Algérie : Huit généraux limogés et le plus gros reste à venir

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En un moins d’un mois, huit généraux occupant des postes des plus importants ont été limogés. L’âge de ceux qui les ont remplacés ne permet pas l’explication du rajeunissement. A terme, c’est la tête du chef d’état-major qui est réclamée. Un message lui a été envoyé dans ce sens

C’est par pair, mais les limogeages au sein de l’armée algérienne et de l’appareil sécuritaire se poursuivent à cadence régulière. Après le limogeage des chefs des 1re et 2e RM (cette dernière à la frontière est du Maroc), respectivement sous le commandement des généraux Habib Chentouf  et Saïd Bey, on dit à Alger que le « meilleur est à venir ».

Les deux commandements ont été remplacés par le commandant de l'Académie militaire interarmes de Cherchell, le général-major Ali Sidane, nommé à la tête de la première région militaire, et le général-major Meftah Saouab, le chef de la sixième région militaire, nommé à la tête de la deuxième.

Ce fut ensuite au tour du chef de la Direction centrale de la sécurité de l’armée (DCSA), le général-major Mohamed Tireche, dit Lakhdar Tireche, responsable de l’enquête sur l’énorme scandale de la cocaïne saisie au port d’Oran le 29 mai dernier, d’être démis de ses fonctions. Il a été remplacé par le général Belmiloud Othmane, dit Kamel Kanich, jusque-là patron du CPMI « centre principal militaire d’investigation. »  Sans attendre, le général Benattou Boumediene, contrôleur général de l’armée, a cédé son poste au général-major Hadji Zerhouni, jusque-là directeur central de l’intendance.

Ce ballet de limogeage a commencé début juillet par l’éviction du directeur général de la police, le général Abdelghani Hamel que l’on considérait comme un des potentiels successeurs de l’actuel président Abdelaziz Bouteflika. Une semaine plus tard il fut suivi par la sortie peu glorieuse du général Menad Nouba patron de la gendarmerie. Deux autres généraux-majors ont été écartés également, Mokdad Benziane et Boudjemaâ Boudouaouar, respectivement ex-directeur du personnel et ex-directeur central des finances au ministère de la Défense nationale

Le temps qui presse…

A Alger la tentation est grande de laisser croire, tout en démentant, que cette série d’éloignements serait motivée par la découverte, le 29 mai dernier au port d’Oran, d’une importante cargaison de plus de 7 quintaux de cocaïne. Néanmoins les observateurs avertis qui savent que les trafics de tout genre sont au centre du pouvoir algérien, n’ignorent pas que les 700 kilos de cocaïne saisis ont été sacrifié sur l’autel des règlements de compte politiques dans une course effrénée à la succession de Abdelaziz Bouteflika cloué dans un fauteuil depuis cinq ans suite à un lourd AVC.

L’arbre qui cache la jungle des généraux algériens. C’est, en quelque sorte  ce que ce sandale qui a ébranlé la scène algérienne est au théâtre des ombres qui est sorti de l’arrière boutique pour se jouer en plein jour à Alger après l’appel du secrétaire général du FLN, Djamel Bel Abbès, à un cinquième mandat pour Bouteflika et celui du président du Mouvement de la société de paix, Abderrezak Mokri, à l'armée d'intervenir pour assurer une transition politique, ce qui a été interprété comme une tentative de barrer la route à la reconduction du président en place et surtout, vu son état de santé, à ceux qui gouvernent en son nom.

La cohésion algérienne exposée

Le journal l’Expression proche de l’armée, se veut rassurant : « A bien voir, l'ensemble des changements opérés par le président de la République qui visent le rajeunissement des institutions, à couper l'herbe sous le pied des trafiquants ou encore un rappel à l'ordre pour le maintien de la vigilance et de l'alerte, écrit-il, s'inscrivent tous dans un seul et unique objectif, celui de préserver l'Algérie, sa stabilité et sa paix. »

Ce qui ne dit pas par contre l’Expression et révèle le site TSA, c’est qu’à la suite de ces limogeages, c’est la tête du chef d’état-major, le général Gaïd Salah, qui est sous le couperet. Interrogé par le site algérien, Mohamed Khelfaoui, un ancien colonel du DRS, mais on est jamais à la retraite quand on est des services, a répondu que « lui-même [le général Gaïd] pourrait être concerné par les changements dans le cadre du rajeunissement et de l’alternance aux postes de responsabilité, deux principes revendiqués par le vice-ministre de la Défense. »

Un message clair qui indique que les jeux vont se poursuivre sur un échiquier glissant. Marquée par une situation dangereuse, économiquement et socialement incertaine, aggravée par l’insécurité pratiquement à toutes les frontières du pays, perpétuellement sous la menace terroriste, notamment au sud et en Kabylie, mais aussi à la frontière avec la Tunisie et la Libye, livrée à une course au pouvoir sans merci, l’Algérie joue sa cohésion de plus en plus en danger.