Mali: la junte appelle à manifester pour contrecarrer les pressions

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Un drapeau malien levé lors d'une manifestation contre la Cédéao, à Bamako le 10 janvier

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Les militaires au pouvoir à Bamako ont appelé les Maliens à manifester vendredi contre les sanctions ouest-africaines, misant sur une mobilisation massive autour de la défense des intérêts nationaux pour faire pièce aux pressions internationales qui ne faiblissent pas.

Le gouvernement malien a lancé dès lundi, au lendemain des mesures de rétorsion "extrêmes" selon lui prises par l'organisation des Etats ouest-africains Cédéao, un appel "à une mobilisation générale sur toute l’étendue du territoire national" vendredi.

Le colonel Assimi Goïta, porté à la tête du Mali par un premier coup d'Etat en août 2020 et intronisé président "de la transition" à la suite d'un second en mai 2021, a exhorté les Maliens à "défendre (leur) patrie".

Dans la capitale, le programme orchestré par les autorités prévoit un début de rassemblement vers 12H00 (locales et GMT), suivi de la prière hebdomadaire et d'une série d'interventions conclue par celle du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga vers 17H00.

Le Mali, déjà plongé dans une grave crise sécuritaire et politique depuis le déclenchement d'insurrections indépendantiste et jihadiste en 2012, contre lesquelles l’intervention intéressée de la Français n’a pas pu grand-chose, fait face depuis dimanche à de lourdes sanctions de la Cédéao. Celles-ci punissent le projet des militaires de continuer à gouverner pendant plusieurs années, et l'engagement révoqué d'organiser en février 2022 des élections qui auraient ramené les civils à la tête du pays.

La fermeture des frontières de la Cédéao, l'embargo sur les échanges commerciaux (hors produits de première nécessité) et sur les transactions financières ainsi que le gel des avoirs maliens dans les banques ouest-africaines menacent dangereusement l'économie d'un pays parmi les plus pauvres du monde, éprouvé par les violences et la pandémie, enclavé et fortement tributaire des ports ouest-africains du Sénégal et de Côte d'Ivoire. 

Des compagnies ouest-africaines ainsi qu'Air France ont suspendu leurs vols vers Bamako. Le pays risque l'asphyxie faute de liquidités. Le Mali n'a pas pu réaliser une opération sur le marché financier régional mercredi. Il est "coupé du reste du monde", dit Kako Nubukpo, commissaire pour l'Union économique et monétaire ouest-africaine (Uémoa).

Les sanctions ont suscité un concert de réprobation au Mali. La Cédéao est accusée d'être l'instrument de puissances étrangères et un club dépassé de dirigeants coupés des populations.

L'ONU au travail 

La junte se drape dans la souveraineté nationale. Elle a demandé jusqu'à cinq années supplémentaires. Elle s'est dite incapable actuellement d'appeler les Maliens aux urnes en invoquant l'insécurité persistante sur un territoire dont les deux tiers échappent au contrôle des autorités. Elle réclame le temps de mener à bien des réformes essentielles selon elle et d'organiser des élections incontestables.

Aucune voix significative ne s'est élevée au Mali pour approuver la Cédéao. En revanche, un certain nombre pressent pour une reprise des discussions avec la Cédéao, s'inquiétant de l'isolement international du Mali.

Le colonel Goïta a assuré rester "ouvert au dialogue avec la Cédéao". 

Le chef de l'ONU Antonio Guterres a réclamé jeudi du gouvernement malien un calendrier électoral "acceptable", rappelant que la Cédéao pourrait alors lever graduellement les sanctions. 

Des partenaires du Mali aussi importants que la France et les Etats-Unis ont apporté leur soutien aux sanctions ouest-africaines. Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a indiqué jeudi que l'UE allait prendre des dispositions "dans la même ligne" que la Cédéao.

Le Mali a trouvé plus de soutien auprès de la Russie et la Chine.

Aucune sortie de crise n'est discernable pour le moment. Le secrétaire général de l'ONU a dit travailler "avec la Cédéao et l'Union africaine pour créer les conditions qui puissent permettre au gouvernement du Mali d'adopter une position raisonnable et acceptable pour accélérer une transition qui dure déjà depuis longtemps".