Créer un million d'emplois, une proposition crédible – Par Adnan Debbarh

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Aziz Akhannouch dans un meeting à Oujda en janvier 2017

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Les partis politiques ont eu pour habitude à la veille de chaque élection de présenter des programmes gorgés de promesses difficilement réalisables. Cette fois les choses se corsent du fait de l'existence d'un travail préalable et crédible qui trace les grandes orientations et modère les rêveries. Le NMD rend la tâche ardue aux partis politiques en leur laissant peu de marge en termes de promesses nouvelles, il a fait le tour des chantiers, les obligeant à apporter une valeur ajoutée à un travail déjà riche.

Le RNI a été le premier parti à sortir son programme. Acte courageux. Il s'expose à la concentration de critiques et au cannibalisme des idées, courant entre les partis.

Sur les priorités le RNI reprend pour l'essentiel, celles du NMD : éducation, santé et emploi. 

C'est sur ce dernier volet, l'emploi, que le RNI a fourni le plus d'efforts. 

Il promet un million d'emplois sur cinq ans. D'aucuns diront qu'ayant géré les secteurs productifs - agriculture, industrie et une partie des services - pourquoi ses résultats n'ont pas été probants jusqu'à présent. Soyons compréhensifs et gageons sur une capitalisation des expériences. 

Que propose le RNI. Créer 750 mille emplois entre l'agriculture et l'industrie, le reste 250 mille par une politique keynésienne de travaux de mise à niveau des infrastructures, petites et grandes.

L'agriculture part d'une base, le programme lancé par le Roi de la titrisation de plus d'un million d'ha de terres collectives. Cela permettre la création et la sédentarisation d'un nombre conséquent de jeunes qui partaient vers les villes. 

A terme une classe moyenne peut se constituer.  

Un autre gisement d'emplois peut être exploité dans l'agriculture, le développement des territoires. C'est le principal chantier des années à venir. 

Jusqu'à présent l'exploitant agricole vend son produit à l'état brut, laissant une partie de la valeur ajoutée lui filer entre les doigts. La batterie de nouveaux crédits mis à sa disposition lui permettra une première valorisation in situ. Il aura besoin aussi d’un encadrement et d'une logistique. C'était un des chainons manquants qui sera activé par la loi sur la régionalisation, mise en place.

La Région va être la cheville ouvrière de tout développement du territoire en mettant en relief sa vocation, en fédérant ses acteurs et en dégageant ses synergies.

La multiplication des centres de formation vont apporter un autre élément déterminant pour le développement. 

Organisation du territoire, exploitants agricoles et centres de formation voilà le triptyque sur lequel se base le programme du RNI. Sachant que le financement est déjà disponible. Le programme que propose le RNI sur ce volet comporte plusieurs avantages : valorisation, sédentarisation, création de la classe moyenne agricole à travers une densification des TPE/PME agricole. Rappelons qu'en Italie la classe moyenne est composée de dirigeants de TPE/PME. 

L'industrie au Maroc a déjà à son actif de belles réalisations, le RNI propose de passer à la vitesse supérieure. Développer les écosystèmes existants, accroitre leur compétitivité, décarboniser la production, créer d'autres écosystèmes, pas nécessairement dans les métiers mondiaux, attirer les investissements étrangers. Sur ce volet la maitrise est acquise. 

Deux autres actions peuvent aider la croissance industrielle, une gestion plus rigoureuse des accords de libre-échange et la substitution des importations. Le cas turc a été assez parlant, un ALE qui a failli démolir un secteur en entier. Il ne faut pas que les ALE soient un frein au développement de l'industrie nationale. L'objectif de produire localement 30% de nos importations peut être un gisement d'emplois importants. 

Les politiques de relocalisations des Européens de la Chine et de délocalisation des Chinois sont une opportunité pour notre industrie et notre export, vu notre positionnement géographique.

Le RNI capitalise sur son expérience dans l'agriculture et l'Industrie. Il souhaite aussi capitaliser sur sa présence dans le tourisme et on lui prête l'intention de prendre en charge le portefeuille de l'habitat. Le secteur des services est un grand pourvoyeur d'emplois et va aider à atteindre l'objectif tracé. 

Il faut reconnaitre la nécessité d’un brin d'audace pour proposer la création d'emplois à travers une politique de travaux à la sauce keynésienne. Ce sont 250 mille emplois qui seront créés. Cette proposition aurait semblé farfelue avant Corona, elle ne l'est plus. Plusieurs pays ont opté pour cette forme de relance quitte à s'endetter.

Aucun parti politique n'a accumulé l'expérience du RNI dans les secteurs productifs, ce qui rend sa promesse de 1 million d'emplois crédible. 

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