Aux barbouzes algériens : ''Le canular des officiers libres est usé, relisez vos archives ! '' - Par Omar Dahbi

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Le journaliste espagnol Ignacio Cembrero, alias Abdelhak

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En lisant un peu partout dans la presse algérienne cette histoire montée de toutes pièces sur la prétendue naissance d’une « organisation des officiers libres » au Maroc, je ne pouvais me retenir de me rappeler cette matinée du mercredi 11 février 2004 où je me tenais debout, à la Cour d’appel de Casablanca, devant le grand magistrat Me Mustapha Farès entouré de ses assesseurs.

J’y étais accusé par le journaliste espagnol Ignacio Cembrero de l’avoir diffamé car plusieurs semaines plus tôt j’avais écrit un article que j’avais intitulé : « Vol au-dessus d’un nid d’espions ». Il révélait, entre autres, qu’Ignacio Cembrero était activement impliqué dans le complot visant à faire croire à l’existence d’une rébellion au sein de l’armée marocaine, en recourant, avec ses complices, à la méthode de désinformation dite « le cercle vicieux de l’information ». Cette méthode consiste à ce qu’un média passe une petite brève portant une fausse information, laquelle est relayée par un média plus important, puis par une agence de presse (dans ce cas, c’était l’AFP),  et le tour est joué. D’autres médias, craignant d’être en retard sur l’affaire, commencent à relayer fortement l’intox. Entre temps, la source aura été diluée et la fausse information acquiert la force de la chose publiée aux yeux du consommateur final de l’information, lecteur, auditeur, internaute ou téléspectateur soit-il. 

En cette fin de matinée du 11 février 2004, j’expliquais tout cela devant la Cour quand Me Farès, avec son regard de juge aguerri me dit : « Mais, pouvez-vous expliquer pourquoi vous avez pris l’initiative d’écrire tout cela, l’État a ses propres moyens et peut, lui-même, se défendre face à ce genre de complots ? ». Une question qui m’a tellement pris de court que je répondis en toute spontanéité : « Monsieur le juge, j’ai appris depuis mon enfance que quand son pays est agressé par l’ennemi, tout citoyen a l’obligation morale de prendre la première arme qui lui tombe sous la main et de se diriger vers le front. La défense de la patrie n’est pas la mission exclusive de l’Etat, elle concerne tous les citoyens. Et comme dans ce cas, la guerre qui visait mon pays était médiatique et l’ennemi utilisait la désinformation comme arme, en tant que journaliste, je suis monté spontanément au front pour face aux ennemis de mon pays, et j’ai écrit mon article qui a révélé comment et qui a créé cette fausse information sur un pseudo mouvement imaginaire d’officiers libres au Maroc ». En arrivant à la fin de mon propos, l’honorable magistrat Me Farès, aussi inébranlable soit-il, eut beaucoup de peine à cacher un petit sourire. 

Revenant à mon siège, je n’oublierai jamais ce « Bravo mon garçon » que m’avait chuchoté feu Khalil Hachimi Idrissi, mon ami et mentor, et le directeur d’Aujourd’hui Le Maroc, que Dieu ait son âme, poursuivi au même titre que moi conformément au Code de la presse qui considère que le directeur d’une publication est toujours « complice » d’un article publié sous sa direction même s’il n’en est pas l’auteur. 

Pour l’histoire, je rappellerai que le 22 avril 2004, la Cour, présidée par l’honorable Magistrat Me Mustapha Farès, nous acquitta, Khalil Hachimi Idrissi, mon cher confrère et ami Abdellah Chankou, dans un verdict qui a fait histoire par le très haut niveau de son argumentation et sa magistrale conclusion. 

J’ai tenu à reraconter cette histoire pour tous ceux qui n’avaient pas vu cette saison 1 du feuilleton des « Officiers libres » afin qu’ils sachent que ce remake version algérienne est aussi stupide, mal rédigé et maladroitement mis en scène que le premier. Et aux services algériens, je suis tenté de dire : « De grâce, relisez les archives de vos prédécesseurs avant de tomber dans le plagiat d’une manière aussi ridicule ». 

Omar Dahbi 

Éditorialiste-auteur

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