Chabater

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Chabater est un barbarisme dérivé de Chabat, nom propre, enfin pas très, Hamid de son prénom et secrétaire général de l’Istiqlal de par sa fonction. Ce verbe du premier groupe que l’Académie française a tout intérêt à intégrer dans ses dictionnaires est une forme d’onomatopée qui entrechoque les lettres de l’alphabet pour faire du bruit.

Polysémique, il peut signifier la chose et son contraire et le contraire de son contraire. Il n’a aucune antinomie. Et s’inscrit profondément dans la versatilité et l’instabilité.

Il résume bien et exprime parfaitement l’état d’une personne qui s’emmêle perpétuellement les pinceaux en même temps qu’elle ne sait jamais où donner de la tête.

Chabater c’est l’art de se faire reprendre en l’espace de quelques semaines par le ministère des Affaires étrangères et le ministère de l’Intérieur. De déclarer dans une conjoncture sensible la Mauritanie marocaine et accuser « l’Etat profond » sans le soupçon d’une preuve de vouloir attenter à l’intégrité physique du secrétaire général de l’Istiqlal, avant de se perdre en conjectures et rétropédaler dans l’urgence.

Chabater c’est qualifier dans une séance parlementaire télévisée Benkirane d’agent du MOSSAD et de DAECH et lui trouver juste après les élections toutes les vertus du monde. Lui donner le bon Dieu sans confession pour faire équipe avec lui au gouvernement alors que trois ans auparavant tu as fait des pieds et des mains pour en déloger tes « partisans ».  

Chabater c’est déclarer sa loyauté indéfectible au PJD et à Abdalilah Benkirane et, à la première occasion - l’élection du président de la Chambre des représentants - leur faire faux bond et boycotter le scrutin. Dénoncer dans le journal porte-parole du parti l’unilatéralisme de la décision du chef du gouvernement de voter blanc et le lendemain déclarer que l’article n’exprimait que le point de vue de son auteur alors qu’il n’était même pas signé.

Chabater, s’il a un synonyme, c’est saboter pour saboter, prier Dieu tout en flirtant avec le diable et barboter en politique tout en se prenant au sérieux.