Tunis : Rush sur les magasins le matin, ville morte le soir

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Tunis - L'annonce vendredi dernier par le chef de gouvernement de mesures de prévention pour éviter la propagation de l’épidémie du coronavirus a fini par créer un sentiment d’inquiétude mêlé de panique.

Les mesures préventives urgentes décidées dans la foulée contre le coronavirus COVID-19 consistent en la fermeture définitive des frontières maritimes avec tous les pays et des frontières aériennes avec l'Italie, ainsi qu'en la suspension des activités éducatives, culturelles, sportives et religieuses.

Elles consistent également en la suspension des congrès scientifiques dans tout le pays, la fermeture des cafés et des restaurants à partir de 16h00 (heure locale), des cours au sein des jardins d'enfants et les garderies ainsi que les établissements scolaires et universitaires publics et privés jusqu'au 4 avril 2020.

Ces décisions, qui semblent prendre les Tunisiens au dépourvu et qui pourront être prolongées ou abrégées, selon l'évolution de la situation dans le pays sont peut être derrière le grand rush vers les commerces pour constituer des stocks en divers produits de première nécessité en prévision d’une aggravation de la situation.

En dépit des grands efforts fournis à travers tous les supports médiatiques pour faire de la prévention et tenter de rassurer les Tunisiens, les résultats sont loin d’être probants.

Même si le nombre de personnes déclarées atteintes par le virus reste faible (20 à la journée du dimanche 15 mars) et les messages diffusés mettant l’accent sur le fait que la situation reste sous contrôle, de nombreuses personnes revenues de pays où existent des foyers d’épidémie restent récalcitrants au confinement.

Toutes ces évolutions inattendues ont fini par changer le rythme de vie des Tunisiens partout où ils sont. Le jour, les Tunisiens se ruent vers les grandes surfaces pour faire le plein de provisions. Des rayons entiers sont dévalisés et l’approvisionnement semble avoir du mal à suivre une demande qui va crescendo d’une population gagnée par la peur. La peur de voir toute activité paralysée par l’imposition d’une quarantaine obligatoire pour toute la population pendant une période indéterminée, comme c’est le cas actuellement en Italie, a marqué le comportement des citoyens ordinaires qui transforment leurs craintes en une véritable fièvre acheteuse.

Dès l’ouverture des magasins le matin, une véritable razzia des produits alimentaires de base s’opère (lait, sucre, semoule, pâtes alimentaires, riz, tomates concentrée, viandes et volailles, œufs).

En dépit de toutes les assurances de l’existence d’importants stocks en divers produits, rien n’y fait. Les citoyens apeurés achètent tout ce qu’ils trouvent dans les étals provoquant des pénuries et favorisant des pratiques frauduleuses dont l’augmentation irraisonnée des prix de certains produits.

Subitement, l’activité se réduit à sa plus simple expression

Une fièvre acheteuse qui cache une inquiétude d'un éventuel prolongement des mesures restrictives, d’une aggravation de la situation sanitaire, d’une pénurie et surtout d’un confinement obligatoire que de nombreux ont du mal à supporter.

Pourtant, le ministre du Commerce, Mohamed Msilini, a assuré que "la Tunisie dispose des quantités de produits alimentaires de première nécessité suffisante pour faire face à la crise du Coronavirus".

Pour lui, "la frénésie n’a pas lieu d’être. Cela ne sert à rien de stocker des produits dans vos maisons car le marché sera approvisionné normalement".

Les services en charge de l’approvisionnement du pays ont remarqué une pression inhabituelle sur certains produits de base à l’instar des pâtes, du couscous, de semoule, la farine, du sucre, l’huile végétale, des tomates en conserve, du lait, l’eau minérale, des détergents et surtout du gel hydro alcoolique.

Pour la volaille, le ministère du commerce a annoncé une production de 11.000 tonnes pour le mois de mars. Une tendance qui restera stable pour les mois à venir. La production d’œufs est estimée à 150 millions unités le même mois avec en sus un stock estimé à 30 millions œufs. Pour le lait, un stock de 26 millions de litres est constitué.

A une activité débordante pendant le jour, la capitale se transforme dans la soirée en une ville fantôme, où les rues sont désertées et tout semble marcher au ralenti.

Subitement, l’activité se réduit à sa plus simple expression. Ceux qui se hasardent à sortir après le coucher du soleil se dirigent soit au commerçant du coin ou à la pharmacie en service, rarement pour autre chose.

Calfeutrés dans leurs maisons, les Tunisiens n’ont pas l’embarras du choix. Tout est fermé à partir de 16h00, cafés, restaurants, lieux de loisirs. Le confinement presque forcé des Tunisiens dans leurs maisons donne la pleine efficacité aux mesures annoncées vendredi soir par le chef du gouvernement, qui a fait un appel pressant au respect scrupuleux des règles de prévention seules à pouvoir stopper toute propagation rapide de ce virus.

Dans un tel environnement indécis, le ministère de la Santé ne cesse de tirer la sonnette d’alarme quant aux dangers de transgresser les indications de confinement.

"On fait de notre mieux, mais il faut que les gens soient responsables et respectent les mesures d’hygiène et d’isolement préconisées. Nous savons que nous avons des moyens limités en cas de propagation, donc nous faisons tout pour anticiper", rappelle Chokri Hammouda, directeur général des soins de santé de base au ministère.

 

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