Chabat et Benkirane dans : Le roitelet et l’hubris

5437685854_d630fceaff_b-

Captures d’écran des vidéos de Hamid Chabat et de Andalilah Benkirane

1
Partager :

http://www.quid.ma/uploads/details/naim-kamal20.jpg

Sur la vidéo, deux rangées de jeunes supporters, de chaque coté à l’entrée d’une villa apparemment cossue de Fès, accueillent Hamid Chabat sur les sons de la bande originale de Christophe Colomb de Ridley Scott. Si ce n’est pas à la découverte de l’Amérique que part l’ancien secrétaire général de l’Istiqlal en rupture de ban, les conquistadors ayant déjà fait le boulot, c’est à la reconquête de la capitale spirituelle qu’il s’attelle. Ainsi va Hamid Chabat aux élections, comme on va à une circoncision. 

Le décor y est. La lumière diffuse, probablement matinale, le lait et les dattes et cette atmosphère mi protocolaire mi festive qui y règne. Seul le saxophoniste qui se substitue aux traditionnels « tbale wa l’ghita » fait exception. Une circoncision mise à jour en quelque sorte.

Le saxophoniste reprend à son compte et pour le compte de son candidat l’air de la bande originale de Christophe Colomb. Hamid Chabat est dans le rôle. Il salue de petites inclinations de la tête, bien campé au milieu de cette mini foule. Toujours aussi enivré par sa folie des grandeurs, celle qui perd d’habitude les roitelets. Roitelet n’est pas, comme pouvez le croire, «le roi peu important », mais « l’oiseau passereau plus petit que le moineau ». Avec lui le spectacle est toujours assuré, amusant à défaut d’être drôle ou marrant. 

Plus Icare que jamais

On rit moins avec Abdalilah Benkirane, coupable au même moment d’une sortie facebookienne. Curieux, comme le destin de ces deux hommes se recoupe. En dehors de leur rapport à Fès, ils ont ceci en commun : Hamid Chabat prenait bruyamment la tête de l’Istiqlal en 2012 presque simultanément avec l’émergence en puissance de Abdalilah Benkirane sur le dos du mouvement du 20 février. Ensemble, ils prendront la porte de sortie en 2017, l’un débarqué de la chefferie du gouvernement, l’autre du secrétariat général de l’Istiqlal. De pair, ils ne se résoudront pas à la retraite. 

Dans un hubris différent, le live de l’ancien chef de gouvernement, fait d’injonctions, est peuplé de cassandres. Abdalilah Benkirane encore plus Icare que jamais fonce dans ses dédales de prédilection, l’anathème qu’il jette sur tout ce qui bouge, les journalistes, les artistes et sa bête noire du moment, son pote avec lequel il avait entretenu des relations aigre-doux - de miel et de beurre rance, selon son expression - : Aziz Akhannouch.  

Drapé dans sa gandoura, dénigrant tout ce qui n’est pas lui, il arbore l’air méchant des mauvais jours. Derrière lui sa sempiternelle photo avec Abdellah Baha, qui en dit plus qu’il n’en faut sur ses fidélités, ses loyautés et ses allégeances. Son discours est décousu de fil blanc, manipulant gauchement les allusions qu’il transforme en affirmations. Il vocifère sans raison, accuse sans preuves, diffame sans retenue. Sans craindre Dieu au nom duquel il se croit autorisé de sentencier, il se déjuge et juge l’homme lui déniant toute qualité. Enorme !  

Le silence-aveu

Ce qu’il déteste chez Aziz Akhannouch ? Ce que lui-même a toujours cherché et relativement obtenu, l’argent. Il use et abuse de cette démagogie des extrêmes qui veut que l’argent est forcément sale alors même qu’il sait qu’il est à la fois le nerf de la guerre et indispensable à la paix. 

Abdalilah Benkirane reproche à Aziz Akhannouch d’avoir opté pour les communales plutôt qu’aux législatives, à ses yeux plus difficiles, faisant mine d’ignorer, ou peut-être ignorant que la gestion communale est plus engageante et autrement plus compliquée que la sinécure de la représentation nationale. Chemin faisant, il aurait pu nous dire pourquoi le président sortant de la Commune de Fès, son protégé Driss El-azami El-idrissi, ne s’est pas présenté aux communales pour défendre son bilan et s’est réfugié dans les législatives. Ou encore les raisons qui l’ont poussé, lui, à ne pas se représenter. De crainte de se ramasser ou de peur, s’il est élu, de perdre sa royale retraite ? Deux silences qui résonnent comme des aveux. 

En définitive, la sortie de Abdalilah Benkirane prêterait tout au plus à des ricaneries si une fois de plus, qui est une fois de trop, il ne s’est pas présenté comme le sauveur de la monarchie et le garant de sa pérennité. A croire qu’à lui seul, il est la révolution du roi et du peuple en streaming.