Un nouvel ouvrage d'Abdelkrim Belguendouz pour un nouveau plaidoyer pour la migration – Par Mustapha Sehimi

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" Maroc, réservoir de talents et de compétences... pour l'UE ?’’ (août 2021, 335 p.).

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Infatigable ! Inoxydable ! Abdelkrim Belguendouz, qui a été mon collègue à la faculté de droit de Rabat Agdal durant des décennies, se distingue par un engagement qui ne s'est jamais relâché : celui de la défense des droits de nos migrants. Auteur de nombreux ouvrages sur cette question, il n'a pas baissé les bras, multipliant les enquêtes et les dossiers à telle enseigne qu'il justifie d'une œuvre incontournable pour tous ceux qui se préoccupent de la situation et du statut de nos compatriotes MRE. 

Bretteur infatigable du "politiquement correct" - celui de l'institutionnel en charge- il dérange, secoue bien des approches conventionnelles ; ce qui lui vaut en retour une sorte de marginalisation dans les rangs des "bien-pensants" gérant confortablement leur statut. Il n'en a cure : il continue avec ce nouveau livre : " Maroc, réservoir de talents et de compétences... pour l'UE ?’’ (août 2021, 335 p.).

Ce qui est en débat, ici, c'est ce que prépare l'U E : un nouveau Pacte européen sur la migration et l'asile. Ce document a été rendu public à la fin de septembre dernier, un report de six mois par suite de la Pandémie Covid-19. Quelle justification a été donnée à cet égard ? La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a donné cette explication : "L'ancien système ne fonctionne plus ", le nouveau Pacte "offre un nouveau départ". Il s'agit d' "un système prévisible et fiable de gestion de la migration " regroupant celle-ci dans tous ses aspects: frontières et filtrage, asile et intégration, retour et relations avec les partenaires extérieurs de l'UE.

Voilà qui pose en termes clairs la nature et la dimension du partenariat migratoire euro-méditerranéen. Et pour commencer la recherche voire la "course" aux immigrés qualifiés en Europe et ce au détriment des pays du Sud dont le Maroc. Comme il le note, ce n'est pas là une problématique purement interne à l'Europe mais élargie à la rive Sud de la Méditerranée ainsi d'ailleurs que l'Afrique subsaharienne. Une approche qui voit la migration prendre place au premier rang des priorités de l'UE en matière de relations extérieures ; elle est surtout axée, entre autres, sur la recherche d'une solution aux déplacements irréguliers et non maitrisés des populations ainsi qu'aux questions de retour et de réadmission. 

Le Maroc est intéressé au premier chef par cette question: par le statut de sa communauté émigrée ; par sa politique migratoire d'accueil des immigrés étrangers; par son leadership dans le domaine de la gouvernance migratoire dans le cadre de l'Union africaine; enfin, par la place de la question migratoire telle qu'elle a été appréhendée par le Nouveau Modèle de Développement. Sur tous ces points, Abdelkrim Belguendouz apporte une précieuse contribution. Une interpellation, forte et pertinente. décapante même. Il ouvre et nourrit un débat qui doit être national sur ces trois questions: immigration étrangère et asile au Maroc, Marocains résidant à l'étranger et émigration marocaine vers l'Europe.

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