National
Taxis ''agrémentés'' Vs VTC, Abdelouafi Laftite promet des solutions
Les taxis imposent aux citoyens des charges, des destinations et des itinéraires précis. Sans parler de leur anarchie et leur propre code de conduite
Par Hassan Zakariaa
Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit était venu mardi à la Chambre des conseillers, pour parler de la feuille de route en vue d’accélérer la mise en œuvre de la régionalisation avancée, de la réduction des disparités spatiales et sociales en milieu rural avec plus de 8.000 projets réalisés ou encore de la mobilisation des ressources financières au profit des collectivités territoriales, qui constitue un défi majeur dans le processus de régionalisation.
Mais ce sont les tensions, qui en arrivent parfois aux mains, entre les taxis et les voitures de transport avec chauffeur (VTC), qui ont le plus focalisé l’attention.
Le chantage des taxis
Il est vrai que la régionalisation avancée, la réduction des disparités spatiales et autres mobilisations des ressources paraissent au commun des mortels en prise avec les tracas des transports au quotidien, des thématiques abstraites d’autant plus que depuis que l’on parle de décentralisation et de déconcentration, la régionalisation avancée ressemble, pour des raisons objectives d’ailleurs, à une arlésienne.
Si pour le ministre les applications et plateformes de réservation de VTC, bien qu’évoluant dans un vide juridique, sont une réalité de tous les jours pour ne pas dire un fait accompli qui rend toutefois bien des services, les taxieurs installés dans la ‘’légalité des agréments’’ ne l’entendent pas de cette oreille. Si bien que souvent leur chasse aux chauffeurs des VTC tourne au vinaigre, voire parfois frôle l’incident diplomatique comme lorsque des chauffeurs de taxi à Casablanca ont pris à partie un véhicule VTC et ses clients, un diplomate russe et son épouse qui se trouvaient à bord du « taxi clandestin ».
Il faut dire que les taxieurs installés dans la « légalité des agréments » ont la particulière et fâcheuse habitude de vouloir imposer aux autorités leur propre loi en menant et en menaçant de grève qui paralyserait un grand nombre de citoyen.
En finir avec la « légalité des agréments »
Faut-il le rappeler, mais c’est ainsi qu’ils ont réussi à s’affranchir de la ceinture de sécurité au mépris de la loi. Et c’est ainsi encore qu’ils se permettent d’offrir un service à leur guise imposant aux citoyens des charges, des destinations et des itinéraires précis, en théorie apanage des bus, sachant que l’existence même des taxis se justifie précisément par la liberté qu’acquièrent leurs clients avec le recours à leurs services. Sans parler de leur propre code de conduite, de leur propreté, de leur tenue, de l’état de certains de leurs véhicules…
M. Laftit a bien précisé que la situation ne peut continuer ainsi. Et il a visiblement l’intention d’inviter les protagonistes de cet affrontement d’arrière-garde à un dialogue en vue de trouver des solutions. Il a aussi souligné la nécessité d’intégrer les nouvelles technologies dans le paysage du transport urbain, ce qui indique que l’on va vers l’autorisation et l’encadrement des VTC, issue d’ailleurs inéluctable. Il a ainsi évoqué des solutions à trouver pour permettre la légalisation de ces applications, non seulement pour offrir aux Marocains la liberté de choix de leur mode de transport, mais aussi pour répondre à un besoin du marché.
Mais le ministre de l’Intérieur est le mieux placé pour savoir que les taxieurs de la « légalité des agréments » et leurs syndicats vont tout faire pour lui donner de fil à retordre. Ce qui ne devrait pas l’empêcher, au bout de ce processus, d’en finir avec les privilèges des agréments, dont la plupart du temps les chauffeurs ne sont pas les bénéficiaires, et de livrer le secteur à la loi du marché et à ses exigences.
Encore faudrait-il rester vigilant. Car une fois légalisées, les VTC, qu’il faut intégrer au secteur formel, restent susceptibles de tomber dans les travers des taxis actuels si rien n’est fait pour mettre de l’ordre dans les comportements de l’ensemble secteur.