Sommet de l’Union Africaine : Sera-t-il à la hauteur d’un continent dans la tourmente ?

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Le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat

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Addis-Abeba - La paix et la sécurité sont sérieusement menacées dans plusieurs régions d’Afrique et dans certains Etats membres de l’Union Africaine (UA), a mis en garde, mercredi à Addis-Abeba, le Président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat. Tout pour les responsables africains est de savoir s’ils seront à la hauteur des attentes d’un continent menacé plus que jamais par la pauvreté, l’insécurité, les violences, l’instabilité et les entreprises de déstabilisation, le terrorisme, la tentation putschiste de ses militaires et les convoitises des puissances qui se livrent à une guerre, ici déclarée, là larvée, autour du nouveau partage du monde et du nouvel ordre mondial qui se dessine.  Ou une fois encore, une fois de trop, les petits calculs, les questions marginales et les égoïsmes nationaux vont l’emporter. 

Intervenant devant la 40è session ordinaire du Conseil exécutif de l’UA qui a entamé ses travaux avec la participation du Maroc, M. Faki Mahamat a relevé que «la paix et la sécurité sont sérieusement menacées dans plusieurs de nos régions et au sein de certains Etats membres», ajoutant que «les menaces se dévoilent sous plusieurs visages : conflits intra-étatiques, expansion du terrorisme meurtrier au Sahel, dans la Corne de l’Afrique, dans les régions des grands Lacs et en Afrique australe avec une volonté affirmée de déstabilisation à grande échelles des Etats fragilisés par des déficiences en matière de gouvernance politique, économique et sociale ».

Il a également déploré la résurgence des changements anticonstitutionnels de gouvernements qui se sont dangereusement multipliés ces derniers mois, notant que «ceci est un signe de cette grave déviance ».

«Les effets combinés de ces différents facteurs négatifs avec ceux des dégradations écologiques génèrent d’importants flux de réfugiés et de déplacés internes, amenant ainsi au premier plan des préoccupations d’ordre humanitaire», a-t-il souligné.

Evoquant la pandémie de la Covid-19 qui a frappé de plein fouet les économies africaines, M. Faki Mahamat a rappelé que depuis l’apparition de la pandémie il y a plus deux ans, elle n’a cessé de vouloir tenir en échec «nos différentes actions de riposte à travers la permanente mutation de ces différents variants ».

«L’impact socio-économique de la pandémie sur les économies africaines s’est traduit par la récession à laquelle se trouve confronté le Continent pour la première fois depuis des décennies. L’Afrique a connu une baisse d’activité de l’ordre 2%, aggravée par un accroissement de l’inflation, un alourdissement du fardeau de la dette, ce qui risque de compromettre la reprise économique post-Covid-19 envisagée», a dit le responsable africain.

Citant des études menées par la Banque africaine de développement, M. Faki Mahamat a affirmé qu’il faudra que l’Afrique mobilise 154 milliards de dollars pour apporter une réponse efficace à la crise économique engendrée par la pandémie de la Covid-19. «Dans ces conditions, nos attentes en matière de réalisation des ambitions de l’agenda 2063 seront sans doute révisées à la baisse», a-t-il déploré.

Au plan international, le Président de la Commission de l’UA s’est élevé contre «l’individualisme et les égoïsmes nationaux qui constituent une menace grave au multilatéralisme» et «réduisent et fragilisent tout élan de solidarité internationale».

Le Conseil exécutif de l’UA a ouvert ses travaux en présentiel au siège de l’organisation panafricaine à Addis-Abeba avec la participation du Maroc.

Lors de cette session, le Conseil exécutif examinera le projet d'ordre du jour, les projets de décisions et de déclarations avec les recommandations appropriées pour examen par les chefs d'Etat et de gouvernement lors du 35è Sommet ordinaire de l’Union, prévu les 5 et 6 février.

Le Conseil se penchera également sur le rapport de la 43è session ordinaire du Comité des représentants permanents, le rapport annuel de l'Union et de ses organes, les rapports des comités du conseil exécutif et des comités ad hoc, le rapport de la 3è réunion de coordination semestrielle, le rapport d'étape sur la pandémie de Covid-19 et ses conséquences socio-économiques sur les économies africaines, le rapport d'avancement sur l'opérationnalisation du CDC Afrique, le rapport d’étape sur l’incident survenu au Parlement panafricain (PAP) et le rapport d'avancement sur l'état de la mise en œuvre des décisions antérieures du Conseil exécutif et de la Conférence ainsi que sur l'examen de projets d'instruments juridiques.

Les ministres des Affaires étrangères vont procéder aussi à l’adoption du projet de l’ordre du jour du 35è Sommet de l’UA et les décisions de la 40è session du Conseil exécutif.

Parmi les moments forts de la session du Conseil exécutif, figurent notamment l'élection d'une femme vice-présidente du Conseil de l'Université panafricaine (UPA), l’élection et nomination de quinze membres du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union.