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Ne me parlez pas de lois… Par Samir Belahsen

Dans tous les régimes autoritaires, la primauté de l'État sur la société se manifeste par la concentration du pouvoir entre les mains d'une sorte d’élite restreinte, de bande qui justifie ses actions par un supposé intérêt supérieur du collectif national.
« Je ne dis pas que Donald Trump est Hitler, mais il y a des parallèles. »
Jacques Attali
« Adolf Hitler aussi voulait ce que Donald Trump appelle la paix »
Philippe-Vincent Foisy
Quand Hitler disait « l'intérêt de l'État au-dessus de toute loi », Mussolini répétait : « La loi ne s'applique qu'à nos ennemis, pas à nos amis ». Napoléon plus impérial disait : « Je suis la révolution. »
Francisco Franco était plus direct « Je n'ai de comptes à rendre qu'à Dieu et à l'histoire, pas aux lois humaines »
Donald Trump, lui déclare : « Ne me parlez pas de lois alors que je sauve le pays"
Les régimes autoritaires se sont toujours distingués par leur capacité à subordonner la loi aux intérêts de l'État tels que dictés par le chef.
L'État, théoriquement un instrument neutre pour le bien commun des citoyens, se transforme dans ces régimes en une entité profondément centralisée et contrôlante, au service de la stabilisation et de la survie de ses leaders au détriment des libertés individuelles.
Il s’agit alors de minimiser le rôle du droit sous couvert de légitimité étatique, parfois divine, ces régimes tendent à établir un ordre où la domination l'emporte sur la justice.
La primauté de la loi ignorée, c’est la loyauté au pouvoir qui devient le critère ultime de légitimité et d'efficacité. Ces régimes autoritaires, se fondent sur des idéologies qui justifient la centralisation du pouvoir.
Ils émergent avec la promesse de stabiliser le pays, de lui assurer la grandeur et d'assurer la sécurité nationale, profitant parfois de crises pour légitimer leur autorité.
La concentration du pouvoir entre les mains du leader, la mise à l'écart des mécanismes démocratiques et la limitation des libertés individuelles sont justifiées par une vision messianique de l'État et par des doctrines de suprématistes, le citoyen doit une obéissance absolue.
Le totalitarisme
Le totalitarisme s'illustre par l’emprise totale sur tous les aspects de la vie publique et privée, souvent dirigée par une idéologie unique, globale et mobilisatrice. L’appareil de propagande est omniprésent.
L'autoritarisme met l'accent sur la soumission politique et la restriction des libertés civiles, l’influencer de la sphère privée y est limitée. Les régimes autoritaires visent d’abord la loyauté envers l'État, le chef ou le leader et parfois envers le parti ou même envers « la révolution », une certaine autonomie économique et culturelle tant qu'elle ne menace pas la stabilité du régime.
Tous les régimes autoritaires s'appuient sur une culture de la force et de l'efficacité et affichent clairement une méfiance assumée envers les institutions démocratiques qualifiées d’inefficaces.
Pour justifier la monopolisation du pouvoir on use et on abuse des sentiments nationalistes ou révolutionnaires et on exagère les menaces internes et externes. L'ordre, la discipline et la restauration de valeurs traditionnelles font un récit national qui tend à galvaniser, et à exacerber, un sentiment d'identité collective pour faire face aux ennemis fabriqués ou exagérés. On aboutit à un mythe du leader protecteur et providentiel qui aurait le droit de manipuler lois et institutions.
Adolf Hitler
Le führer du Troisième Reich, a toujours subordonné la loi aux besoins de l'État tels qu’il les définissait lui-même.
Toute opposition était écrasée au nom de l'intérêt national.
La subversion du droit permettait de légitimer ses politiques tyranniques, expansionnistes et racistes.
Benito Mussolini
Le leader du fascisme italien, a su modeler un État où les lois pouvaient être ajustées en fonction des besoins du moment, consolidant sa dictature tout en prétendant servir la grandeur de la nation italienne.
Napoléon Bonaparte
Napoléon a su utiliser la loi comme levier pour transformer la société française selon ses souhaits. Les textes Napoléoniens illustrent de comment un homme pouvait manipuler les structures légales pour éterniser son hégémonie et centraliser son pouvoir.
Francisco Franco et l'autorité divine
Francisco Franco, à la tête de l'Espagne franquiste, se voulait l'interprète d'une autorité divine la légitimité de son règne devient au-delà de la critique humaine. Prétendre à un mandat céleste justifie tout. La loi divine est le meilleur prétexte pour exercer un contrôle total et réprimer toute dissidence. La vision théocentrique de la loi justifie le maintien du régime sans opposition, sous couvert de foi, de destin ou même de fatalité.
La primauté de l'État sur la société
Ainsi, dans tous les régimes autoritaires, la primauté de l'État sur la société se manifeste par la concentration du pouvoir entre les mains d'une sorte d’élite restreinte, de bande qui justifie ses actions par un supposé intérêt supérieur du collectif national.
Alors la déconnexion avec les besoins réels des citoyens est automatique. Les institutions démocratiques, les corps intermédiaires sont subverties pour servir l'objectif de pérenniser le pouvoir de cette élite. Les slogans de justice sociale et l'égalité des droits s’évaporent. On se retrouve dans une atmosphère de peur, la violation des droits de l'homme devient systématique et institutionnalisée. Les libertés fondamentales sont alors bafouées devant l’exigence suprême de l'ordre public et la sécurité.
La répression politique devient un pilier central des régimes autoritaires pour étouffer et annihiler toute forme d’opposition ou de dissidence. Traquer, intimider, agresser, éliminer et réduire au silence les opposants, qu'ils soient manifestants pacifiques, journalistes investigateurs ou simples citoyens engagés, prend les formes les plus diverses. Pour cela les forces de sécurité, bénéficient d'une impunité totale. Des législations ambiguës se transforment en arsenal juridique pour éliminer la contestation et museler les oppositions.
Le contrôle de l'information
Dans les régimes autoritaires, la censure et le contrôle de l'information deviennent des outils de manipulation de la perception publique. Les médias d'État asservis par la propagande officielle, forment un monopole informationnel actif qui noie les voix dissidentes sous un flot continu de désinformation. Les critiques du régime sont censurées, les journalistes indépendants font face à des menaces, des arrestations, des jugements, voire des assassinats. La peur induit une sorte d’auto censure aussi. Les réseaux sociaux sont alors étroitement surveillés, et l'Internet est parfois restreint pour couper efficacement toute tentative d'organisation ou de solidarité globale.
La légitimation du pouvoir autoritaire
L'un des moyens les plus insidieux et les plus efficaces est la manipulation de l'histoire, de l'idéologie et de la religion pour créer une version des événements qui renforce le pouvoir autoritaire.
Il s’agit de façonner l'esprit collectif pour établir un lien inaltérable entre le dirigeant et la nation. L’idée est de créer une perception de stabilité et d'ordre perçue comme vitale pour la prospérité.
Propagande et culte de la personnalité
La propagande et le culte de la personnalité sont aussi des outils puissants au service des pouvoirs autoritaires pour cimenter leur emprise. À travers des médias sophistiqués et contrôlés, les dirigeants se présentent comme des figures quasi-divines, essentielles et omnipotentes.
La Manipulation des institutions juridiques
La loi devient alors un outil malléable, utilisé pour asseoir l'emprise du régime sur la société. Les dirigeants ajustent les lois pour consolider leur autorité et renforcer leur emprise, la légalité devient un écran de fumée pour masquer la tyrannie. Par des truchements juridiques, des tribunaux inféodés et des procès biaisés, le régime neutralise systématiquement les voix dissidentes, créant un climat de peur et d'inaction face aux injustices.
La primauté de l'État, de l’ordre et de la loi dans les régimes autoritaires est un outil de contrôle et de domination.
L'Histoire nous enseigne combien les leaders autoritaires ont constamment cherché à subvertir la loi pour servir leurs intérêts personnels, justifiant leurs actions par des idéologies qui placent l'État au-dessus de tout.
Face à ces régimes, les humains ont démontré une résilience impressionnante, résistant par des actions civiles, mouvements non violents, révolutionnaires et soulèvements populaires… Ils ont le plus souvent réussi, mais à quel prix.