Arabie: attentat contre des diplomates occidentaux, deux blessés

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La police saoudienne ferme une rue menant à un cimetière non musulman de Jeddah, le 11 novembre 2020

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Au moins deux personnes ont été blessées mercredi dans un attentat à l'explosif au cimetière non musulman de la ville saoudienne de Jeddah, lors d'une cérémonie réunissant des diplomates occidentaux pour commémorer l'armistice du 11 novembre 1918.

"Les services de sécurité ont lancé une enquête sur la lâche agression pendant un rassemblement de consuls étrangers", a indiqué le gouvernorat de La Mecque, dont dépend Jeddah dans l'ouest de l'Arabie saoudite.

"Un employé consulaire grec et un policier saoudien ont été légèrement blessés", précise le gouvernorat dans un communiqué. Un Britannique aurait également été blessé, ce qui n'a pas été confirmé côté saoudien ou britannique. 

Cet attentat intervient deux semaines après une attaque au couteau qui a blessé un garde du consulat de France à Jeddah, sur fond de colère de musulmans en raison de la publication de caricatures du prophète Mahomet par un journal parisien.

Dans un communiqué conjoint, les consulats représentés lors de la cérémonie mercredi ont "condamné avec force cette lâche attaque contre des gens innocents".

Il s'agit des consulats de France, de Grèce, d'Italie, de Grande-Bretagne et des Etats-Unis.

A Paris, le ministère français des Affaires étrangères a publié un communiqué sur cet attentat.  

"La cérémonie annuelle commémorant la fin de la Première Guerre mondiale au cimetière non musulman de Jeddah, associant plusieurs consulats généraux dont le consulat de France, a été la cible d'une attaque à l'engin explosif ce matin, qui a causé plusieurs blessés", a-t-il indiqué.

"La France condamne fermement ce lâche attentat que rien ne saurait justifier", a ajouté la diplomatie française, en appelant les autorités saoudiennes "à faire toute la lumière" sur cet acte et à "identifier et poursuivre les auteurs".

"On n'a pas très bien compris" 

Des routes conduisant au cimetière situé dans le centre de Jeddah ont été fermées par la police saoudienne, selon un photographe de l'AFP sur place.

"J'étais sur place ce matin", a témoigné Nadia Chaaya sur la chaîne française BFM.TV, précisant que l'explosion s'était produite à la fin du discours du consul de France.

"Sur le coup, on n'a pas très bien compris mais on a senti qu'on était pris pour cible", a-t-elle encore dit, indiquant que les personnes présentes, qui craignaient une deuxième attaque, avaient ensuite quitté les lieux. 

La mission de l'Union européenne dans le royaume a souhaité "une enquête rapide et approfondie" sur l'attentat, alors que le secrétaire britannique pour le Moyen-Orient et l'Afrique du nord a demandé à Ryad de "poursuivre les responsables de cet acte lâche", dans une réaction sur Twitter.

Le cimetière qui date d'avant la naissance du royaume saoudien en 1932 contient les restes de nombreux non-musulmans dont ceux d'un soldat français mort pendant la guerre de 1914-1918 et d'un soldat britannique mort pendant la deuxième guerre mondiale (1939-1945).

Plusieurs pays, parmi lesquels la France et la Belgique, célèbrent mercredi le 102 anniversaire de l'armistice conclu entre l'Allemagne et les Alliés, qui marqua la fin de la Première Guerre mondiale.

Des propos du président français, Emmanuel Macron, sur le droit à la caricature au nom de la liberté d'expression, ont déclenché la colère au Moyen-Orient et plus largement dans le monde musulman.

L'islam dans son interprétation stricte interdit toute représentation de Mahomet.

Emmanuel Macron avait promis ne pas "renoncer aux caricatures", lors d'un hommage national au professeur Samuel Paty, décapité par un islamiste le 16 octobre près de Paris, pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet dans un cours sur la liberté d'expression.

Dans certains pays à majorité musulmane, des fidèles ont réagi avec colère aux propos de M. Macron. Des portraits ont été brûlés lors de manifestations et une campagne a été lancée pour boycotter les produits français.

Le président français a tenté d'apaiser la colère qui monte dans le monde musulman en assurant comprendre, dans un entretien à la chaîne Al-Jazeera, que des musulmans puissent être "choqués" par les caricatures de Mahomet, tout en dénonçant les "manipulations" et "la violence".

La France, l'Autriche, l'Allemagne et l'Union européenne (UE) ont tenu un mini-sommet par visioconférence mardi pour tenter de muscler la réponse européenne au terrorisme, après les derniers attentats jihadistes en France et en Autriche, à Vienne le 2 novembre.