A l’ère digitale, et surtout, à l’heure où les réseaux sociaux sont devenus le support d’information du public par excellence, la tendance générale est à considérer que la réalité est souvent omise, modifiée, altérée. Dès lors la question est de savoir si  cela ne représente pas de la non-information ? Ou peut-être faut-il plutôt garder une « âme démocrate », et laisser faire, laisser les gens s’exprimer, garder la liberté d’expression intacte, la préserver quelles qu’en soient les perversités ?

La règle est qu’il faut toujours avoir pour objectif d’améliorer sa liberté de parole, son pouvoir de dire les choses. Néanmoins le problème c’est que trop souvent le  « scoop » l’emporte sur le reste, la polémique sur le débat. Lorsque dans ce mouvement, dans ce flot d’informations, une polémique surgit, les fausses nouvelles qui l’accompagnent peuvent s’avérer être dangereuses. L’importance qu’ont les médias sociaux aujourd’hui dans nos vies fait donc qu’on peut croire et faire proliférer ces « fake news ». Une fausse vérité qui peut ainsi devenir partagée par le plus grand nombre.

Or lorsqu’il s’agit d’un délit grave comme c’est le cas pour Tarik Ramadan ou Saad Lamjarred par exemple, la présomption d’innocence, dont tout le monde devrait pouvoir bénéficier pourtant, n’a plus cours, sans se soucier que c’est contraire aux libertés individuelles et aux droits les plus fondamentaux et élémentaires de l’Homme.

Je ne parle pas ici bien évidemment des personnages cités en tant que tels, mais plutôt des statuts qu’ils incarnent, montrant ainsi que cela pourrait arriver à n’importe qui. C’est le cas de cette jeune jolie fille qui désirait chanter sincèrement pour son public, comme  Mennel Ibtissem dans l’émission The Voice. Il a suffi de quelques mots malheureux sur la toile pour que sa grâce et l’espoir qu’elle incarnait pour le peuple syrien et pour le peuple arabe en général s’évaporent. Elle ne sortira jamais victorieuse de l’émission, elle a dû abandonner le jeu.

Les contre-vérités, le complot et l’autorité du plus grand nombre sur cette toile virtuelle font donc que certains appuis, mais aussi certaines ambitions ne sont plus un acquis.

Reste à savoir si la vérité a réellement toujours sa place aujourd’hui ? La vérité est-elle toujours aussi importante ?  

Malheureusement, pour ceux qui utilisent très souvent la technologie, le sujet de la vérité n’est plus un sacro-saint principe. Beaucoup pensent, parmi ceux qui ont une activité commerciale en ligne, qu’il n’y a rien de mal à générer des profits quitte à… Beaucoup aussi cherchent à provoquer automatiquement des discussions, en postant divers articles et commentaires promotionnels sur le web, ce qui n’est pas si bête. Soit ! Mais à la fin, avec ces choses là, ne pas ou ne plus faire attention aux produits exposés risque de vous coûter cher.

Mais peut-être pas si cher que ça puisque c’est à chacun de profiter au maximum de son temps comme il le voit… que ce soit en postant ce dont il a envie ou en lisant ce qu’il aime lire lui et lui seul.

Dans cette logique, la vérité n’a plus son importance. Quant à la place qu’elle occupe, je crois qu’elle sera toujours quelque chose de subjectif,  la vérité est (peut-être) subjective au final, et conforme aux convictions de chacun.

Quant aux certitudes qui en découlent, les miennes n’en seront après tout pas moins vraies que celles des autres. Il ne reste donc plus qu’à trier « ce qu’on aime de ce qu’on n’aime pas », comme on dit dans le jargon de Facebook, et choisir par conséquent plus librement la plume qui nous convient le mieux, pour se confier, en tant que loisir, ou dans le cadre d’une profession qu’on apprivoise.