Gaza: les déplacés rentrent chez eux pour retrouver des ruines

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Les colonnes de Palestiniens marchent le long de la rue côtière al-Rashid à Gaza pour traverser le corridor de Netzarim du sud de la bande de Gaza vers le nord, le 27 janvier 2025. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)

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Après avoir traversé des kilomètres de ruines, des milliers de Palestiniens déplacés par la guerre arrivent dans le nord de la bande de Gaza, partagés entre le soulagement de rentrer chez eux et la stupeur devant l'ampleur des destructions.

Parmi les colonnes de marcheurs parvenant enfin dans les ruines de ce qui fut la grande ville de Gaza, un homme s'agenouille sur le sol pour attraper une poignée de terre sableuse et la sentir.

Autour, des visages souriants côtoient des regards incrédules: certains esquissent un "V" de la victoire, tandis que d'autres restent figés face à l'étendue des destructions, plus de 60% du bâti de la bande de Gaza ayant été anéanti, selon les Nations unies.

On se prend en photo, malgré un arrière-plan jonché de décombres et traversé de flaques d'eaux usées.

Si l'accès n'a été autorisé que la veille, au terme de nouvelles négociations entre le Hamas et Israël, des Gazaouis avaient commencé à avancer vers la ville dès le premier jour du cessez-le-feu, il y a plus d'une semaine.

Ceux qui se trouvaient le plus au sud du territoire disent avoir mis parfois plus de trois jours pour rejoindre la ville.

"Rien" pour vivre 

"C'est la première nuit que nous passons ensemble", explique Mona Abou Aadrah, 20 ans, qui vient de retrouver ses trois frères.

Elle s'était réfugiée pendant plusieurs mois, avec ses parents, dans une école de Deir al-Balah transformée en camp de déplacés pour accueillir ceux qui comme presque toute la population gazaouie, ont quitté leur logement à cause des bombardements et des pilonnages.

La maison de Mme Aadrah est "détruite" et la famille n'a "ni matelas, ni couverture". Ils viennent de monter une tente, accolée à une pièce dont une partie des murs tient encore.

"Il n'y a même pas d'eau potable ici", dit-elle.

A l'arrivée, toutes les personnes interrogées disent manquer de biens de première nécessité, le nord de la bande de Gaza, ayant subi de graves pénuries tout au long des quinze mois de guerre.

"Nous n'avons pas assez de couvertures, j'ai gardé un feu allumé toute la nuit pour réchauffer (mes enfants)", confie Saif al-Din Qazaat, 41 ans.

Il espère que des distributions de tentes seront organisées prochainement car sa maison de Tel al-Hawa (sud-ouest de Gaza) est détruite.

"Nous sommes tous heureux d’être rentrés, mais notre situation est catastrophique", résume Mahmoud Kashko, 52 ans, "il n’y a rien ici pour nous aider à vivre".

"Jour magnifique" 

"C'est un jour magnifique, celui du retour sur notre terre", commente Hamouda al-Amsi dont le frère a préféré rester dans la zone d'al-Mawasi plus au sud, où se trouvent encore des milliers de déplacés.

"Ils ne veulent pas encore revenir à Gaza car il n'y a ni maisons, ni tentes, ni eau, ni nourriture".

En ce deuxième jour de retour, l'organisation semble toutefois meilleure que la veille au point de contrôle de Netzarim le long de la route al-Rachid qui longe la côte gazaouie.

La municipalité de Gaza a aussi commencé à nettoyer les routes endommagées mais le chemin reste long pour ceux qui portent des enfants sur les épaules et des sacs au bout des bras.

Près de la totalité des infrastructures sont détruites, d'après la municipalité de Gaza, dont des employés tentent de raccorder des habitations plus ou moins détruites à ce qui reste du réseau.

Alors que les ONG redoublent d'efforts pour acheminer l'aide d'urgence et que les autorités israéliennes autorisent davantage d'entrées de camions humanitaires, les services de presse du gouvernement du Hamas à Gaza ont exhorté la communauté internationale à intensifier ses efforts.

Ils ont indiqué avoir besoin de 135.000 tentes pour abriter les habitants du nord de la bande de Gaza, ainsi que de nourriture, de médicaments et de matériel pour réparer les infrastructures. (Quid avec AFP)