International
Biden choisit Lloyd Austin, un ex-général noir, pour diriger le Pentagone, mais ce n’est pas gagné
Lloyd Austin lors d'un briefing au Pentagone, en octobre 2014 à Washington
Le président élu des Etats-Unis Joe Biden a choisi l'ancien général Lloyd Austin pour diriger son futur ministère de la Défense, ont annoncé lundi plusieurs médias américains. Il deviendrait, s'il était confirmé par le Sénat, le premier chef afro-américain du Pentagone.
Ce général de l'armée de Terre à la retraite, âgé de 67 ans, a combattu en Irak et en Afghanistan avant de devenir le premier homme de couleur à diriger le commandement central de l'armée américaine (Centcom).
Joe Biden pourrait officiellement dévoiler son nom mardi, a précisé Politico, premier média à révéler ce choix.
Le New York Times, CNN et la chaîne ABC ont ensuite confirmé cette information. L'équipe de Joe Biden, elle, gardait le silence lundi soir.
Joe Biden connaît l'ex-général Austin pour avoir travaillé avec lui lorsque, en tant que vice-président, il avait supervisé la mise en œuvre de la décision de Barack Obama de retirer 50.000 soldats américains d'Irak en 2011.
S'il est approuvé par le Sénat, l'ex-général sera le premier Afro-Américain à diriger la première armée du monde, au sein de laquelle la communauté noire est très représentée.
L'ancien commandant des forces américaines au Moyen-Orient semble avoir ainsi été préféré à Michèle Flournoy, qui aurait pu devenir la première femme à diriger le Pentagone.
Lloyd Austin avait succédé à la tête du Centcom à Jim Mattis, qui fut le ministre de la Défense de Donald Trump de 2017 à 2019.
Issu de la prestigieuse académie militaire de West Point, l'ex-général Austin a servi plus de 40 ans dans l'armée de terre, où il a grimpé les échelons avant d'occuper des postes de responsabilité.
Il a pris sa retraite en 2016, avant de se reconvertir dans l'industrie de la défense, comme nombre de ses prédécesseurs. Il siège notamment au conseil d'administration de Raytheon Technologies.
Cette position lui a valu les critiques de certains progressistes.
A l'image "de l'Amérique"
Mais sa confirmation par le Sénat n'est pas acquise : des élus du Congrès et des experts en sécurité nationale se sont prononcés contre sa nomination, notant que sa retraite datait de moins de 7 ans.
Le Congrès américain, qui tient au contrôle civil sur les militaires, a adopté une règlementation stipulant qu'un ancien militaire devait être à la retraite depuis plus de 7 ans pour devenir ministre de la Défense.
Comme ce délai ne serait pas respecté avec Lloyd Austin, les élus devraient lui accorder une dispense. Ils l'avaient fait en 2016 pour M. Mattis, mais en protestant. Et parmi ceux qui avaient voté contre cette dispense figurent plusieurs grands noms du parti démocrate, notamment les candidats à la primaire démocrate Bernie Sanders, Elizabeth Warren et Cory Booker.
"Sa candidature ne devrait pas être considérée, de même que celle de Mattis n'aurait pas dû l'être", a tweeté lundi l'élu conservateur Justin Amash. "La loi interdit à des militaires récemment retraités d'occuper ce poste civil. Biden ne devrait pas être le deuxième président consécutif à violer cette norme".
"Je n'ai que du respect pour Lloyd Austin, mais choisir un autre général retraité si récemment qu'il lui faudra une dispense du Congrès envoie un très mauvais message", a ainsi tweeté Rosa Brooks, une ancienne responsable du Pentagone qui enseigne aujourd'hui à la Georgetown University.
Joe Biden, qui prendra ses fonctions le 20 janvier à la Maison Blanche, avait indiqué lundi à des journalistes qu'il dévoilerait son choix ce vendredi pour son futur ministre de la Défense.
Michèle Flournoy, 59 ans, ancienne numéro trois de ce ministère sous Barack Obama, apparaissait jusqu'ici en tête des pronostics.
Elle avait reçu lundi le soutien de poids du démocrate Adam Smith, président de la commission des Forces armées de la Chambre des représentants, qui a jugé qu'elle était "de loin la personne la plus qualifiée pour ce poste".
Mais l'ancienne ministre déléguée à la Défense était critiquée dans l'aile gauche du parti démocrate, qui la jugeait trop proche de l'industrie de la défense.
Et des parlementaires et personnalités noirs avaient appelé Joe Biden à nommer davantage d'Afro-Américains à des postes-clés de son cabinet.
Joe Biden, 78 ans, et sa future vice-présidente Kamala Harris, 56 ans, première femme et première personne noire à occuper ce poste, ont promis un gouvernement qui "ressemble à l'Amérique", dans toute sa diversité.