L'ambassade du Maroc à Tunis ranime le débat sur le Maghreb et l'Afrique

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L'ambassade du Maroc en Tunisie a tenu, ce mardi 23 mai, une conférence sur l'avenir de la relation entre le Maghreb et le reste du continent, en commémoration de la journée internationale de l’Afrique.

La rencontre, qui s'est déroulée au siège du patronat tunisien (UTICA), aura été une opportunité pour des acteurs de différents horizons de ranimer le débat sur les rapports que doivent entretenir les pays maghrébins collectivement avec leur prolongement naturel en Afrique subsaharienne.

Le panel de choix réuni autour de cette thématique, en présence notamment de membres du gouvernement tunisien et d'ambassadeurs africains et arabes, a engagé une réflexion sur les pistes économiques pour la consolidation de l'intégration continentale, histoire de rattraper le temps perdu dans la mise en place d'un véritable partenariat entre les parties nord et sud de l'Afrique.

Après s'être présenté comme un panafricain convaincu, Fadhel Abdelkafi, ministre tunisien du Développement, de l'investissement et de la coopération internationale, a trouvé « naturel » que le Maghreb entretient des relations privilégiées avec les pays africains, d'autant que « nous partageons les mêmes valeurs et la même culture ».

Abdelakafi, qui incarne la fine fleur de la finance dans son pays, s'est dit « plein d'espoir que l'Afrique se réveillera » pour travailler « la main dans la main » car « c'est là où se joue une partie de l'avenir du Maghreb, face au plus grand marché au monde, qui est l'Union Européenne ».

Autant il s'est montré déçu du bilan « peu glorieux » de l'Union maghrébine, qui « a fait perdre beaucoup de temps et d'argent à nos populations », autant il garde la flamme d'une prise de conscience renouvelée de la nécessité de travailler ensemble pour saisir les énormes possibilités dans la coopération avec le reste du continent.

Il s'est référé, dans ce sens, à l'expérience d'Attijariwafa Bank en Tunisie qui, à travers sa filiale Attijaribank, a permis de sauver une banque publique à la dérive pour en faire « un fleuron » de l'économie locale et inciter les autres banques à « rehausser leur niveau, sur fond d'une concurrence saine ».

De son côté, l'ambassadrice du Maroc à Tunis, Latifa Akharbach, a fait constater que les Maghrébins n'ont pas pu établir avec leur continent « un modèle et une dynamique d'échanges et d'investissements, basés sur une synergie des complémentarités et des démarches d'accompagnement pratique ».

Face à ce déficit d'intégration régionale, le royaume a fait le choix résolu de saisir les opportunités bilatérales et considère que « le tandem Maroc-Tunisie a tous les atouts pour promouvoir une collaboration Sud-Sud à esprit partenarial » et rechercher « conjointement des opportunités d'investissements en Afrique ».

Elle a exprimé la disposition du Maroc à promouvoir « les dynamiques de mises en relation et d'action » entre les opérateurs des deux pays, « au service de projets communs dans les secteurs où les deux pays ont développé le plus d'expérience ».

« En tant que pays africains et en tant que nations amies, nous avons la responsabilité de développer nos pays et notre continent et nous pouvons le faire main dans la main », a-t-elle dit.

Sans pour autant renoncer au rêve maghrébin, le Maroc a déployé « une politique très volontariste de développement de relations économiques avec le reste de l'Afrique », à la lumière « d'une vision stratégique de son identité et de son ancrage africains », a-t-elle rappelé.

Au terme d'un exposé technique sur les dysfonctionnements de l'Afrique du Nord, en tant que sous-région ayant le plus faible taux d'intégration au monde, une représentante de la Banque Africaine de Développement (BAD), Assitan Diarra-Thioune, a souligné que la stratégie de son établissement consiste à appuyer « un partenariat gagnant-gagnant » entre le Maghreb et l'Afrique.

Le secrétaire d'Etat tunisien au commerce, Abdellatif Hamam, les deux co-présidents du conseil d'affaires conjoint maroco-tunisien, Jamal Belahrach et Hichem Elloumi, se sont succédé au perchoir pour plaider la cause d'une relation renouvelée entre la région maghrébine et le continent, dont le socle doit être le respect mutuel et la mise à profit des valeurs et atours en partage.

Le président du groupe Afrique Challenge, Alioune Gueye, un homme d'affaires sénégalais installé au Maroc, a été présenté comme « le grand témoin » de la nouvelle ère de la relation Maghreb-Afrique, du fait qu'il est décrit comme « le modèle d'intégration réussie ».

Alioune Gueye, commissaire général de l'événement phare "Hub Africa", a fait une communication sur le thème "Maroc-Tunisie : Une nouvelle diplomatie économique pour le co-développement en Afrique".