L’espionnage dévoile ‘’l'implication directe de l'Occident collectif dans le conflit en Ukraine’’ souligne MOscou

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Le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, fait une déclaration à Berlin, le 3 mars 2024, à la suite de fuites des discussions secrètes sur la guerre en Ukraine. Le 2 mars 2024, une porte-parole du ministère allemand de la Défense a confirmé qu'une conversation secrète de l'armée de l'air avait été mise sur écoute après qu'un enregistrement reconnu authentique des discussions de l'armée allemande sur l'Ukraine a été divulgué sur les médias sociaux. (Photo par Tobias SCHWARZ / AFP)

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La diffusion en Russie d'une conversation confidentielle entre des officiers de l'armée allemande sur l'aide militaire à Kiev a provoqué une crise d'ampleur entre les deux pays.

Voici ce que rapporte l’AFP d'un scandale qui éclate au moment où la question du soutien occidental à l'Ukraine suscite de nombreuses tensions et interrogations. Edifiant !

Qu'est-ce qui a fuité ? 

Un enregistrement audio d'une conversation entre officiers de haut rang allemands a été diffusé vendredi sur les réseaux sociaux depuis la Russie en étant présenté comme datant du 19 février.

Il y est notamment question de l'hypothèse de la livraison à Kiev de missiles de longue portée Taurus, de fabrication allemande, que l'Ukraine demande. Dès samedi, Berlin a confirmé que l'enregistrement était authentique et qu'il avait été "intercepté".

Quels thèmes ont été abordés ? 

Les officiers évoquent des détails embarrassants à propos de possibles livraisons des Taurus, parlant d'un nombre allant jusqu'à cent pièces, dont la moitié lors d'une première tranche.

Ils abordent également l'option de frappes de missiles Taurus visant le pont de Crimée qui relie la péninsule de Kertch au territoire russe, l'un des officiers soulignant qu'il faudrait entre 10 et 20 missiles pour venir à bout de l'ouvrage. La péninsule de Crimée a été annexée en 2014 par Moscou.

Officiellement, Berlin refuse de livrer ces Taurus à Kiev, en évoquant d'un risque d'escalade du conflit car cela entraînerait, affirme le chancelier Olaf Scholz, l'implication de soldats allemands pour aider au maniement des armes.

Or, les officiers allemands interceptés jugent que cela ne serait pas forcément nécessaire.

Quel impact pour le chancelier Scholz ? 

Tout aussi gênant pour Berlin, on entend au cours de la conversation les officiers révéler des détails sur la manière dont le Royaume-Uni et la France aident l'armée ukrainienne à utiliser les missiles de longue portée Scalp/Storm Shadow, que les deux pays livrent à Kiev.

Le bureau du Premier ministre britannique a indiqué qu'un "petit nombre de personnels" étaient sur le terrain en Ukraine pour assurer la sécurité des diplomates et soutenir les troupes ukrainiennes, y compris des médecins, mais a refusé de commenter les questions opérationnelles.

Le ministère britannique de la Défense prétend que "l'utilisation par l'Ukraine (du missile) Storm Shadow et ses processus de ciblage sont l'affaire des forces armées ukrainiennes".

"Tous les services de renseignements européens sont présents en Ukraine. Mais ce ne sont pas des unités de combat", relativise bien sûr auprès de l'AFP une source diplomatique ukrainienne.

"Lorsque les Occidentaux nous livrent des armes, il faut des hommes pour accompagner, former, utiliser le matériel. Les experts sont sur le terrain. L'Ukraine aujourd'hui est le lieu qui sert de terrain d'essai pour de nouveaux matériels", précise cette source.

Quelles réactions en Russie ? 

Côté Kremlin, le porte-parole Dmitri Peskov affirme que les échanges qui ont fuité montrent "une fois de plus l'implication directe de l'Occident collectif dans le conflit en Ukraine".

"L'enregistrement lui-même témoigne qu'au sein de la Bundeswehr, on discute de manière détaillée et concrète de projets d'effectuer des frappes contre le territoire russe", a déploré lundi Dmitri Peskov.

Les autorités russes ont indiqué lundi avoir convoqué l'ambassadeur allemand, ce que Berlin a démenti, affirmant qu'il s'agissait d'un rendez-vous prévu de longue date.

Quelles réactions en Allemagne ? 

En Allemagne, c'est une déflagration. Le chef de l'Etat russe cherche "à nous déstabiliser", a accusé le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius, parlant "d'une guerre de l'information que Poutine mène".

Les responsables politiques y voient une manœuvre de Moscou pour faire pression sur le chancelier Olaf Scholz afin qu'il ne livre pas les missiles Taurus à Kiev, malgré les demandes répétées des Ukrainiens.

Le sujet suscite de vifs débat y compris au sein du gouvernement. Lundi, lors d'une visite au Monténégro, la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock a pris le contrepied du chancelier en jugeant que l'Allemagne "doit examiner attentivement tous les moyens dont nous disposons" pour aider l'Ukraine.

Cette fuite révèle aussi de graves failles dans la sécurité de l'armée allemande, accusée d'amateurisme et de légèreté dans la gestion de la sécurité. (Quid avec AFP)

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