Casablanca: Des salles de cinéma devenues vestiges, d’autres sous perfusion

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La fermeture des salles et l'abandon de ces espaces comme une perte à la fois symbolique et concrète

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Par Abdellatif EL JAAFARI (MAP)

Casablanca - Dans les différents recoins de la capitale économique, les vestiges de célèbres salles de cinéma qui ont cessé d'exister, trônent encore en stigmates comme pour rappeler, une importante tranche de la mémoire cinéphile de la ville. 'Une belle époque révolue, sans doute à jamais révolue

Les restes de ces salles, qui sont fermées depuis plusieurs années et qui ont diverti des générations de passionnés du septième art, ne sont là que pour accentuer le chagrin des nostalgiques, qui verront d'un bon œil les tentatives de certains cinéphiles de les faire renaitre d'une manière ou d'une autre.

Un problème à transformer en chantier culturel, mais qui s’étend à la plupart des villes où existent des salles de cinéma fermées et devenues des espaces au pire abandonnés, au mieux transformées en centres commerciaux notamment..

Les regards des Casablancais croisent encore les vestiges de certaines salles de cinéma fermées, comme "Saada" et "Farah" à Hay Mohammadi, "Al-Massira" dans le quartier Adil, "Royal", "Mauritania" et "Zahra" à Derb Sultan, "Sahara" à Ain Chock et "Al-Baida" à l'avenue Mohammed VI.

Ecrivain et chercheur universitaire, Azzedine Bounit aborde la fermeture des salles et l'abandon de ces espaces comme une perte à la fois symbolique et concrète, tant il est difficile pour lui de comprendre comment on pourrait dilapider la valeur symbolique que constituent ces monuments et l'histoire qu'ils renferment, partie intégrante de la mémoire collective de la ville.

Pour redonner vie à ces espaces, le phénomène des salles de cinéma abandonnées, estime-t-il doit être traité en tant que composante de la crise urbanistique et pas seulement comme une question qui concerne le secteur des exploitants des salles de cinéma.

Pour sortir le cinéma de sa désolation, il propose la mise en œuvre d'un programme intégré impliquant les villes, les secteurs gouvernementaux concernés et les exploitants pour trouver les moyens de financement des projets de mise à niveau de ces établissements, qui doivent être perçus non seulement comme de simples espaces pour la projection de films, mais surtout en tant que lieux d'animation culturelle, de communication et de sociabilité.

Le marasme provoqué par l'épidémie du nouveau coronavirus a exacerbé la crise qui affecte les exploitants du peu de cinémas toujours opérationnels, ce qui a poussé la Chambre marocaine des salles de cinéma (CMSC) à tirer à nouveau la sonnette d'alarme sur la situation du secteur.

Cette situation, qui a fait l'objet de plusieurs correspondances avec le ministère de tutelle en vue d'œuvrer pour sortir de la crise qui affecte les professionnels du secteur, constitue une menace existentielle pour les salles encore ouvertes et qui pourraient venir garnir à leur tour le cimetière des cinémas fermés.

La CMSC a fait état, récemment, d'une chute des revenus estimée à 85% de chiffre d’affaires annuel pour les exploitants et distributeurs de cinéma entre 2019 et 2020.

"Etant au quotidien en lien direct avec nos employés, nous pouvons témoigner de la très forte précarité dans laquelle ils sont plongés actuellement. Même les allocations familiales et la couverture médicale leur ont été suspendues pendant cette pandémie, les condamnant à une triple peine", a souligné la même source.

D'après un décompte officiel datant de fin 2018, seulement 27 salles étaient encore ouvertes au Maroc. Ces salles "sont au bord de la faillite et se dirigent vers la fermeture", avait alors averti la CMSC, qui déplorait déjà la fermeture définitive de 250 autres.

 

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