Festival de Marrakech: l'Etoile d'or décernée au film palestinien ''Happy holidays''

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Malgré la joie que nous ressentons pour cette distinction, nous nous sentons attristés en raison de toutes les atrocités dont nous sommes témoins, des crimes commis contre notre peuple et l'humanité tout entière",

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Le réalisateur palestinien Scandar Copti a remporté samedi soir l'Etoile d'or, récompense suprême au festival international du film de Marrakech (FIFM) avec son film "Happy holidays". Beaucoup auront compris que ce prix est d’abord dédié au peuple palestinien, à commencer par l’épouse du réalisateur Mana Copi qui a déclaré

"Malgré la joie que nous ressentons pour cette distinction, nous nous sentons attristés en raison de toutes les atrocités dont nous sommes témoins, des crimes commis contre notre peuple et l'humanité tout entière", a déclaré Mona Copti en acceptant le prix à la place de son époux, absent de la cérémonie de clôture du festival.

"Face à notre incapacité, nous nous demandons comment en sommes-nous arrivés là? Comment la déshumanisation est devenue normale? Comment le meurtre, la destruction et le déplacement sont devenus acceptables? Comment avons-nous pu perdre nos repères?", a-t-elle ajouté.

"Nous espérons que le film +Happy Holidays+ réponde à certaines de ces questions en mettant en lumière l'impact de l'endoctrinement sur les sociétés et le comportement des individus en particulier dans des sociétés où les femmes sont encore cadenassées par des coutumes et traditions qui nient avant tout leur liberté personnelle", a plaidé Mme Copti.

Le deuxième long métrage de Scandar Copti est un drame familial durant lequel un simple accident lie le destin de quatre personnages, mettant à nu les complexités des relations humaines face au poids des traditions patriarcales.

Le film a également remporté un double prix d'interprétation féminine pour les actrices palestiniennes Manar Shehab et Wafaa Aoun.

Les autres prix sont allés à   l'acteur ukrainien Roman Lutskyi pour le prix de l’interprétation masculine pour son rôle dans "Under The Volcano" du réalisateur polonais Damian Kocur, qui a également remporté le prix de la mise en scène.

Le prix du jury a été attribué ex-aequo à "La Quinta" de la réalisatrice argentine Silvina Schnicer et à "The village next to paradise" du réalisateur somalien Mo Harawe.

Le jury de cette 21 édition du FIFM, présidé par le cinéaste italien Luca Guadagnino, a réuni notamment les actrices américaine Patricia Arquette et française Virginie Efira, le réalisateur iranien Ali Abbassi ou encore les acteurs britannique Andrew Garfield et australien Jacob Elordi.

Le festival international du film de Marrakech s'est déroulé du 29 novembre au 7 décembre en présence de plusieurs grands noms du cinéma, comme les cinéastes canadien David Cronenberg et américain Tim Burton ou encore l'acteur américain Sean Penn.

Les Ateliers de l'Atlas, un tremplin pour les cinéastes africains et arabes

Le Beldi country club à Marrakech le 2 décembre 2024, où se déroulent les Ateliers de l'Atlas. De jeunes cinéastes d'Afrique et du monde arabe se sont réunis à Marrakech cette semaine pour les Ateliers de l'Atlas. (Photo par AFP)

Ciseler un scénario, rencontrer des producteurs ou distributeurs, les Ateliers de l'Atlas, un programme marocain d'accompagnement de réalisateurs africains et arabes, sont également devenus un tremplin pour certains vers des festivals comme la Berlinale, Cannes ou Locarno.

A la sortie de la ville ocre, un domaine planté de roses et d'oliviers accueille pendant le Festival du film de Marrakech, des talents émergents provenant de 13 pays africains et arabes.

L'ambiance est studieuse mais bon enfant dans l'espace réservé aux consultations individuelles organisées toute la semaine pour les porteurs de 27 projets triés sur le volet.

Babatunde Apalowo, réalisateur nigérian de 38 ans, ressort "les idées changées" d'une séance avec le compositeur tunisien Amine Bouhafa autour de la musique de son deuxième long-métrage. Son film, "In the Shadows of Good Fortune" (non traduit), actuellement en postproduction, explore les normes sociétales pesant sur un couple nigérian.

Non loin de là, le Sénégalais Moly Kane, 38 ans, qui écrit son premier long-métrage, "Ici repose", fait le point avec son producteur, après une série de sessions "très constructives".

Le programme prévoit cinq jours de séances collectives et personnalisées avec des consultants du monde entier.

"Cette plateforme, à portée internationale, a la particularité d'être pensée pour les talents du monde arabe et du continent africain qui ne bénéficient que de peu d'opportunités de ce genre", explique à l'AFP Remi Bonhomme, directeur des Ateliers de l'Atlas qui ont accompagné 152 projets, dont 60 Marocains, depuis leur création en 2018.

Un positionnement qui semble porter ses fruits. En 2024, six films soutenus par ce programme ont été sélectionnés à la Berlinale, dont "La source", de la cinéaste tunisienne Myriam Joobeur. Trois autres films ont été montrés au Festival de Cannes, deux à la Mostra de Venise et un au Festival de Locarno, selon M. Bonhomme.

"Présenter son projet au monde" 

"Les Ateliers de l'Atlas sont un important hub avec une idée centrale intéressante consistant à réunir et connecter" les gens entre eux, souligne la scénariste danoise Valeria Richter, spécialiste du "design d'audience" (stratégie d'identification et ciblage du public).

"Dans le processus créatif, c'est fondamental d'avoir le retour de professionnels ou d'autres participants, ça permet d'avoir du recul sur son projet, de le nourrir et le faire évoluer. Les Ateliers de l'Atlas font partie des rares programmes qui offre cette opportunité en Afrique", détaille Moly Kane, qui espère empocher un des quatre prix du programme, allant de 5.000 à 30.000 euros.

En plus d'une pléiade de consultants, les réalisateurs ont la possibilité de rencontrer les responsables des principaux festivals (Cannes, Venise, Berlinale ou Locarno).

Depuis cette année, ils ont l'opportunité de présenter leur projet à une vingtaine de distributeurs venus de France, d'Italie, du Royaume-Uni ou de Grèce.

"C'est une chance d'avoir accès à autant de professionnels et de pouvoir développer son projet", s'exclame le cinéaste marocain Mohamed El Badaoui, 45 ans, qui cherche de nouveaux partenaires pour son film "Fatwa", une coproduction hispano-marocaine en phase de pré-production.

En parallèle des Ateliers, les cinéastes peuvent aussi rencontrer 300 professionnels (producteurs, distributeurs, chaînes TV, ou de vidéo à la demande comme Mubi) prêts à financer des projets, les coproduire ou les distribuer, réunis à Marrakech pour un Marché de la coproduction, selon M. Bonhomme.

"C'est une très bonne occasion pour présenter mon projet au monde", souligne Babatunde Apalowo qui a remporté un "Teddy award" - récompensant des films traitant des questions LGBTQ+ - à la Berlinale en 2023 avec son premier film "Toutes les couleurs du monde".

Le réalisateur est en quête de fonds additionnels, de distributeurs et festivals où montrer son deuxième opus. (Quid avec AFP)

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