Qatar: examens gynécologiques forcés sur des passagères après l'abandon d'un bébé à l'aéroport

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La ministre australienne des Affaires étrangères Marise Payne, lors d'une conférence de presse le 28 juillet 2020 à Washington

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Des passagères de vols au départ du Qatar ont été soumises début octobre à des examens corporels forcés après la découverte d'un nouveau-né prématuré dans les toilettes de l'aéroport international de Doha, un incident jugé "extrêmement perturbant" par l'Australie.

Un certain nombre de femmes, principalement australiennes, ont été débarquées de plusieurs avions et conduites dans des ambulances où elles ont subi des examens visant à déterminer si elles avaient accouché récemment.

Les faits, rapportés par la télévision australienne Seven News, se sont produits le 2 octobre et ont été révélés par des passagers australiens.

Débarquées des avions 

La ministre des Affaires étrangères, Marise Payne, a exprimé lundi dans des termes très fermes la désapprobation de l'Australie.

"Il s'agit d'une suite d'événements extrêmement, extrêmement perturbante, choquante, préoccupante", a déclaré Mme Payne. "Jamais de toute ma vie je n'ai entendu parler d'une chose pareille".

"Nous avons exprimé très clairement nos préoccupations aux autorités du Qatar", a poursuivi Mme Payne, ajoutant que la police fédérale australienne avait été saisie de l'affaire. Selon la ministre, la publication d'un rapport des autorités du Qatar sur cet incident est "imminente".

Une source à Doha informée d'une enquête interne a déclaré dimanche à l'AFP que des fonctionnaires "avaient forcé les femmes à subir des examens corporels invasifs, essentiellement des tests de Papanicolaou (des frottis, ndlr) forcés".

Le Qatar applique la loi islamique qui punit sévèrement les femmes qui tombent enceintes hors mariage.

Un avocat australien originaire de Sydney, Wolfgang Babeck, passager de l'un des vols affectés, a raconté à l'AFP que les femmes soumises à ces examens étaient revenues vers leur avion "dans un état de choc" après avoir dû dénuder la partie inférieure de leur corps pour être examinées par une femme médecin.

"Etat de choc" 

"Elles étaient toutes bouleversées, certaines étaient en colère, l'une pleurait, et personne ne pouvait croire ce qui venait d'arriver", a déclaré M. Babeck, qui estime que l'incident pourrait constituer "une violation du droit international".   

Outre les passagères australiennes, une passagère française a également été affectée, selon un responsable.

L'aéroport de Doha a indiqué que "le personnel médical avait exprimé ses inquiétudes aux responsables de l'aéroport concernant la santé et le bien-être d'une mère qui avait juste donné la vie et demandé à la localiser avant qu'elle ne parte".

"Les individus ayant eu accès au secteur de l'aéroport où le nouveau-né a été trouvé ont été invités à participer aux recherches", ont ajouté les autorités aéroportuaires, sans préciser ce qui avait été demandé aux femmes interrogées ni leur nombre.

En raison de l'incident, l'un des vols concernés, le QR908 de Qatar Airways à destination de Sydney, a eu quatre heures de retard, selon le site de surveillance Flight Radar 24.

Des femmes d'autres pays et d'autres vols ont subi des examens similaires. Une enquête est en cours au Qatar, selon Seven News.

Appel de l'aéroport 

L'aéroport de Doha a appelé dimanche à ce que la mère du bébé se manifeste, laissant penser que les examens n'avaient servi à rien.

"Le nouveau-né reste non-identifié, mais il est en bonne santé aux mains du personnel médical et social", a indiqué l'aéroport, appelant toute personne ayant des informations sur la mère à les communiquer.

Mme Payne a reconnu que des responsables australiens avaient été informés des faits par des passagers peu après le blocage d'un vol vers Sydney.

Sollicitée, la compagnie Qatar Airways n'a pas fait de commentaires dimanche.

L'affaire pourrait ternir la réputation du Qatar alors qu'il se prépare à accueillir des dizaines de milliers de visiteurs étrangers pour le Mondial de football en 2022.