Cinéma, mon amour de Driss Chouika/ L’IDHEC UN TEMPLE MÉMORABLE DU CINÉMA MONDIAL

5437685854_d630fceaff_b-

Photographie extraite de "Le Cinéma s’insurge", publié par Les États généraux du cinéma en 1968

1
Partager :

Dans Cinéma, mon amour, Driss Chouika poursuit série consacrée aux grandes écoles de cinéma et rend hommage à l’IDHEC, mythique école fondée en 1943 par Marcel L’Herbier, devenue l’un des temples du cinéma mondial. Lieu de transmission, d’expérimentation et de passion, l’institut a formé des générations de cinéastes, dont plusieurs figures majeures du cinéma marocain. Son esprit novateur, alliant théorie, pratique et ouverture internationale, continue de rayonner à travers la FEMIS.

« Le Cinématographe envisagé comme un Art ».

Marcel L’Herbier.

Créé en 1943, pendant la seconde guerre mondiale et l’occupation nazie, sur l’initiative de Marcel L’Herbier et un groupe de passionnés du cinéma, dans le cadre du Centre National de la Cinématographie, conçu par son fondateur comme une école de cinéma dont le rôle principal est de définir “Le cinématographe envisagé comme un Art“, l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (IDHEC) devient vite l’une des écoles de cinéma les plus prestigieuses en Europe et dans le monde, en s’ouvrant à la formation d’étudiants venus de tous les pays du monde.

Fondé avec pour ambition de créer une école qui enseigne à la fois les aspects techniques et artistiques de la création cinématographique, à un moment où l'industrie cinématographique française était en proie à de grands bouleversements, marqués par la montée de la télévision et de notables changements dans les goûts des spectateurs, l'IDHEC s'est rapidement imposé comme un centre de formation de référence, attirant des étudiants désireux de participer à la renaissance du cinéma français et international.

Ses fondements ont reposé sur le désir de former des professionnels compétents capables de faire face aux défis grandissants du cinéma et de l’audiovisuel, l'IDHEC a traversé plusieurs décennies, s’adaptant aux évolutions technologiques et artistiques, tout en maintenant son statut d’institution phare dans le paysage cinématographique français et international, avant de fusionner en 1986 avec la FEMIS (Fondation Européenne des Métiers de l'Image et du Son).

UN TEMPLE MÉMORABLE DU CINÉMA MONDIAL

Durant ses premières années, l’institut a mis en place un programme qui combine théorie et pratique, un aspect qui est resté au cœur de son enseignement jusqu’à sa fusion avec la FEMIS. Cette approche novatrice a permis à de nombreux étudiants de découvrir le monde du cinéma de manière immersive. Au fil des ans, l’institut a vu passer plusieurs figures éminentes du cinéma français et international, y compris des marocains, tant d’un point de vue technique qu’artistique. Il est ainsi devenu un institut de cinéma des plus prestigieux, à l’instar du VGIK de Moscou et le Centro Sperimentale di Cinematografia de Rome, l’un des temples les plus mémorables du cinéma mondial.

Parmi ses enseignants figurent notamment l'historien du cinéma Georges Sadoul, le théoricien Jean Mitry et plus tard Serge Daney, ainsi que quantité d'autres professionnels de renommée internationale. L'IDHEC a été connu comme une école emblématique d’une formation axée sur la passion du cinéma. Sa philosophie comme sa pédagogie ont reposé sur plusieurs piliers :

-   La mixité des genres : L'institut a toujours promu une approche multidisciplinaire du cinéma. Les étudiants étaient encouragés à explorer divers genres, allant du documentaire à la fiction, afin de développer une compréhension globale des arts visuels. Cette diversité formelle permettait aux étudiants d'acquérir une autonomie créative et artistique.

-   Une formation pratique : L'IDHEC accordait une importance particulière aux travaux pratiques. Les étudiants participaient à la réalisation de courts-métrages, à des exercices de mise en scène, des ateliers de postproduction, leur permettant d’appliquer les théories apprises en classe dans un cadre réel.

-   Une approche critique : Le curriculum intègre également une formation en critique cinématographique. Les étudiants étudiaient des classiques du cinéma, analysaient des œuvres contemporaines et participaient à des discussions sur des enjeux sociaux et culturels liés au septième art.

-   Une ouverture internationale : L’Institut attirait un public international, favorisant les échanges culturels. Les étudiants pouvaient participer à des programmes d'échange et intégrer des perspectives variées dans leur travail créatif.

L'IDHEC offrait plusieurs programmes de formation orientés vers différents métiers du cinéma et de l'audiovisuel. Le programme de formation comprenait plusieurs volets allant de la réalisation au montage, en passant par la direction de la photographie, l'ingénierie du son et l’écriture du scénario.

L'IDHEC a joué un rôle essentiel dans le développement du cinéma français, tant sur le plan qualitatif que quantitatif. L'institut a formé de nombreux cinéastes, scénaristes et techniciens qui ont contribué à l'enrichissement du paysage audiovisuel français. Les œuvres réalisées par ses anciens élèves ont souvent été saluées par la critique et ont reçu des prix prestigieux dans des festivals nationaux et internationaux.

Lire aussi : Chronique « Cinéma, mon amour de Driss Chouika: L’INSTITUT NATIONAL DU CINEMADE MOSCOU, VGIK LA PLUS LÉGENDAIRE ÉCOLE DE CINÉMA DANS LE MONDE

Le rayonnement de l'IDHEC a dépassé le cadre national et les étudiants formés à l'institut ont été souvent impliqués dans des projets de coproduction internationale, ce qui favorisait l'échange d'influences culturelles et artistiques. En effet, l'IDHEC a toujours été perçu comme un tremplin vers une carrière réussie dans l'industrie du cinéma, et nombreux sont ceux qui se rappellent avec nostalgie de la rigueur et de l'enthousiasme qui caractérisaient l’enseignement reçu, dont plusieurs cinéastes marocains, anciens de l’IDHEC, notamment Ahmed Belhachmi, premier lauréat marocain de la promotion de 1951, Hamid Bennani, Mohamed Abderrahman Tazi, Abdelmajid R’Chiche et Ahmed Bouanani.

Ainsi l’IDHEC a été bien plus qu’une simple école de cinéma, mais un laboratoire de création artistique, un lieu de rencontres et un incubateur de talents. Et s’il a disparu en tant qu’institut, son héritage perdure à travers la FEMIS et les générations de cinéastes qu’il a formé.

lire aussi