Ceux qui n'ont pas vu venir une crise entre l'Egypte et le Maroc ont tort. Ceux qui lui donnent des dimensions qu'elle n'a pas ont tort ?galement. Les Egyptiens, ayant ferm? la parenth?se des Fr?res Musulmans au pouvoir, n'ont jamais vu d'un bon ?il le fait que le Maroc maintienne au pouvoir un parti qui constitue, pour eux, le prolongement de l?internationale fr?riste. Les monarchies du golfe, ? part le Qatar, ne se sentent pas ? l'aise avec Benkirane, mais, contrairement aux Egyptiens, disposent d'une bonne connaissance du syst?me et de la situation au Maroc. Ils veillent ? ce que leur soutien financier et politique au Maroc renforce la position du roi et la stabilit? au pays, sans pour autant aller jusqu'? l'ing?rence dans ce qui rel?ve de la souverainet? nationale. Les Egyptiens ont, par contre, r?agi d'une fa?on inappropri?e ? une situation qu'ils ont mal analys?, ce qui est bizarre au vu des ?liens entre Marocains et Egyptiens et des capacit?s dont dispose l'Egypte pour analyser et agir convenablement. Par opportunisme, le pouvoir alg?rien a profit? de l'hostilit? du pr?sident Al Sissi aux islamistes et de la situation ?conomique difficile en Egypte pour gagner des points contre le Maroc et les Marocains. Impliquer l'Egypte, avec ce qu'il repr?sente dans le monde arabe, dans le conflit entre le Maroc et l?Alg?rie ?du c?t? des Alg?riens marque un changement, d'une grande port?e, dans la position ?gyptienne et arabe, hostile au s?paratisme depuis toujours, d'une part et un renforcement d?influence, achet?e au prix fort, dans les structures de l'UA. Les gouvernants alg?riens cultivent ?aujourd'hui l'illusion de pouvoir imposer leur h?g?monie en Afrique du Nord gr?ce aux dollars, ce qui ne les emp?che pas de r?ver de transformer l'Egypte, avec son histoire et son poids, en simple satellite. Le ridicule ne tue pas. Plus grave encore, les gouvernants alg?riens croient ?possible ?galement ?de manipuler l'Egypte pour porter atteinte ? la relation entre le Maroc et les pays du golfe, ce qui ?prouve que leur intelligence est limit?e pour comprendre les enjeux d'une alliance strat?gique solide et des relations bas?es sur des bases solides et non sur le marchandage. Les actions de certains journalistes ?gyptiens contre notre int?grit? territoriale d?rogent ? la tradition nationaliste arabe, bien enracin?e en Egypte, et ? la profondeur historique, terme-cl? de l??uvre phare de feu Anouar Abdelmalek ??Dialectique Sociale??, ?de l?Egypte en tant que nation et portent atteinte aux relations entre Marocains et Egyptiens. L'anti-islamisme, les int?r?ts et les calculs non convergents parfois ne doivent en aucun cas amener ? agir contre l'int?grit? territoriale d'un pays fr?re, ayant toujours exprim? sa solidarit? avec l'Egypte et le peuple ?gyptien. Ce qui a ?t? diffus? par deux cha?nes marocaines est, certes, inappropri?. Car on ne r?agit pas ? ce qui est senti comme une provocation, et elle l'est vraiment, par voie de presse, officielle en plus. On ne corrige pas l'erreur par l'erreur et on ne sert pas, sur un plateau en or, ceux qui cherchent ? tout prix ? voir le Maroc d?railler et perdre son chemin. La voie diplomatique, en plus des relations multiformes, et profondes, entre Marocains et Egyptiens peuvent r?gler des diff?rends ,appel?s ? dispara?tre. Il est impossible, ? mon sens, que l'Egypte et les Egyptiens soient acquis un jour ? une cause s?paratiste dans le Monde Arabe o? en Afrique. Leur histoire prouve qu'ils ont agi pour l'unit? et non le contraire. Un changement de cette ligne de conduite ne serait pas dans son int?r?t. Les moments difficiles passent et l'Egypte demeurera ?gale ? elle-m?me. Nos m?dias audiovisuels souffrent d'un d?ficit de formation adapt?e ? leur mission. Ce d?ficit est plus qu'inqui?tant ? la Une.