International
Algérie : un migrant raconte sa survie
Les vagues d’expulsion des migrants continuent à faire fureur en Algérie et prennent de plus en plus d’ampleur. Selon l’ONU, 28 000 personnes ont été rapatriées d’Algérie vers le Niger depuis 2014
Dernièrement, l’Algérie confirme de plus en plus le durcissement de sa politique migratoire en enchainant les expulsions des migrants. Ainsi, plus de 500 personnes ont été expulsées vers le Niger, entre le 3 et 13 février dernier.
Plus récemment, notamment la nuit du 13 au 14 avril dernier, la gendarmerie algérienne a embarqué plus de 200 migrants dans le quartier d’Oran et les a ensuite acheminés vers l’extrême sud de l’Algérie, en vue de les expulser vers le Niger. Un d’entre eux, qui a échappé aux arrestations, s’est confié à France 24 et raconté le calvaire qu’ils vivent au quotidien pour échapper à la police algérienne.
Yacouba B, jeune ivoirien de 18 ans, raconte avoir entendu les sirènes des véhicules de police vers quatre heures du matin. Ayant vu les voitures approcher, le jeune homme dit s’être caché avec un ami à l’intérieur de la baraque où il vivait, derrière des cartons.
Le migrant explique que quand la police est partie, le propriétaire des baraques du quartier, qui n’a pas dénoncé les migrants cachés bien qu’il les ait vus, est venu leur dire qu’ils n’avaient plus le droit de rester dans le quartier. Il ajoute que sorti de sa cachette, il a trouvé tout le quartier décimé.
Toujours selon France 24, le jeune homme a par la suite trouvé refuge dans une église d’Oran, espérant obtenir l’aide de l’Organisation Internationale pour la migration (OIM) pour rentrer chez lui en sécurité. Yacouba B a confié que les membres de l’église leur ont donné des formulaires de retour volontaire à remplir, fournis par l’OIM, après leur avoir donné des vêtements et à manger. Cependant, ils leur ont toutefois fait savoir qu’ils ne pourraient pas dormir à l’intérieur de l’église à cause des contrôles.
Ainsi, le jeune homme explique qu’ils doivent survivre en attendant que leurs demandes de rapatriement soient prises en compte, ce qui risque de prendre du temps dans la mesure l’OIM en reçoit beaucoup. « Si la police nous attrape, nous finirons à la frontière, en plein milieu du désert, en route vers un pays qui n’est même pas le nôtre », a-t-il ajouté.
Le migrant a indiqué qu’ils sont une dizaine à avoir échappé à cette rafle et qu’ils passent leurs journées à l’église. A la tombée de la nuit, ils cherchent des chantiers pour s’abriter, souligne-t-il avant d’ajouter que des rondes de surveillance sont organisées pour éviter d’être repérés. C’est ainsi qu’ils passent le temps, changeant de refuge chaque nuit, pour augmenter leurs chances d’échapper à la police en attendant l’aide de l’OIM.