonomie comme solution réaliste et crédible du différend artificiel autour du Sahara, a poursuivi le ministre, affirmant que cette position est également "celle des États-Unis d'Amérique, de la France, de l'Allemagne et de plusieurs pays arabes et africains".
Il est temps pour l'Europe de sortir de sa "zone de confort" en lien avec ce conflit, car "l'appui d'un processus visant à trouver une solution à un différend n'est guère un appui à son règlement", a soutenu M. Bourita, ajoutant qu'il "est facile de dire qu'on soutient ce processus alors que ce dernier pourrait durer des décennies".
"L'essentiel en cette étape est de passer à des efforts orientés vers l'appui de l'initiative d'autonomie sous souveraineté marocaine comme solution du différend artificiel autour du Sahara", a-t-il conclu.