Mi-kung-fu, mi-opéra, la danse des ''héros'' captive les Chinois

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Des danseurs de Yingge exécutent une danse traditionnelle dans une rue de Shantou, dans la province de Guangdong, dans le sud de la Chine, le 23 janvier 2025. e. (Photo by JADE GAO / AFP)Des danseurs de Yingge exécutent une danse traditionnelle dans une rue de Shantou, dans la province de Guangdong, dans le sud de la Chine, le 23 janvier 2025. e. (Photo by JADE GAO / AFP)

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Visages peints, quarante jeunes danseurs costumés bondissent au son des gongs et tambours: mélange d'art martial et d'opéra chinois en pleine rue, la danse guerrière folklorique des "héros" égaie la Chine avant le Nouvel an lunaire.

Entourés de 300 spectateurs, smartphones en main, devant un petit temple en bois à Shantou dans la province du Guangdong (sud), ils font s'entrechoquer des bâtons et effectuent pas rapides, acrobaties ou gestes inspirés du kung-fu.

"Ils ont la pêche! C'est fabuleux à regarder", s'enthousiasme Wang Mei, 50 ans, venue faire du tourisme à quelques jours de la nouvelle année chinoise, celle du Serpent, qui débute le 29 janvier.

En direct, des dizaines de milliers d'internautes suivent la performance grâce aux réseaux sociaux comme Douyin (la version en Chine de TikTok), qui ont ces derniers mois fait exploser la popularité de cet art.

Issue de la Chine ancienne et remise au goût du jour ces dernières décennies, la danse Yingge (littéralement "des chants des héros") est originaire des villes de Shantou et Chaozhou, dans le Guangdong, où elle reste enracinée dans la culture locale.

Souvent exécutée lors des fêtes du Nouvel An lunaire ou d'autres événements festifs pour apporter la chance, elle est dérivée des récits légendaires, notamment du roman classique chinois "Au bord de l'eau".

"Très typique" 

Costumes bigarrés, maquillages typiques de l'opéra local, coiffes de soldats ou héros mythologiques: chaque danseur a une apparence différente.

Exécutée principalement par des 12-30 ans, la danse est une fierté pour cette région du Guangdong, où les manifestations culturelles traditionnelles restent très actives.

"Ailleurs en Chine, l'ambiance du Nouvel an perd progressivement de sa saveur. Ici, c'est très typique. On est venu spécialement pour ça", explique Wang Mei.

Pétards parfois interdits dans certaines villes durant le Nouvel an, traditions qui s'étiolent avec l'urbanisation et l'omniprésence des écrans: des Chinois font régulièrement part d'une atmosphère moins festive que durant leur enfance.

"C'est probablement parce que les jeunes d'aujourd'hui partent souvent travailler ailleurs que dans leur région natale et ne transmettent plus aussi bien les traditions", estime Hua Jie, 52 ans.

Elle est venue spécialement depuis Nankin (est), attirée par des vidéos sur Douyin et dit apprécier cette danse "qui représente bien la culture traditionnelle".

Un nombre croissant de Chinois souhaitent avoir ce type d'expérience culturelle durant leurs vacances, plutôt que de visiter des sites touristiques bondés.

130.000 internautes 

La danse Yingge était exécutée jeudi pour la fête du xiaonian (littéralement "petite année"), début des préparatifs du Nouvel An, l'occasion d'accrocher chez soi des décorations rouges symbole de bonheur et d'effectuer un grand nettoyage de son logement.

Mais comment cette danse, inscrite en 2006 sur la liste nationale du patrimoine culturel immatériel, parvient à attirer les jeunes?

"Avec cette tenue, tu te sens beau", tu ressens "une espèce de vitalité propre à la jeunesse" et un certain "honneur", explique Zheng Guangyan, 25 ans, membre d'une troupe et professeur de maths.

Selon lui, quelque 130.000 internautes ont suivi en direct la performance de sa troupe jeudi.

"Beaucoup de gens veulent s'inspirer du modèle qu'on a mis en place ici pour faire évoluer et populariser leurs propres cultures traditionnelles", explique Zheng Guangyan.

"En diffusant notre danse, on espère ainsi contribuer à stimuler ce renouveau culturel dans le pays", souligne-t-il. (AFP)

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