La ‘’pétrolifère’’ Leila Benali, au CV surchargé, parle du Maroc à la COP26

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Si son ambition pour la transition énergétique s’avèrerait à la hauteur du CV de Leila Benali, elle est gagnée pour le Maroc

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Glasgow  - Après sa nomination ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali a impressionné par son CV. A se demander si elle a fait quelque chose d’autre dans sa vie qu’étudier et travailler. Puis elle a suscité une réserve : Comment une personnalité qui a toujours œuvré au sein des grandes structures mondiales de pétrole peut servir la transition énergétique, pas vraiment la tasse de thé des grandes structures où elle a certainement gardé des liens ? Mauvais procès, sans doute. Sa carrière « pétrolifère » est précisément un atout qui en fait une connaisseure presque parfaite du secteur.

Aux travaux de la 26ème Conférence des Parties des Nations unies sur le changement climatique (COP26) qui ont débuté le 1er novembre et qui se poursuivent jusqu'au 12 du même mois, elle a accompagné en bonne place la délégation marocaine conduite par le chef du Gouvernement Aziz Akhannouch qui a représenté le Roi Mohammed VI au sommet de l’environnement qui pour principale ambition de renforcer l’action collective pour atteindre la neutralité carbone en 2050, en vue d’assurer l’objectif de +1,5°C.

Très occupée et très présente à cette grand-messe, Leila Benali a trouvé le temps de répondre au micro de la MAP sur les ambitions climatiques du Royaume, sa participation à cette COP et les attentes du Maroc de ces négociations. Entretien :

Le Royaume du Maroc a fait de l’économie verte le fer de lance de sa reprise économique, pouvez-vous expliquer comment cela prendra forme ?

Le Maroc a développé durant ces vingt dernières années une approche politique volontariste qui tend vers une économie verte et inclusive, sous l’impulsion forte de SM le Roi Mohammed VI.

Cet engagement s’est traduit par l’adoption de la Stratégie Nationale de Développement Durable (SNDD) en juin 2017, qui ambitionne d’assurer une transition vers une économie verte d’ici 2030 à travers un ensemble de réformes politiques, institutionnelles, règlementaires et financières.

La priorité des 10 prochaines années sera de simplifier le cadre réglementaire et institutionnel et donner l’impulsion nécessaire aux financements notamment dans des secteurs clés comme : le développement des énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, la gestion durable des déchets et leur valorisation et la résilience face aux impacts des changements climatiques.

La SNDD constitue à cet égard, le cadre fédérateur pour l’intégration de la durabilité dans toutes les politiques sectorielles.

La transition énergétique va de pair avec la décarbonisation qui est chère à l'industrie marocaine, ainsi qu'avec la captation de CO2, voilà pourquoi la forestation et l’irrigation sont des éléments très importants pour le Maroc.

Cela offre une opportunité historique pour le Royaume de consolider sa position de premier plan sur la question du changement climatique et du développement durable. Ce qui devrait se produire en impulsant un choc de compétitivité dans certains secteurs stratégiques, mais également en réduisant le coût de la facture énergétique marocaine pour les ménages, les industriels, les services et tout le tissu économique marocain.

Il est important de le faire dans un contexte de relance post-covid, d'autant que nous assistons à une reconfiguration complète des chaines de valeurs mondiales. Dans ce sens plusieurs chantiers stratégiques ont été lancés avec pour but de positionner le Maroc comme une base industrielle et de service sobre en carbone et circulaire.

La COP26 a offert la première occasion d’examiner les Contributions déterminées au niveau national des États depuis l’Accord de Paris. Qu’en est-il de celle du Maroc ?

Effectivement, les parties de l’Accord de Paris sont appelées à réviser, tous les cinq ans, leurs contributions déterminées au niveau national (NDC). Le Maroc, reconnu par son leadership dans ce domaine, a actualisé sa Contribution en augmentant son niveau d’ambition par rapport à celui de 2016, dans le cadre d’un large processus de concertation avec tous les acteurs concernés.

D’ailleurs, notre première contribution nationale, tout en étant déjà alignée sur l’objectif de 1,5°C, a été considérée parmi les plus ambitieuses. Ce qui a valu à notre pays de se classer parmi les cinq premiers au monde dans le dernier rapport sur l’Indice de Performance Climatique de 2021 publié par des ONG indépendantes.

La NDC actualisée est attribuable à un ensemble de Stratégies et Programmes sectoriels projetés ou en cours d’exécution qui couvrent les secteurs de l’énergie, du transport, de l’habitat, la gestion et la valorisation des déchets, de l’agriculture, et de la foresterie.

Les chefs d’États ont déjà quitté la COP, mais les négociateurs resteront à Glasgow jusqu'au 12 novembre. Quelles sont les attentes du Royaume quant aux négociations ?

Les attentes du Maroc des négociations ne se dissocient pas de celles des pays en développement et notamment nos partenaires africains qui comprennent principalement la question de l'adaptation, le rehaussement de l’ambition en matière d’atténuation et le financement climatique.

A cet égard, il est important d’avoir de la transparence en ce qui concerne les mécanismes du marché carbone, ainsi que sur la mise en place de mécanismes de transparence souples, évolutifs et adaptés aux capacités des différents pays.

Malheureusement, le mécanisme de transparence de l'Accord de Paris est resté sans résultat lors de la COP25. Il doit progresser lors de la COP26.

Par ailleurs, je pense qu'il est important et même critique de déployer de manière rapide et judicieuse les 100 milliards de dollars qui sont en train d’être mobilisés par les pays développés.

Ensuite, il s’agira de définir un nouvel objectif de financement après 2025, car il est important de donner de la visibilité et de restaurer la confiance entre les pays développés et ceux en développement.

Cela répondra a un besoin de transparence dans les mécanismes de financements, d’autant que le marché du carbone deviendra probablement l’un des plus gros marchés du 21è siècle.

Quelles sont les contributions du Pavillon Maroc à la COP26 ?

A l’instar des autres COP et en dépit des conditions particulières liées à la pandémie Covid19, nous avons aménagé un Pavillon dans la zone Bleue de la Conférence.

Ce Pavillon, sert de plateforme pour partager l’expérience marocaine en matière de développement durable et de lutte contre le changement climatique notamment à travers un programme de travail constitué de plusieurs d’évènements parallèles qui seront organisés pendant les deux semaines de la Conférence.

Des thèmes variés ont été choisis tels que les métriques d’adaptation, la mobilité durable, l’autonomisation des jeunes pour des solutions innovantes et concrètes, l’agriculture intelligente, la sécurité alimentaire et les énergies propres.

Cet espace d’échange permet de consolider le rayonnement du Maroc en tant que Nation très engagée auprès de la communauté internationale dans la lutte contre le changement climatique, ainsi que de promouvoir les initiatives marocaines lancées depuis la COP22 à Marrakech comme l’initiative « Adaptation de l’Agriculture pour l’Afrique », de l’initiative « Sécurité, Stabilité et Soutenabilité » et de l’initiative de la « Ceinture bleue ».

En outre, le Pavillon Maroc sert surtout de lieu de rencontres bilatérales aussi bien pour renforcer la coopération internationale dans le domaine de lutte contre le changement climatique, que pour la coordination de l’équipe de négociation marocaine.

Le Royaume est en tête de file au niveau environnemental sur le Continent africain, comment son leadership prend il place notamment dans le cadre de la coopération sud-sud ?

La Coopération Sud-Sud notamment avec les pays de l’Afrique constitue depuis quelques années, un axe prioritaire de la politique étrangère du Maroc. C’est un engagement politique impulsé par SM le Roi Mohammed VI, qui vise à plaider pour une solidarité agissante en faveur du continent.

Le secteur de l’environnement constitue un domaine qui occupe une place de plus en plus importante dans ces relations de coopération. C’est un secteur qui offre également de nombreuses opportunités en matière d’investissement et de création de l’emploi.

Voilà pourquoi, le Royaume a signé 26 Accords dont 12 avec les pays africains. Ces Accords portent essentiellement sur l’échange d’expérience, le transfert de savoir, l’assistance technique ainsi que le développement de projets conjoints dans les différents domaines de l’environnement et du développement durable.

C’est ainsi qu’à l’initiative du Souverain, le Sommet africain de l’action tenu à Marrakech en 2016 en marge de la COP22, a décidé de mettre en place trois Commissions Climat au niveau régional à savoir la Commission du Bassin du Congo, la Commission du Sahel et la Commission des petits États Insulaires, actant ainsi un engagement continental de l’Afrique en faveur du Climat.

D’autres initiatives ont été initiées grâce au Maroc pour intensifier la coopération avec le continent africain, comme l'initiative Triple A « Adaptation de l’Agriculture Africaine », l’Initiative Triple S « Soutenabilité, Stabilité et Sécurité en Afrique » avec la République du Sénégal, l’initiative « Blue Belt » pour une pêche durable en Afrique, l’initiative « Water for Africa ».

 

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