Notre ami Macron et l’autonomie stratégique de l’Europe - Par Samir Belahsen

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Pour les Chinois, le nouvel ordre mondial devrait se faire avec une Europe moins vassale, ce que Xi JINPING a dû répéter à volonté devant un président Français plutôt réceptif.

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Le visiteur … Par Samir Belahsen

« La Chine est une chose gigantesque. Elle est là. Vivre comme si elle n'existait pas, c'est être aveugle, d'autant qu'elle existe de plus en plus ».

Charles de Gaulle 

« La pire des choses serait de penser que nous, Européens, devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain et à une surréaction chinoise »

« S’il y a une accélération de l’embrasement du duopole, nous n’aurons pas le temps ni les moyens de financer notre autonomie stratégique et deviendrons des vassaux alors que nous pouvons être le troisième pôle si nous avons quelques années pour le bâtir »

Emmanuel Macron

En 1949, la France n’avait pas reconnu la nouvelle République Populaire de Chine et maintenu ses relations avec le gouvernement de Tchang Kaï-Chek réfugié à Taïwan.

Les accords de Genève sur le conflit indochinois, sont pourtant signés entre Zhou Enlai, et Pierre Mendès-France. 

Le général de Gaulle va donner une nouvelle orientation aux relations franco-chinoises avec sa vision d’une politique basée sur trois grands principes: indépendance, grandeur et réalisme.

Le général refusait la bipolarisation et la Guerre froide qui privaient la France d’une diplomatie autonome. 

Notre ami le Président (actuel) est-il revenu de Chine plus gaulliste qu’avant ?

Son discours peut le laisser entendre sauf qu’il ne peut plus parler de rôle majeur de la France comme le faisait le général, mais seulement d’Autonomie stratégique de l’Europe.

Il faut reconnaitre que ce n’est pas la première fois.

Si dans les années 1970-1980, l'autonomie stratégique de l'Europe n'est pas encore un sujet central, l'Europe de l'Ouest se rapprochant des États-Unis dans le cadre de l'OTAN, tandis que l'Union européenne commençait à se structurer, la donne va changer sur le plan géopolitique avec l'effondrement du bloc soviétique et la fin de la guerre froide. L'Union européenne cherchera alors à renforcer son autonomie stratégique, notamment en développant une politique étrangère et de sécurité commune (PESC) et en créant des capacités militaires communes, comme la force de réaction rapide (FRR) en 2003.

Avec la crise ukrainienne de 2014 et les tensions croissantes entre les États-Unis et la Russie, l'autonomie stratégique de l'Europe devient un enjeu majeur. L'Union européenne pense à renforcer ses capacités militaires et à développer une défense commune, notamment avec la mise en place de la Coopération structurée permanente (CSP) en 2017.

En septembre 2017, lors d'un discours à la Sorbonne, Emmanuel Macron a appelé à la création d'une "Europe qui protège" et qui soit "autonome, unie et démocratique". 

Il a plaidé pour une "Europe de la défense" dotée d'un budget commun pour financer des opérations militaires et des équipements.

En novembre 2018, lors d'un discours devant les ambassadeurs français, Emmanuel Macron a appelé à la mise en place d'une "vraie armée européenne" pour faire face aux menaces extérieures. Il a également déclaré que l'Europe devait "se doter de capacités de défense communes, être capable d'agir de façon autonome et protéger ses intérêts vitaux".

En janvier 2019, Emmanuel Macron a appelé à "renforcer l'autonomie stratégique de l'Europe" et à "renforcer la coopération entre nos armées, nos industriels de défense et nos services de renseignement".

En novembre 2020, il a appelé à la création d'un "Conseil de sécurité européen" pour coordonner les politiques de défense des États membres de l'Union européenne. Il a plaidé pour une "autonomie stratégique de l'Europe" qui permette à l'Union européenne de "se protéger elle-même" et de "penser par elle-même".

On le voit, le discours d’Emmanuel Macron n’est pas nouveau, mais L’Union Européenne, jusqu'ici ne l’a jamais fait sien dans les faits. 

Pour les Chinois, le nouvel ordre mondial devrait se faire avec une Europe moins vassale, ce que Xi JINPING a dû répéter à volonté devant un président Français plutôt réceptif.

Les réactions au plaidoyer pour une « autonomie stratégique » européenne et aux déclarations sur Taïwan ont provoqué l’inquiétude de Taipei et ont choqué aux États-Unis ; mais c’est en Europe même que les réactions ont été virulentes.  Mark Rutte, le premier ministre néerlandais, qui résume bien les réactions des capitales européennes, n’y est pas allé par quatre chemins : « Être allié ne veut pas dire être vassal et l’Europe doit parler d’une seule voix. »

La guerre d’Ukraine a ainsi dévoilé les dépendances économiques et surtout énergétiques, donné corps à l'exigence jusque-là latente d'un nouvelle ordre mondial, mais elle aura aussi permis un début de clarification des divergences idéologiques.

Et dans ce jeu, le handicape de la France est son lent et sûr déclassement en plus de n’est pas de Gaulle qui veut !

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