Faudrait-il stériliser les femmes et castrer les hommes africains pour faire plaisir à Macron ?

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Confinement, jour 18 – Séquence 2.

On s’est quittés à la première séquence sur Mao Tsé Toung rejetant par un aphorisme d’une logique implacable sur la politique de limitation des naissances : « Une bouche supplémentaire à nourrir c’est deux bras pour travailler. » Arithmétiquement ça se tient, sans toutefois tenir compte de la réalité démographique de la Chine Populaire et je ne sais pas si Karl Marx, antérieur à Mao, qui a érigé la praxis en dogme, aurait validé l’approche maoïste. Ahmed Herzenni, l’un des fondateurs du mouvement maoïste au Maroc, me fait remarquer qu’on « oppose souvent Deng Xiaoping(qui est revenu sur cette approche NDLR) à Mao. C’est complétement erroné. Mao était pour les quatre modernisations, seulement il espérait en neutraliser à l’avance les effets idéologiques… »

Les quatre modernisations étaient en débat au sein du Parti communiste chinois depuis belle lurette, mais ne trouvèrent leur voie à l’application qu’en 1978, deux ans après le décès de Mao. Je suis donc obligé de faire confiance à Ahmed Herzenni, sachant qu’il est difficile de savoir comment aurait tourné la confrontation idéologique autour des quatre modernisations qui se rapportaient au développement simultané de l’agriculture, de l’industrie, de la défense nationale et des sciences et technologies. Leur mise en place est en grande partie à l’origine du réveil Chionis prédit par le ministre français de De Gaulle, Alain Peyrefitte, dans son essai QUAND LA CHINE S’EVEILLERA

C’est dire que toute affirmation, dans un sens comme dans autre, à ce sujet, relèverait de la pure spéculation rétrospective.

A près de 50 ans de distance, ce mini débat de confinés peut sembler superfétatoire et d’une certaine manière il l’est. Ce n’était pas la finalité de l’évocation de Mao, l’objectif étant de soulever la problématique démographique qui a tenu en échec tous les malthusiens du monde. C’est une vidéo circulant sur le Net de Nicolas Sarkozy qui a relancé en plein crise sanitaire la controverse. Dans tous ses états, il y gémit sur l’explosion démographique qu’a connue le monde depuis la naissance en 1954 de l’ancien président français. De 2,5 milliards d’habitants, la population mondiale est passée en 60 ans à 7, 7 milliards et sera de 11 milliards à la fin du siècle. ‘’n’’fois plus que ne peut supporter la terre, hurle en substance Nicolas Sarkozy. Si on ajoute à ces propos, la sortie de son sur-successeur en juillet 2017 en marge du G20 sur la fécondité excessive des femmes africaines, « 7 à 8 enfants par mère » s’était plaint Emmanuel Macro, on achève le tableau de la grande conspiration contre les maillons faibles de planète.

Décroissance démographique ou partage des biens

De là à voir dans le coronavirus et toutes les polémiques autour des vaccins armes de destruction massive tendant à ‘’dénataliser’’, pour ne pas dire ‘’génocider’’ la riche Afrique, il n’y avait qu’un cheveu qui a été allègrement coupé. D’habitude je ne suis pas hostile au conspirationnisme, mais dans les limites du raisonnable et du vraisemblable. L’indépassable lutte des classes à l’intérieur des sociétés et le télescopage des intérêts entre les États génèrent indéniablement des machinations hautement vicieuses et des manipulations particulièrement sophistiquées pour maintenir la domination d’une classe sur l’autre à l’échelle nationale et d’une ou plusieurs puissances sur les Etats tiers à l’international. Sur cette réalité complexe, la pandémie qui a envahi le monde est en train de jeter une lumière crue : Elle a induit un peu partout là où il était vilipendé, le retour de l’Etat régulateur qui met à mal les concepts néolibéraux. Elle révèle aussi une compétition entre les pays qui n’hésitent pas à flirter avec la mesquinerie et les égoïsmes les plus vils tels que mis à nus par la foire d’empoigne sur l’importation des masques et la course contre la montre des laboratoires pour la découverte d’un vaccin. Les solidarités des grands ensembles cèdent devant le retour de l’Homo sapiens à ce que Rousseau a appelé « l’état de nature », pas forcément mauvais, mais sans règles ni lois.

Dans l’étrange ambiance du confinement et d’un monde à l’arrêt, nombre d’illuminés ont vu dans le coronavirus l’avènement de l’antéchrist ou l’apparition du Mehdi l’Attendu annonçant le jour du dernier jugement. N’en déplaise aux millénaristes de la planète, en l’état actuel des connaissances et sauf mutation qui aggraverait son infectiosité et sa contagiosité, l’humanité n’est pas menacée dans son existence par le coronavirus. L’apocalypse n’est pas pour demain. A en croire les sachants, dans plus de 80% des cas le Covid-19 est bénin quand il n’est pas asymptomatique. « Seulement » entre 1 et 6 %, selon les pays, en décèdent. La moyenne d’âge des victimes qui en meurent est autour de 80 ans dans les pays les plus touchés en Europe et 66 ans chez nous, ce qui épouse tout-à-fait convenablement le niveau de développement de chaque contrée.

Dans les propos de Nicolas Sarkozy et surtout la sortie d’Emmanuel Macron fustigeant la fécondité des Africaines qui ne permettrait aucune stabilité de l’Afrique quel que soit le nombre de milliards que l’on injecterait dans ces pays, il y a un relent de colonialisme et une morgue de dominant insupportables. Et surtout un procédé pernicieux d’inverser la dialectique explosion démographique/effets sur le climat. Si bien que le problème écologique ne serait plus dans les modes de production et le consumérisme des pays développés menés par l’Occident, mais dans la procréation excessive des Africaines, et par extension celle des pays en développement qui disputeraient à l’espèce porcine ses records de fécondité.

Le problème démographique n’en reste pas moins réel. Sur les 7,7 milliards de personnes que compte le monde, la Chine et l’Inde avec près de 3 milliards représentent plus du quart de la population mondiale, l’Europe et les États Unis qui en sont à près de 1, 2 milliards un peu plus du 1/7ème juste derrière l’Afrique qui en est à 1,3. Dans ce surpeuplement, le talon d’Achille du continent africain, malgré ses richesses convoitées, se loge dans ses classements aux derniers rangs de toutes les rubriques de développement. Si l’on applique une lecture marxienneque chacun pratique aujourd’hui comme Jourdain faisait de la prose, le matérialisme historique, à ce qui se passe autour de nous, les Africains que nous sommes ont de bonnes raisons de nourrir des angoisses. Le passé colonial et le présent néocolonial de l’Occident ne sont pas de nature à nous rassurer. Les Africains qui développent des peurs sur les intentions des Occidentaux d’opérer sur eux - à travers les médicaments ou les vaccins, ou par leur stérilisation systématique - un génocide incolore et inodore, ne sont pas tous des conspirationnistes invétérés ou des psychopathes paranoïaques. 

Reste que la réalité démographique pour malheureuse qu’elle est, ne devrait pas dispenser l’Afrique de réfléchir à son développement en relation avec le surpeuplement, même si les taux de fécondité sur le continent varient d’un Etat à l’autre. L’inde a pratiqué la stérilisation forcée des femmes tandis que la Chine a imposé la politique de l’enfant unique qu’elle assouplit actuellement sous des conditions sévères. Sur le continent, l’Afrique du Sud est soupçonnée de pratiquer la stérilisation à l’insu des femmes cependant que d’autres pays, comme le Maroc, ont très tôt mis en œuvre un politique dite de planification familiale. Une fois dite, conclusion ne saurait suffire. Un constat tout aussi pertinent s’impose : Plus les indices de développement d’un pays sont élevés plus son taux de fécondité est bas. A l’intérieur des pays en développement, plus une famille est instruite et aisée moins elle fait d’enfants. C’est cette donne que devrait intégrer Emmanuel Macron dans sa réflexion avant de parler de la fécondité des femmes africaines. Elle induit la notion de partage. Mais c’est une tout autre paire de manches. (A suivre)