Consommation intérieure et innovation technologique, le double pari de la Chine pour 2025

5437685854_d630fceaff_b-

.

1
Partager :

Par Al Mustapha SGUENFLE – Bureau de MAP à Pékin

Beijing - L’édition 2025 des "Deux Sessions", réunions annuelles de l’Assemblée nationale populaire (ANP) et de la Conférence consultative politique du peuple chinois (CCPPC) qui se sont conclues mardi, a révélé un double pari stratégique de la Chine, qui entend stimuler vigoureusement la consommation intérieure tout en accélérant ses avancées dans le domaine technologique.

Comme prévu par les analystes, le Conseil d’État (gouvernement chinois) a placé la stimulation de la demande intérieure au centre de sa stratégie économique pour l’année en cours.

Dans son rapport d’activité gouvernementale présenté mercredi dernier devant l’ANP, organe législatif suprême de la Chine, le Premier ministre Li Qiang a annoncé un objectif de croissance d’environ 5% pour 2025, tout en précisant que l’Exécutif accordera "une importance accrue à l’amélioration du niveau de vie et à la stimulation des dépenses de consommation".

Diverses dispositions ont été énumérées dans le cadre de cette orientation, notamment l’augmentation des revenus des ménages, l’allègement des restrictions d’accès au crédit et la promotion d’une consommation diversifiée.

Le géant asiatique semble donc privilégier cette année la dynamique de consommation intérieure, plutôt que le commerce extérieur et les investissements, comme premier levier de croissance économique.

Autre levier important de croissance, l’innovation technologique a été qualifiée par les principaux dirigeants chinois de "nouvelle force productive" essentielle au développement national.

Zheng Shanjie, président de la Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC), a souligné que Beijing apportera un soutien accru au secteur technologique, avec un doublement de l’outil de refinancement dédié qui passera de 500 milliards de yuans (environ 69 milliards de dollars américains) à 1 billion de yuans (138 milliards de dollars).

Le soutien au développement du secteur privé a constitué un axe essentiel de cette orientation, particulièrement au regard du succès de la start-up chinoise DeepSeek. À cet effet, les délibérations des "Deux Sessions" se sont attardées sur les moyens à même d’appuyer la contribution des "petits géants" à la croissance économique.

L’expression "petits géants" désigne, dans le contexte chinois, des petites et moyennes entreprises (PME) hautement spécialisées et innovantes, affichant une croissance soutenue (généralement d’au moins 5% annuellement sur trois ans) et occupant des niches technologiques stratégiques dans la chaîne d’approvisionnement mondiale.

Li Qiang a révélé que la Chine comptait 14.600 de ces "petits géants" en 2024, dont 416 sont actifs dans des secteurs liés à l’IA.

Le gouvernement a, par ailleurs, fait part de son intention de favoriser l’émergence d’un plus grand nombre de "licornes" (startups valorisées à plus d’un milliard de dollars) et de "gazelles" (startups affichant une croissance annuelle d’au moins 20% durant leurs quatre premières années).

"Nous encouragerons la croissance des PME qui utilisent des technologies spécialisées et sophistiquées pour générer des produits nouveaux et uniques, et soutiendrons le développement des entreprises "licornes" et "gazelles"", a affirmé M. Li.

Tout au long de la semaine durant laquelle se sont déroulés les travaux des "Deux Sessions" (4-11 mars), plusieurs députés de l’ANP et membres du CCPPC ont formulé des propositions allant de le sens d’un plus grand déploiement de l’IA dans divers secteurs, de l’éducation au sport, en passant par la médecine traditionnelle chinoise et la manufacture.

Certaines voix se sont toutefois exprimées en faveur d’un encadrement juridique plus rigoureux de cette question. Li Dongsheng, membre de l’ANP et dirigeant de l’entreprise d’électronique TCL, a ainsi préconisé la mise en place d’un système d’identification obligatoire pour les contenus élaborés par l’IA, permettant aux utilisateurs d’identifier la nature artificielle d’un contenu et réduisant les risques de fraude, d’usurpation d’identité et de violation de la vie privée.

lire aussi