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L'Iran et l'Arabie saoudite veulent ''sécurité et stabilité'' au Moyen-Orient
L'Iranien Hossein Amir-Abdollahian et le Saoudien Fayçal ben Farhane ont assuré que les deux parties se sont engagées à poursuivre leur travail de rapprochement.
Les chefs de la diplomatie d'Iran et d'Arabie saoudite ont convenu jeudi à Pékin de travailler ensemble à "la sécurité, la stabilité et la prospérité" au Moyen-Orient, moins d'un mois après un accord surprise sous l'égide de Pékin pour normaliser leurs relations.
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Pékin a également affirmé vouloir œuvrer à ces objectifs au Moyen-Orient. La télévision d'Etat chinoise CCTV a salué "la première rencontre officielle entre les ministres des Affaires étrangères des deux pays en plus de sept ans", une avancée obtenue "sous la médiation active de la Chine".
L'Iranien Hossein Amir-Abdollahian et le Saoudien Fayçal ben Farhane ont assuré dans un communiqué commun publié à l'issue de leur rencontre que les deux parties se sont engagées à poursuivre leur travail de rapprochement.
"Les deux parties ont convenu de poursuivre la mise en œuvre de l'accord de Pékin et son application d'une manière qui accroisse la confiance mutuelle ainsi que les champs de coopération et qui aide à créer la sécurité, la stabilité et la prospérité dans la région", selon le communiqué.
Une porte-parole de la diplomatie chinoise, Mao Ning, a indiqué devant la presse que "la Chine travaillera avec les pays (de la région) pour mettre en œuvre des initiatives (...) afin de promouvoir la sécurité, la stabilité (et) le développement" au Moyen-Orient.
La rencontre des deux ministres à Pékin coïncide avec la venue du président français Emmanuel Macron et de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Les deux responsables européens souhaitent faire entendre la voix de l'Europe auprès du président chinois Xi Jinping, proche allié de Moscou qu'ils ne désespèrent pas de voir jouer un rôle pour la paix en Ukraine.
L'Arabie saoudite sunnite, premier exportateur mondial de pétrole, et l'Iran chiite, en désaccord avec les pays occidentaux sur ses activités nucléaires, avaient surpris le monde en annonçant le 10 mars vouloir rétablir leurs relations diplomatiques dans les deux mois, à l'issue de pourparlers menés secrètement en Chine.
Les deux pays avaient rompu leurs liens en 2016 après l'attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants dans la République islamique, à la suite de l'exécution par Ryad d'un religieux chiite.
Selon le ministère iranien des Affaires étrangères, les deux ministres "ont négocié et échangé des opinions en mettant l'accent sur la reprise officielle des relations bilatérales et les mesures à prendre en vue de la réouverture des ambassades et des consulats des deux pays". Ils "ont également discuté de questions bilatérales".
La télévision publique saoudienne Al-Akhbariya les a montrés échangeant une poignée de mains puis se parlant en souriant devant les drapeaux iranien et saoudien.
Ce rapprochement devrait permettre aux deux pays de rouvrir leurs ambassades d'ici mi-mai et de mettre en œuvre des accords de coopération économique et de sécurité signés il y a plus de 20 ans.
Il devrait être formellement célébré à l'occasion d'une visite du président iranien, Ebrahim Raïssi, à Ryad, à l'invitation du roi Salmane d'Arabie saoudite, un déplacement prévu après le ramadan, fin avril.
"Pas dérapé"
Ce climat de détente pourrait avoir des répercussions sur plusieurs conflits régionaux, notamment en Syrie et au Yémen, où les deux pays soutiennent des camps opposés.
L'accord à Pékin en mars marque l'engagement croissant de la Chine au Moyen-Orient, alors qu'elle restait jusque-là perçue comme réticente à s'impliquer dans les dossiers épineux de la région.
L'Iran et l'Arabie saoudite ont remercié en mars la Chine "pour avoir accueilli et soutenu les discussions" entre eux.
Ils ont également souligné le rôle de médiation joué par l'Irak et le sultanat d'Oman à partir du printemps 2021.
Emmanuel Macron a fait valoir que "le rapprochement entre l'Arabie saoudite et l'Iran est à saluer". "Je vous félicite de cette avancée tout à fait importante", a-t-il réagi.
Les Etats-Unis avaient pour leur part "salué" l'annonce du 10 mars, tout en soulignant qu'il restait "à voir si l'Iran remplirait ses obligations".
"La Chine étant un solide soutien de l'Iran, l'Arabie saoudite devrait être rassurée sur le fait que l'Iran respectera l'accord", juge Joel Rubin, un ancien sous-secrétaire d'Etat adjoint américain.
La rencontre de jeudi "suggère que le processus n'a pas dérapé depuis l'annonce faite par Pékin le mois dernier", estime Ali Vaez, spécialiste de l'Iran au sein de l'organisation International Crisis Group. "Mais il est encore trop tôt pour savoir s'il s'agit d'une détente tactique ou d'une étape vers un rapprochement stratégique."
Egypte et Bahreïn
Pour certains experts, cet accord pourrait remettre en question la domination traditionnelle au Moyen-Orient de Washington, ennemi juré de l'Iran.
Allié des Etats-Unis et autre adversaire de l'Iran, Israël observe avec inquiétude ce rapprochement irano-saoudien qui pourrait affecter les Accords d'Abraham, le processus de normalisation avec certains pays arabes.
En parallèle des négociations avec Ryad, Téhéran cherche à renouer les liens avec d'autres capitales qui, pour soutenir l'Arabie saoudite, avaient réduit leurs liens diplomatiques depuis 2016.
Ces derniers mois, les Emirats et le Koweït ont ainsi repris leurs relations diplomatiques avec l'Iran. Le processus est engagé avec Bahreïn, et l'Egypte pourrait suivre.
Mardi, Téhéran a nommé un ambassadeur à Abou Dhabi après près de huit années d'absence. Les Emirats avaient annoncé en août l'envoi d'un ambassadeur à Téhéran avec la volonté affichée de "renforcer les relations". (AFP)