Elections au Brésil : L’extrême droite au pouvoir

5437685854_d630fceaff_b-

408
Partager :

Le candidat d'extrême droite, Jair Bolsonaro, a officiellement remporté les élections présidentielles au Brésil avec plus de 55% des voix, devenant ainsi le premier président d'extrême-droite à accéder à la magistrature suprême depuis la fin de la dictature militaire en 1985

Selon des chiffres officiels annoncés par le Tribunal électoral supérieur (TSE), le candidat du Parti Social Libéral (PSL, droite) a remporté près de 55,54% des voix, tandis que son rival de gauche, Fernando Haddad, a obtenu 44,46% des voix, suite au dépouillement de 94,44% des bulletins de vote électronique.

Sur un total de 112.008.841 voix comptabilisées, 101.255.386 sont valides (90,40%), tandis que 8.335.710 (7,44%) sont nulles, précise encore le TSE, en faisant état de 30.113.461 abstentions (21,19%).

La victoire, sans surprise du candidat Bolsonaro a été célébrée avec des feux d’artifice et des scènes de liesse de la part de ses supporters dans plusieurs villes du Brésil.

Le 7 octobre 2018, le candidat de droite est arrivé en tête du premier tour avec 46,03 %, soit un score plus important que les chiffres annoncés par les sondages.

Né le 21 mars 1955 à Glicério dans l’Etat de Sao Paulo, Jair Messias Bolsonaro a commencé sa carrière militaire en tant que soldat et il a gravi les échelons jusqu’au grade de capitaine d'artillerie de l’armée de terre avant d’être renvoyé en 1988 en raison de conflits avec sa hiérarchie.

Devenu capitaine de réserve, Bolsonaro se lance dans la politique en se faisant élire la même année conseiller municipal de la ville de Rio de Janeiro pour le Parti Démocrate Chrétien (PDC).

Deux ans plus tard, Bolsonaro est élu député fédéral à Rio de Janeiro, sous l’étiquette du Parti démocrate chrétien (PDC). Par la suite, il multiplie les réélections sous les étiquettes du Parti progressiste réformateur et du Parti progressiste, tout en changeant parfois d'étiquette en cours de législature.

Ses prises de position controversées, notamment à l'égard des femmes, des Noirs et des peuples indigènes, ainsi que sa nostalgie pour la dictature militaire de 1964-1985, lui valent d'être classé à l'extrême droite de l'échiquier politique brésilien.

En avril 2016, Bolsonaro fait polémique en se prononçant pour la destitution de la présidente Dilma Rousseff (Parti des travailleurs) en dédiant son vote au colonel Ustra, qui aurait torturé celle-ci en 1970.

Candidat du PSL, le capitaine de réserve a été victime, début septembre d’une attaque à l’arme blanche, ce qui lui a valu de conduire une campagne virtuelle sur les réseaux sociaux.

Jair Bolsonaro, qui a fait notamment campagne contre l’insécurité et la corruption endémique dans le pays, entrera officiellement en fonction le 1er janvier prochain, en même temps que son colistier, le général à la retraite Hamilton Mourão, devenu vice-président.

‘’Transformer le Brésil en une nation prospère et libre’’

Le nouveau président élu du Brésil a promis aux Brésiliens un gouvernement qui défendra la constitution, la démocratie et la liberté, en s’engageant à transformer le Brésil en "une grande nation prospère et libre".

"Je vous prends à témoin: le gouvernement défendra la Constitution, la démocratie et la liberté (...) Ceci n'est ni la promesse d'un parti, ni la parole vaine d'un homme, mais c'est un serment devant Dieu", a-t-il déclaré, dans son premier discours télévisé suite à sa victoire.

Bolsonaro s’est également engagé à mettre en place un "gouvernement décent" composé de personnes ayant pour objectif de transformer le Brésil en une "grande nation prospère et libre".

Se présentant comme un "défenseur de la liberté", l'ancien capitaine de l'armée a assuré qu’il "conduira un gouvernement qui défend et protège les droits du citoyen qui remplit ses devoirs et respecte les lois".

Par ailleurs, a-t-il ajouté, la future administration brésilienne devrait créer les conditions pour que "tout le monde puisse grandir", et ce en réduisant la bureaucratie et en évitant "les gaspillages et les privilèges".

"Notre gouvernement va briser les paradigmes, nous allons faire confiance aux gens, nous allons réduire la bureaucratie et la simplifier pour permettre au citoyen, à l'entrepreneur, d'avoir plus de liberté et de construire son avenir", a poursuivi le président élu, entouré de plusieurs de ses soutiens arborant des T-shirts de la sélection nationale.

Au volet économique, Bolsonaro a affirmé que son gouvernement briserait le "cercle vicieux de la croissance de la dette" pour stimuler les investissements et créer des emplois.

"L'emploi, les revenus et l'équilibre budgétaire sont notre engagement", a-t-il déclaré, en affirmant qu’il ferait tout pour changer la situation des jeunes prenant en considération l'intérêt des générations futures plutôt que les résultats des prochaines élections.

En ce qui concerne les relations internationales du Brésil, Bolsonaro a défendu l'ouverture du Brésil sur les marchés mondiaux et la promotion des relations bilatérales avec des pays qui apporteront une valeur économique et technologique aux produits brésiliens.

Pour ce qui est des membres de son prochain gouvernement, Bolsonaro a confirmé les noms du député Onyx Lorenzoni, qui se verra confier le poste de ministre de la Maison civile, l’équivalent d’un chef de gouvernement, celui de son conseiller économique, Paulo Guedes, au poste de ministre du trésor et du général Augusto Heleno, au poste de ministre de la défense.

Le président élu a également affirmé qu'"il est presque certain" que Marcos Pontes, le premier astronaute brésilien à aller dans l'espace, fera partie de son gouvernement, sans spécifier les prérogatives qui lui seront attribuées.

Pour sa part, le socialiste Fernando Haddad, malheureux candidat des élections présidentielles les plus polarisées de l'histoire du pays, a affirmé qu’il respectait les résultats du scrutin, en s'abstenant de féliciter son rival.

"Nous avons obtenu plus de 46 millions de voix, c'est-à-dire que nous représentons une partie considérable de la population brésilienne, qui doit être respectée", a assuré le candidat du Parti des Travailleurs (PT) dans une déclaration télévisée après l'annonce des résultats des élections.

Le poulain de l’ex président Luis Inacio Lula da Siva, le cacique du PT qui a vu sa candidature invalidée, a estimé que lui et son parti auront une importante mission en tant qu’opposition: celle de défendre les idées et les droits de ces 46 millions d'électeurs.

"De nombreux électeurs ont changé leur vote ces derniers jours en prenant conscience des enjeux au Brésil", a-t-il dit, en relevant que "le Brésil n'a jamais autant eu besoin de l'exercice de la citoyenneté".

Avec la victoire de Bolsonaro aux présidentielles, le Brésil aura choisi de tourner la page de la gauche, comme l’ont fait plusieurs pays de la région avant lui.