L'Union africaine condamne les coups d'Etat et s'évite un débat houleux sur Israël

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Le président sénégalais Macky Sall (2g), nouvellement nommé à la présidence de l'Union africaine (UA), reçoit le drapeau de l'ancien président de l'UA, le président de la République démocratique du Congo (RDC) Felix Tshisekedi (2D), lors de la 35e session ordinaire du sommet de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, en Ethiopie, le 5 février 2022. (Photo par Amanuel Sileshi / AFP)

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Les dirigeants africains ont condamné dimanche "sans équivoque" la récente "vague" de coups d'Etat sur le continent, lors du sommet annuel de l'Union africaine (UA), où les discussions sur l'accréditation controversée d'Israël à l'organisation ont été reportées.

Les coups d'Etat qui ont secoué le continent durant l'année écoulée- le dernier au Burkina Faso il y a deux semaines - étaient un des sujets incontournables de l'agenda chargé de ce sommet, organisé dans la capitale éthiopienne Addis Abeba.

Les dirigeants africains ont "condamné sans équivoque (...) la vague de changements anticonstitutionnels de gouvernements" lors de la réunion du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, a déclaré son responsable Bankole Adeoye.

L'UA "ne tolèrera aucun coup d'Etat militaire sous quelque forme que ce soit", a-t-il ajouté, soulignant qu'"à aucun moment dans l'histoire de l'Union africaine, nous n'avons eu quatre pays suspendus en 12 mois: le Mali, la Guinée, le Soudan et le Burkina Faso".

Dans un discours samedi, le président de la Commission de l'UA, Moussa Faki Mahamat, avait lui aussi évoqué la "funeste vague" de putschs et pointé des "liens de causalité connus" avec le terrorisme.

Controverse repoussée 

L'UA a en revanche choisi de ne pas afficher ses dissensions sur le sujet sensible de l'accréditation d'Israël, une décision prise en juillet par Moussa Faki et qui divise l'organisation.

Plusieurs Etats membres, dont l'Afrique du Sud et l'Algérie, s'en sont indignés, estimant que ce choix allait à l'encontre des déclarations de l'organisation soutenant les Territoires palestiniens.

Les deux pays ont fait pression pour inscrire ce sujet à l'ordre du jour. Un débat prévu dimanche a été "suspendu", ont indiqué des sources diplomatiques, et un comité va être créé "pour étudier la question".

Ce comité comprendra l'Afrique du Sud et l'Algérie, mais aussi le Rwanda et la République démocratique du Congo, qui soutiennent la décision de M. Faki, ainsi que le Cameroun et le Nigeria, selon les diplomates interrogés.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a estimé que l'UA "a rejeté les tentatives de l'Algérie et de l'Afrique du Sud de révoquer" son accréditation, dans un communiqué indiquant que les conclusions du comité seraient connues lors du sommet de l'UA de 2023.

Ce report écarte l'éventualité d'un vote qui, selon des analystes, aurait pu provoquer une scission sans précédent dans l'histoire de l'UA, qui fête ses 20 ans.

Dans un discours à huis clos samedi, Moussa Faki a justifié sa décision, rappelant que 44 Etats membres "reconnaissent Israël et ont établi des relations diplomatiques avec cet Etat".

Une accréditation avec statut d'observateur d'Israël, octroyée aux Territoires Palestiniens depuis 2013, s'inscrit également "dans le soutien solennel à la solution des deux Etats", a-t-il affirmé.

Samedi, le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh avait demandé le retrait de cette accréditation, estimant qu'Israël ne doit pas être "récompensé" pour son "régime d'apartheid", reprenant une formule d'un récent rapport d'Amnesty International.

Les Etats non-africains accrédités peuvent assister à certaines conférences, accéder à des documents non-confidentiels de l'UA et présenter des déclarations lors de réunions les concernant.

Efforts de paix en Ethiopie 

Il n'est pas clair si le sommet, dont l'essentiel des sessions s'est déroulée à huis clos, a abordé la guerre qui fait rage dans le pays-hôte.

Le nord de l'Ethiopie est ravagé depuis 15 mois par un conflit entre forces progouvernementales et rebelles de la région du Tigré, qui a fait des milliers de morts et, selon l'ONU, mené des centaines de milliers de personnes au bord de la famine.

Bankole Adeoye a assuré que "toutes les situations de conflit étaient à l'agenda du sommet".

L'UA, dont le siège se trouve dans la capitale éthiopienne, est critiquée pour sa position dans ce conflit.

M. Faki a ainsi attendu août, soit neuf mois après le début des combats, pour nommer l'ancien président nigérian Olusegun Obasanjo comme envoyé spécial chargé d'obtenir un cessez-le-feu.

L'Ethiopie a également continué à siéger au Conseil de paix et de sécurité. Elle n'a toutefois pas été reconduite cette semaine pour un nouveau mandat, ont indiqué des diplomates.

M. Adeoye a estimé qu'il n'était "pas vrai" que l'UA a été lente à réagir : pour lui, "il était impossible que l'UA ne s'engage pas dans une telle situation, étant donné précisément sa situation en Ethiopie".

M. Obasanjo doit se rendre cette semaine dans les régions touchées par la guerre, a-t-il indiqué.