''Sept hivers à Téhéran'': un documentaire sur le combat des femmes iraniennes

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Le documentaire "Sept hivers à Téhéran", qui était presque terminé lorsque ces manifestations ont éclaté en septembre 2022, revient sur l'histoire de Reyhaneh Jabbari, exécutée en 2014 à l'âge de 26 ans

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En Iran, "la nouvelle génération se bat vraiment", se réjouit Shole Pakravan avant la sortie mercredi en France de "Sept hivers à Téhéran", un documentaire sur l'histoire de sa fille pendue en 2014 pour avoir tué un homme qui tentait de la violer.

"J'ai de l'espoir parce que la nouvelle génération se bat vraiment, contrairement à ma génération", a déclaré à l'AFP Shole Pakravan, à propos des manifestations qui ont éclaté en Iran à la suite de la mort en détention il y a six mois de Mahsa Amini. Elle avait été arrêtée pour avoir enfreint le strict code vestimentaire iranien.

Le documentaire "Sept hivers à Téhéran", qui était presque terminé lorsque ces manifestations ont éclaté en septembre 2022, revient sur l'histoire de Reyhaneh Jabbari, exécutée en 2014 à l'âge de 26 ans, et devenue un symbole international de l'injustice en Iran.

La jeune femme a été pendue pour meurtre après sept ans de détention, pour avoir poignardé à mort un ancien fonctionnaire du ministère du renseignement, Morteza Abdolali Sarbandi, qui tentait de la violer.

Elle a refusé le sursis qui lui était proposé si elle revenait sur ses accusations de viol. Son histoire et ses écrits poétiques depuis la prison sont au coeur de ce documentaire, présenté au festival du film de Berlin en février.

"Quand j'étais jeune, je ne savais rien de la violence et des exécutions qui existaient dans mon pays. C'était caché", a expliqué Shole Pakravan, qui vit aujourd'hui en Allemagne.

"Désormais, grâce à ce film, nous sommes en mesure de parler de ces choses et de les montrer au monde entier".

La réalisatrice, Steffi Niederzoll, s'est dit profondément inspirée par la force de cette famille. "Ils se sont battus pour briser le cercle de la violence en Iran", a-t-elle déclaré.

"Reyhaneh a pardonné même aux personnes qui lui ont fait ça. Elle est restée fidèle à sa vérité, à sa dignité et a demandé à sa famille de faire de même. Cela crée une parcelle d'espoir dans cette histoire très triste".

"J'ai de l'espoir" 

Shole Pakravan a expliqué avoir ressenti de "l'espoir" en constatant la mobilisation de masse qui a suivi la mort de Mahsa Amini.

"Avant, les gens allaient en prison, puis sortaient et restaient silencieux. Aujourd'hui, des jeunes filles vont en prison, y sont violées et pourtant elles ne se taisent pas."

Mais elle craint aussi pour la suite. "Je lutte contre les exécutions et la torture, alors quand je vois des manifestants réclamer la pendaison des mollahs, je m'inquiète".

"Je ne sais pas quel système succédera à celui-ci mais je ne veux pas qu'il ait recours aux exécutions ou à la torture".

La réalisation du film et du livre qui l'accompagne lui a apporté un certain soulagement après tant d'années de souffrance. "J'ai assumé mes responsabilités envers Reyhaneh et cela m'a libérée. Je peux à nouveau voir le monde qui m'entoure."

Le film a été réalisé à partir d’images filmées clandestinement, d’enregistrements téléphoniques, de lettres. Récompensée à Cannes en mai 2022, l'actrice iranienne Zar Amir Ebrahimi, qui vit en exil à Paris, prête sa voix dans le documentaire à Reyhaneh Jabbari. (AFP)

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