Un Cas par Karim : Ce que les Palestiniens m’ont fait apprécier chez les Israéliens

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Digne d’une superproduction, cette affiche dit combien la révolution palestinienne a été une fiction

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Le cas des relations des pays arabes et Israël me pose un vrai problème de compréhension. Jeune, j’étais un fervent défenseur des positions du front de refus. Etudiant, à la fin des années quatre-vingt et le début des années quatre-vingt-dix, je ne voyais d’issue au conflit israélo-arabe que par l’éradication totale d’Israël et des sionistes.

Lors des débats, je pouvais en arriver aux mains pour en découdre avec ceux qui défendaient une autre position que la mienne : celle de livrer une guerre totale, verbale en attendant, à l’Etat hébreu et jeter sa population juive par-dessus bord.

Aucune concession n’était permise, aucun compromis n’était tolérée, aucune nuance ne pouvait passer, aucune questionnement s’était supporté ; peu importe le coût humain, et qu’importe tout autant le coût économique. Il fallait qu’Israël disparaisse, point à la ligne. 

Israël était mon ennemi juré, contre lequel j’étais prêt, vraiment prêt à faire…A faire quoi déjà ? Ah oui, beaucoup de choses, énormément de sacrifices, comme par exemple : Chanter à tue-tête du Marcel Khalifa. Entonner, bras et poings levés du Fairouz. Arborer, été comme hiver, un keffieh. Tapisser les murs de ma chambre universitaire de posters jaunissants de Yasser Arafat, arrachées de Paris-Match ou de Lamalif, arborant fièrement une kalachnikov, nec plus ultra à l’époque du révolutionnaire patenté. De réciter sans me tromper tous les surnoms de dirigeants palestiniens, qui, Croyions-nous, faisaient trembler l’impérialisme et son avatar Israël. Les Abou Ammar, Abou Al Haoul, Abou Iyad, Abou Jihad, Abou Ali et le tristement célèbre Abou Nidal qui nous faisaient miroiter une victoire panarabe A bout portant contre le sionisme et ses supports occidentaux, victoire qui n’est jamais arrivée et que je crois ne viendra jamais, du moins par le biais des armes.

A l’époque, je voyais dans l’assassinat de civiles d’éclatantes victoires militaires. Dans les détournements d’avions de ligne et de bateaux de croisières d’héroïques campagnes stratégiques. Dans les prises d’otages ou les attentats dans les cafés et les métros des actions homériques sans conteste.

Tout à mes fantasmes révolutionnaires, je n’ai pas vu venir en 1993, ces même Abou machin et Abou truc accourir signer un accord de paix avec ces même sionistes que moi j’exécrais, haïssais. Ils leurs donnaient l’accolade, se fondaient en embrassades dont Yasser Arafat était une championne olympique toute catégorie. Ils discutaillaient paisiblement avec l’ennemi autour de bols de cafés chauds, du moins je supposais, toute honte bue. 

Quelques années après, Yasser Arafat, mon héros, mourrait en laissant une femme et des amis s’étripant autour d’une fortune dont, en tout cas moi et bien d’autres comme moi ignoraient l’existence et l’origine. Les dirigeants étaient devenus une smala de courtisans enrichis. La révolution un fonds de commerce qui ne valait pas un rial saoudien falsifié, et la démocratie palestinienne s’est rapidement mué en une guérilla inter palestinienne, faisant autant de morts sinon plus que les bombardements israéliens.   

C’est alors que j’ai rapidement rangé mon innocence avec les posters d’Arafat et les chants révolutionnaires au fond d’un placard de souvenirs à oublier, pour m’assoir, des lustres plus tard, devant ma télé, cuvant sereinement, un bon thé à la menthe sans sucre à la main, les images de la visite du ministre israélien de la Défense Benny Gantz à Rabat, lisant d’un œil distrait une information sur l’hospitalisation d’un haut responsable de l’autorité palestinienne dans un hôpital public israélien.

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