Sous la coupole, ?le d?bat ?sur ?? l?avortement, une question de soci?t頻 organis? par le groupe parlementaire socialiste fait bouger les lignes.
??Il faut d?malikiser la repr?sentation sociale de l?avortement et ?lib?rer ?le code p?nal de la doctrine mal?kite??. La recommandation du sociologue et auteur de nombreux ouvrages sur l?Islam, la sexualit? et le genre Abdessamad Dialmy va?r?sonner longtemps dans la salle marocaine du Parlement. ?Cet intellectuel qui n?en finit pas de faire bouger les lignes en proc?dant ? une lecture sans concession de la soci?t? marocaine ?sait de quoi il parle. Il est aujourd?hui l?un des meilleurs sp?cialistes de la sociologie de l?avortement.
Ce jeudi 2 avril le groupe parlementaire socialiste ? la chambre des d?put?s organisait une rencontre d??tude sur ??l?avortement, une question de soci?t頻. ?La question n?est pas nouvelle pour les usfp?istes qui ne c?dent pas ? un effet de mode hautement opportuniste depuis la d?cision royale appelant ? la r?flexion sur une r?forme de la l?gislation pour mettre fin ? l?avortement clandestin. ??Au dernier congr?s de l?organisation des femmes ittihadies, la l?galisation de l?avortement a ?t? grandement d?battue. Les militantes du parti avaient alors pouss? un cri du c?ur pour que cesse le drame de l?avortement clandestin??, rappelle Driss Lachgar. A l?ouverture de la journ?e d??tudes, le leader socialiste a plant? le d?cor. Pour les socialistes marocains, l?avortement est une question soci?tale et toute loi en la mati?re doit ?tre en phase avec le droit ? une vie digne et saine. ??Oui au droit ? la vie mais aussi au droit ? la libert? et au libre choix??mart?le D. Lachgar tout en appelant ?avec force ? l?Ijtihad d?oul?mas ?clair?s.
Quand le hanafisme autorise l?avortement
Et si les oul?mas ?clair?s regardaient justement du c?t? du rite hanafi, comme le propose A. Dialmy?? ??On ne peut pas r?duire l?islam ? la seule ?cole mal?kite. ?Force est de constater qu?il y a un caract?re doctrinaire mal?kite des articles anti-avortement du code p?nal marocain. ?Un caract?re qui ne prend pas en consid?ration les causes et circonstances de la grossesse (viol, inceste, handicap mental) ni le statut du f?tus. Plus encore, ces articles ignorent le pluralisme juridique islamique. Le hanafisme par exemple autorise l?avortement en cas de viol, d?inceste, d?handicap mental, de malformation du f?tus??, explique le sociologue.
Le d?bat sur l?avortement ne saurait se tenir valablement si la soci?t? continue de porter des ?ill?res et de tenir un discours hypocrite. ?La soci?t? marocaine ?volue, s?adapte ? l?air du temps, bref elle se s?cularise. ?Chez les jeunes, et tous les sociologues s?accordent ? le reconna?tre, il n?y a pas d?ill?galit? sexuelle juridique ou religieuse.
Selon une enqu?te effectu?e par le minist?re de la sant?, 56% des jeunes marocains (filles et gar?ons) ont des relations sexuelles superficielles avant le mariage. Ils sont 25% ? d?clarer avoir de tels rapports avec p?n?tration. La fr?quence des relations sexuelles avant le mariage est d?sormais un indicateur sociologique fort surtout lorsque l?on sait que l??ge moyen du premier rapport est de 16,5 ans pour le Marocain et de 17, 8 pour la marocaine.
??Au Maroc, on se marie plus tardivement. L??ge moyen ?de mariage est de 26 ans pour les filles et 31 ans pour les hommes. Soit 15 ann?es de plus de c?libat. 15 ann?es nouvelles qui donnent ? voir l??tablissement de relations nouvelles en dehors de la loi. De telles relations sont consid?r?es comme de la d?bauche et sont punies par la loi au m?me titre que l?avortement. ??Ce qui me fait dire qu?il est temps de faire de la loi une passerelle pour que la soci?t? aille de l?avant?? fait valoir le sociologue Driss Bensa?d. ?L?universitaire l?affirme sans ambages?: il faut r?former la l?gislation relative ? l?avortement. Mais attention, pr?vient-il, il faut se garder de faire preuve d?une vision parcellaire. ???Sur les plans politique et juridique, les questions relatives aux femmes montrent l?omnipotence d?une tutelle. Aujourd?hui, le mouvement progressiste de gauche est invit? ? clarifier son projet de soci?t? en red?finissant les priorit?s soci?tales.?
Pour une politique p?nale fond?e sur le genre
La n?cessaire r?forme de la loi. L?avocate et activiste des droits des femmes Khadija Rougany est ?formelle?: il ne faut pas s?en tenir au seul amendement de l?article 453 du code p?nal interdisant l?avortement. Dans les rangs du ?mouvement f?minin auquel elle appartient, on ?en appelle ? une r?forme globale du code p?nal dont la structure m?me ignore les droits des Marocaines. ?Nous militons en faveur d?une politique p?nale fond?e sur le genre. Quant ? la question de l?avortement, elle devrait s?inscrire dans le cadre de la libert? de la femme ? prendre ses propres d?cisions comme celle d?enfanter ou pas. ?Les articles sur l?avortement sont ins?r?s dans le chapitre relatif ? la protection de la famille et la morale. Pour moi, c?est lourd de sens??, soupire Me Khadija Rougany.
L?article 453 du code p?nal criminalise l?avortement et le punit de 5 ? 20 ans d?emprisonnement. Chez nous, il est autoris? dans les seuls cas o? la sant? ou la vie de la m?re est en danger et apr?s autorisation du mari. R?sultat, l?avortement clandestin, m?dicalis? ou pas, est devenu un v?ritable drame au Maroc. Environ 600 avortements clandestins sont tous les jours effectu?s dans des conditions sanitaires souvent catastrophiques.
A la t?te de l?association marocaine de lutte contre l?avortement clandestin,?Chafik Chra?bi a ?t? un pionnier dans ce combat qui lui a r?cemment co?t? sa carri?re. Ce qui ne l?emp?che pas de plaider pour un amendement de l?article 453 qui ?autoriserait l?interruption de grossesse si ?? la sant? physique, mentale et sociale de la m?re est menac?e.?? ??C?est ? travers un cadre juridique clair que nous pourrons ?viter les drames et les vies humaines d?truites que je rencontre tous les jours??, conclut Pr Chra?bi.