IRES : LE MAROC STRATEGIQUE 2021 - Par Mustapha SEHIMI

5437685854_d630fceaff_b-

31 juillet 2021, le Roi Mohammed VI au Palais Royal de Fès, Une nouvelle vision du monde avec ces axes structurants se dégage. Le premier d’entre eux est celui de la nécessaire sauvegarde de la souveraineté - le Souverain n’a pas manqué d’y faire expressément référence dans son discours devant le Parlement, le 8 octobre courant.

1
Partager :

 

http://www.quid.ma/uploads/details/musss2.jpg

L’institut Royal d’études stratégique (IRES) vient de publier son rapport stratégique 2021 intitulé : « Vers un nouveau monde post-Covid ? » La problématique mondiale depuis mars 2020 ? Une recette unique n’existe pas : tant de grandes puissances ont dû faire face à des contraintes qu’elles ne sont pas-encore arrivées à surmonter. 

Ce qui prévaut en effet n’est-ce pas toujours l’incertitude et les voies hasardeuses de l’anticipation. L’impact est global. L’état des lieux est fortement préoccupant avec un tel passif : récession de l’économie mondiale, crise de nombreux secteurs d’activité (tourisme, transport aérien, automobile,…). Il faut y ajouter d’autres aspects, notamment l’aggravation du chômage, l’extension de la pauvreté, l’accentuation des inégalités sociales et territoriales. De quoi mettre à nu les insuffisances des politiques publiques ainsi que les fragilités structurelles qui les traduisent. A cet égard, la situation dans le secteur de la santé a été un révélateur - une sorte de précipité et de condensé - de ce qui est le passif des années voire des décennies écoulées. La gestion du statu quo n’était plus tenable. Une remise en question profonde s’imposait à l’évidence.

Une nouvelle conscience : formations et ruptures

Mohamed Tawfik Mouline, directeur de l’IRES, note à juste titre dans la présentation de ce rapport que s’est ainsi opérée « l’émergence d’une nouvelle conscience ». Sont décelées dans cette même ligne « les prémisses d’importantes transformations et ruptures ». Celles-ci embrassent les plans géopolitique et économique mais aussi social, sociétal et environnemental. C’est le monde de demain : il est désormais à l’ordre du jour – un paradigme bien distinct de celui d’aujourd’hui. Il appelle de ses vœux à une sortie de cette situation par le « haut » avec une réponse stratégique.

Une nouvelle vision du monde donc avec ces axes structurants. Le premier d’entre eux est celui de la nécessaire sauvegarde de la souveraineté - le Souverain n’a pas manqué d’y faire expressément référence dans son discours devant le Parlement, le 8 octobre courant. Un autre intéresse, lui, l’exigence de transformations radicales tant les besoins, les attentes et les aspirations des citoyens et des peuples sont fortes. En fin, le dernier n’est pas le moins important : il a trait à un replacement et à un recentrage de l’Humain mais aussi de la Nature au cœur du développement – et d’un développement durable.

Faut-il le rappeler ? Dès le début de cette pandémie, le Maroc a pris des mesures immédiates et opératoires. Cette réactivité conséquente, c’est au Souverain qu’on la doit-il était à la barre… Des mesures drastiques ont été prises dans le Royaume alors que tout d’autres pays – et parmi les plus développés ! – se distinguaient par des hésitations et des ambiguïtés éligibles toutes, finalement, à une mal gouvernance mal dissimulée. Le Maroc s’était alors mobilisé sur tous les fronts (état d’urgence sanitaire, confinement général de la population, fermeture même des lieux de culte, mise sur pied d’un comité de veille économique et d’un fonds spécial ad hoc,…). Une politique saluée à l’international et par l’OMS et citée à l’envi comme exemple.

Une vision Royal

Une Vision royale a été définie et mise en œuvre. Au plan économique, une batterie de mesures économiques (allègement des charges sociales et fiscales, soutien de la trésorerie des entreprises, facilitation de l’accès au crédit bancaire ; au plan social aussi : une indemnité mensuelle de 2.000 DH au secteur formel (mars-juin 2020) accordée à plus de 900.000 salariés  affiliés à la CNSS et au secteur informel (800 à 1.000DH) au profit de près de 5.5 millions de ménages, soit une mobilisation d’une enveloppe de 16.5 milliards de DH. C’est également le Pacte pour la relance économique et l’emploi (2020-2021) de 120 milliards de DH, soit 11% du PIB (Programme « Damane Relance » et Fonds Mohammed VI pour l’investissement). Ou encore  le contrat programme 2020-2022 de « Relance du secteur touristique en phase post-Covid. Cette Vision royale se veut un levier essentiel dans le cadre d’une stratégie pragmatique globale, d’une bonne gouvernance, et d’un dialogue social constructif. L’économie post-Covid a sans doute touché les métiers mondiaux du Maroc (industrie aéronautique, industrie automobile). Mais ils gardent encore toute leur attractivité.

Le Maroc post-Covid 2021 ? Une opportunité-contrainte mais à saisir- pour  bousculer une certaine gouvernance, lui donner plus d’efficience, et œuvrer pour des grandes réformes structurelles à accélérer. Une mise à plat de tant de politiques publiques. Une ardente obligation pesant sur le nouveau gouvernement…