Mobilisation pro-palestinienne: évacuation manu militari en France, le mouvement d’étend aux USA et dans le monde

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Un manifestant évacué par des gendarmes français lors de l'évacuation d'un sit-in pro-Palestinien dans le hall d'entrée de l'Institut d'études politiques (Sciences Po Paris en France) àle 3 mai 2024. (Photo de Miguel MEDINA / AFP)

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Les forces de l'ordre sont intervenues vendredi à Sciences Po Paris pour évacuer les militants pro-Palestine, qui l'occupent depuis la veille: l'établissement et ses campus restent l'épicentre en France d'une mobilisation étudiante en faveur des Palestiniens, qui enflamme le débat politique. Le mouvement étudiant contre la guerre israélienne contre les Palestiniens continue de s'étendre aux USA et à travers le monde, alors que le président américain Joe Biden, après deux semaines de silence, a appelé à un retour à l'ordre. Près de 2.000 personnes ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains

Selon un étudiant de Sciences Po Paris (France) qui s'est exprimé auprès de la presse, "une cinquantaine d'étudiants étaient encore présents dans les locaux de la rue Saint-Guillaume" au moment où les forces de l'ordre sont entrés dans l'école, une semaine après une mobilisation émaillée de tensions à Sciences Po Paris et une précédente évacuation de locaux.

"La fermeté est et restera totale", a fait savoir Matignon. Gabriel Attal a "demandé l'intervention dès la réquisition de l'administrateur provisoire" de Sciences Po Paris, a-t-on précisé de même source.

L'administrateur provisoire de l'école, "Jean Bassères a appelé la police. Il a donné un ultimatum de 20 minutes pour sortir", en raison de "la tenue des examens à partir de lundi et qu'il faut les préparer à partir de demain", a déclaré à la presse Hicham, représentant du Comité Palestine, après sa sortie des locaux occupés.

Dans ce quartier huppé de Paris, la rue menant à Sciences Po reste bloquée par les forces de l'ordre. A son extrémité, quelques dizaines d'étudiants chantent "on est là, même si Sciences Po le veut pas, nous on est là" ou encore "vive la lutte du peuple palestinien".

Un rassemblement en soutien à la cause palestinienne est prévu vendredi 14h à Paris à l'appel de syndicats étudiants.

Aux Etats-Unis, les campus d'une quarantaine d'universités connaissent une vague de mobilisation, avec des interventions musclées de la police.

Place de la Sorbonne, à quelques centaines de mètres de Sciences Po Paris, l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) tient pendant une bonne partie de la journée une "table du dialogue", avec plusieurs invités, dont le dessinateur Joann Sfar ("Le chat du rabbin"). Seule une dizaine de personnes y participaient à la mi-journée

"Nous voulons prouver qu'il n'est pas vrai qu'on ne peut pas parler du conflit israélo-palestinien. Pour cela, il faut mettre de côté ceux qui pointent du doigt les étudiants juifs comme complices du génocide", a déclaré le président de l'UEJF, Samuel Lejoyeux, sur Radio J.

Ailleurs en France, plusieurs campus de Sciences Po Paris comme au Havre, Dijon, Reims ou Poitiers ont fait l'objet de perturbations, blocages ou occupations p.

Grève de la faim 

A Reims, "cinq à sept étudiants" ont entamé une grève de la faim, a indiqué à l'AFP une de ces étudiantes, qui n'a pas voulu donner son nom.

A Lyon, les forces de l'ordre sont intervenues vendredi pour évacuer des manifestants pro-palestiniens de l'institut d'études politiques (qui n'est pas rattaché à Sciences Po Paris).

Une fois à l'extérieur, des dizaines de manifestants ont chanté "Gaza, Gaza, Lyon est avec toi".

A Saint-Etienne, la police est également intervenue pour évacuer de nombreux d'étudiants qui bloquaient l'accès à un site universitaire.

A Lille, l'entrée de l'ESJ (l'école de journalisme de Lille) était toujours bloquée, selon une journaliste de l'AFP.

Jeudi soir, la direction de Sciences Po Paris - qui accueille dans la capitale 5.000 à 6.000 étudiants - avait annoncé la fermeture de ses principaux locaux et invité étudiants et salariés à faire du télétravail.

Après un débat interne sur le Proche-Orient organisé jeudi par la direction, que les étudiants du Comité Palestine ont jugé "décevant", ces derniers avaient effectué un "sit-in pacifique" dans le hall de l'école avant d'occuper le batiment. Plusieurs d'entre eux ont déclaré entreprendre une "grève de la faim" en "solidarité avec les victimes palestiniennes".

A l'issue de ce débat, l'administrateur provisoire de l'école, Jean Bassères, a répété qu'il n'était pas question, comme le réclament les étudiants, d'"investiguer" les relations de Sciences Po avec des universités israéliennes.

La mobilisation étudiante pour Gaza s'étend,

Le mouvement étudiant contre l'offensive israélienne dans la bande de Gaza continue de s'étendre à travers le monde, alors que le président américain Joe Biden, après deux semaines de silence, a appelé à un retour à l'ordre.

A six mois de la présidentielle, dans des Etats-Unis polarisés, le président démocrate a pris la parole sur ce thème susceptible de plomber sa campagne pour affirmer jeudi que "l'ordre devait prévaloir".

Cette déclaration intervient après une série de démantèlements manu militari par la police de campements pro-palestiniens, le dernier en date à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), où elle a interpellé des dizaines d'étudiants.

"Nous ne sommes pas un pays autoritaire qui réduit les gens au silence", a prétendu Joe Biden lors d'une courte allocution.

Auparavant, son adversaire républicain Donald Trump l'avait accusé d'inaction face au mouvement pro-palestinien. "Ce sont des tarés de la gauche radicale et il faut les arrêter maintenant", avait-il lancé à son arrivée à son procès à New York.

Depuis le 17 avril, une vague de mobilisation pour Gaza déferle sur les campus américains, dans une quarantaine d'universités, de la côte Atlantique à la Californie, évoquant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Près de 2.000 arrestations 

La police est intervenue à plusieurs reprises ces derniers jours pour déloger les protestataires. Près de 2.000 personnes ont été interpellées, selon un bilan établi par plusieurs médias américains.

Les étudiants appellent en particulier les universités à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël et dénoncent l'appui quasi inconditionnel des Etats-Unis à leur allié engagé dans une guerre d’extermination des Palestiniens.

A UCLA, les protestataires ont été interpellés jeudi un par un, menottés puis conduits à l'extérieur à l'issue d'un face-à-face tendu avec les policiers, selon un journaliste de l'AFP.

 "Environ 300 manifestants sont sortis volontairement tandis que plus de 200 ont résisté à l'ordre de se disperser et ont été arrêtés", a dit le président de UCLA Gene Block dans un communiqué.

La nuit précédente, des affrontements avaient éclaté sur ce campus quand des ‘’contre-manifestants’’, pour beaucoup cagoulés, avaient attaqué le campement pro-palestinien et tenté d'enfoncer une barricade. Manifestants et gangs cagoulés s'étaient ensuite affrontés à coups de bâton et de projectiles.

"Désinvestissement" 

Dans la nuit de mardi à mercredi, les policiers avaient déjà chassé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans la prestigieuse université Columbia, épicentre de la mobilisation estudiantine.

A rebours d'autres institutions, l'université Brown (Rhode Island, est) s'est accordée avec les manifestants sur le démantèlement de leur campement en échange d'un vote sur un éventuel "désinvestissement" de "sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza".

Une mobilisation qui inspire les militants pro-palestiniens à travers le monde, en France, en particulier sur des sites de la prestigieuse école parisienne Sciences Po, dont les principaux locaux seront fermés vendredi, à l'université McGill au Canada, et jeudi en Suisse, à l'Université de Lausanne (UNIL).

A l'université de Sydney, en Australie, des centaines de manifestants pro-palestiniens et pro-israéliens se sont retrouvés face-à-face vendredi.  Malgré quelques échanges tendus, les deux rassemblements sont restés pacifiques et la police n'est pas intervenue.

A Mexico, des dizaines d'étudiants pro-palestiniens de l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM), la plus grande du pays, ont dressé un camp jeudi dans la capitale, scandant "Vive la Palestine libre !" et "De la rivière à la mer, la Palestine vaincra !".

Les images de policiers anti-émeute intervenant sur les campus américains ont fait le tour de la planète et suscité une vive réaction en Israël. (Quid avec AFP)

 

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