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Le Comité de l’ONU pour l'Elimination de la Discrimination Raciale place la France au banc des accusés
Youssouf Traore, membre français du Comité Vérité et Justice pour Adama, s'adresse à des journalistes devant un commissariat du 5e arrondissement de Paris, le 9 juillet 2023. Au lendemain de son arrestation lors d'une manifestation interdite par le pouvoir en mémoire de son frère Adama, Youssouf Traore a quitté l'hôpital le 9 juillet 2023 à la mi-journée. (Photo par Bertrand GUAY / AFP)
Le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l’ONU, agissant dans le cadre de ses procédures d'alerte précoce et d'action urgente, ‘’alarmé par le meurtre de Nahel M., 17 ans, d'origine maghrébine, par un policier en France, le 27 juin 2023’’, exprime dans une nouvelle déclaration ses profondes préoccupations devant ‘’la pratique persistante du profilage racial combinée à l'usage excessif de la force dans l’application de la loi [en France], en particulier par la police, contre les membres de groupes minoritaires, notamment les personnes d'origine africaine et arabe, qui se traduit fréquemment par des meurtres récurrents, de façon disproportionnée, dans une quasi-impunité’’.
Le comité Invite en conséquence ‘’le peuple français à revendiquer et à exercer ses droits de l'homme pacifiquement et dans le respect des valeurs consacrées par la Déclaration universelle des droits de l'homme’’. Il réitère également ‘’sa recommandation aux autorités [françaises] de s'attaquer en priorité aux causes structurelles et systémiques de la discrimination raciale, y compris dans l'application de la loi, en particulier dans la police’’ et ‘’demande instamment à la France de veiller rapidement à ce que l'enquête sur les circonstances qui ont conduit à la mort de Nahel M. soit approfondie et impartiale, de poursuivre les auteurs présumés et, s'ils sont reconnus coupables, de les sanctionner d'une manière qui soit à la mesure de la gravité du crime’’.
Une déclaration qui n’a pas manqué de provoquer la colère de Paris qui la trouve ‘’exagérée’’ au moment où sa police procédait à l'interpellation musclée du frère d'un jeune homme noir, dont la mort en 2016 a été érigée en symbole des violences policières en France. Youssouf Traoré a été interpellé samedi en marge d'une manifestation interdite à laquelle 2.000 personnes ont participé pour rendre hommage à la mémoire de son frère Adama, décédé peu après son arrestation par des gendarmes en juillet 2016 en région parisienne. Filmée par des témoins, la vidéo de son interpellation le montre plaqué au sol par plusieurs policiers. Blessé à l'œil, Youssouf Traoré a été hospitalisé. Selon une source proche du dossier.
Ces images ont provoqué des condamnations à gauche. "C'est une honte. Il n'y avait aucune raison. Tout se passait très bien", a tweeté la députée écologiste Sandrine Rousseau. "Une persécution en plus pour la famille Traoré", a déploré Eric Coquerel, du parti La France Insoumise
L’interdiction de cette manifestation et la violence policière contre le frère d’une victime de la brutalité des agent de la répression, c’est précisément ce que le comité onusien dénonce, ‘’réaffirmant les droits de réunion, d'expression et d'opinion pacifiques’’, exhortant ‘’la France de respecter pleinement ses obligations internationales, en particulier celles qui découlent de la Convention internationale sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale, à laquelle elle est partie’’ pour que cesse ‘’la pratique du profilage racial des membres des groupes minoritaires, qui prend la forme de contrôles d'identité excessifs, d'interpellations discriminatoires et de l'utilisation d'un langage raciste par les forces de l'ordre, crée un climat de tension permanente entre les forces de l'ordre et ces groupes’’.
Dans cette même déclaration, l’instance des Nations Unies appelle la France à ‘’adopter une législation qui définisse et interdise le profilage racial et à élaborer des lignes directrices claires à l'intention des responsables de l'application de la loi, en particulier de la police, qui interdisent le profilage racial dans les opérations de police, les contrôles d'identité discriminatoires et tout autre comportement raciste’’