International
Témoignage : Un jeune migrant raconte son expulsion d’Algérie
«Ils nous ont laissés seuls dans le désert et nous ont dit de rejoindre la frontière nigérienne. Nous n’avions pas d’eau, pas de nourriture »
Le site d’information destiné aux migrants «InfoMigrants» a publié, ce jeudi 24 mai, un témoignage poignant d’un jeune Guinéen de 20 ans relatant les mésaventures qu’il a vécues après avoir quitté, l’été dernier, son pays pour réaliser son rêve de rejoindre l’Europe mais surtout les conditions inhumaines dans lesquelles il a été expulsé d’Algérie avec un groupe de ses compatriotes.
Sylla Ibrahima Sory raconte ainsi la descente effectuée par des gendarmes algériens dans la maison où il dormait avec des amis en octobre dernier peu après être arrivé à Alger et la procédure d’expulsion expéditive dont lui et ses amis ont fait l’objet.
«Ils nous ont demandé nos papiers, mais nous leur avons dit que nous n’en avions pas, que nous étions Guinéens, que nous venions d’arriver. Ils n’ont rien dit, ils nous ont juste demandé de monter dans des cars garés à côté. On a tout laissé sur place», témoigne-t-il au site lancé, le 30 mars 2017, par France Médias Monde (RFI, France 24), l’allemand Deutsche Welle et l’agence de presse italienne ANSA.
«Nous avons rejoint un endroit où on a pris nos empreintes, on a pris des photos de nous, puis nous sommes montés dans des bus. Il y avait beaucoup de monde, beaucoup d’Africains comme moi. La même nuit, nous avons quitté Alger à bord de ces bus pour rejoindre Tamanrasset», précise-t-il.
Après avoir roulé toute la journée et passé la nuit dans cette ville de l’extrême sud algérien, le jeune migrant guinéen poursuit que «le lendemain matin, très tôt, nous sommes montés dans des camions qui nous ont déposés quelque part dans le désert».
«Nous sommes tous descendus et les camions sont repartis presque immédiatement. Il n’y avait pas de femmes et d’enfants parmi nous, mais il y avait des personnes malades», souligne-t-il.
«Ils nous ont laissés seuls dans le désert et nous ont dit de rejoindre la frontière nigérienne. Nous n’avions pas d’eau, pas de nourriture. Certains avaient encore des petites bouteilles d’eau de la veille, c’est tout», relate-t-il.
Sylla Ibrahima Sory évoque ensuite la marche harassante entreprise, avec les autres, sous le soleil jusqu’à la frontière du Niger où une patrouille militaire nigérienne l’a acheminé vers Agadez avant son rapatriement vers son pays au mois de novembre 2017.