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Bourita : Bien qu’impérative, l’approche sécuritaire est insuffisante à elle seule pour faire face aux défis complexes de l’Afrique
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Nasser Bourita, ministre des AE marocains au2e Forum des présidents des Commissions des Affaires étrangères des parlements africains
Rabat, - Le Roi Mohammed VI a fait du continent africain une pierre angulaire de sa politique étrangère du Maroc, a affirmé, jeudi à Rabat, le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita.
Intervenant à l’ouverture du 2e Forum des présidents des Commissions des Affaires étrangères des parlements africains, organisé sous le thème "Vers la mise en place de fondements durables pour la stabilité et la sécurité en Afrique", M. Bourita a souligné que le Maroc est profondément convaincu d’une vision globale fondée sur la promotion de la paix, de la sécurité et du développement, le respect de l’intégrité territoriale des pays et des principes de bon voisinage, la non-ingérence dans leurs affaires internes et sur l’appel à ne pas abriter des groupes terroristes et séparatistes menaçant la stabilité de l’Afrique.
Le Royaume a toujours fait part de sa ferme conviction de la corrélation entre les éléments du nexus sécurité, paix et développement, et que l’approche purement sécuritaire, bien qu’elle soit obligatoire, est insuffisante à elle seule pour faire face aux défis complexes du continent, d’où la nécessité d’une vision globale intégrant les dimensions sociale et économique afin de garantir une paix et une prospérité durables.
Cette ferme conviction du Maroc illustre "l’optimisme africain" caractérisant l’engagement africain global du Royaume, a-t-il précisé, soulignant que le Roi Mohammed VI croit profondément en l’Afrique.
M. Bourita a ainsi souligné que le Maroc, qui fait confiance au potentiel de l’Afrique, y voit des opportunités "là où d’autres ne perçoivent que des problèmes", ajoutant que le Royaume privilégie les solutions durables, même si elles sont difficiles et longues à mettre en œuvre. "L’engagement du Maroc envers l’Afrique est un engagement pour le bien-être du continent et non pas de simples slogans creux", a poursuivi M. Bourita.
"Dans Ses discours, Sa Majesté le Roi insiste constamment sur l’audace, l’esprit d’initiative et le sens élevé de responsabilité", a relevé le ministre, affirmant que relever les défis internes et externes est tributaire "de notre capacité à conjuguer esprit d’initiative et flexibilité ".
Il a cité, à cet effet, plusieurs exemples d’initiatives lancées par le Royaume à l’égard du continent africain, expliquant qu’en réponse au défi de l’aide au développement, Sa Majesté le Roi avait décidé, en 2000, l’annulation de la dette des pays africains les moins avancés et la suppression totale des droits de douane sur leurs produits.
M. Bourita a reppelé également la tenue en 2016, sur initiative du Souverain, du Sommet Africain de l’Action et la création de trois commissions dédiées au climat, ainsi que l’Initiative "Triple A" visant à faire face au défi de la sécurité alimentaire, devenue aujourd’hui une référence en la matière.
Afin de relever le défi du développement global, le ministre a mis en avant l’importance de l’Initiative Atlantique visant à faciliter l’accès des pays du Sahel à l’Océan Atlantique, évoquant aussi l’initiative royale visant à faire face au défi de la sécurité énergétique, à travers le lancement par le Roi et le Président nigérien du projet du gazoduc Nigeria-Maroc.
Il a mis en évidence l’un des principaux fondements de la politique africaine du Maroc, plaçant l’être humain au cœur de l’action africaine, affirmant que les visites Royales effectuées par le souverain dans divers pays du continent ont été une occasion de se rapprocher des populations, des dirigeants et des élites politiques, économiques, intellectuelles et culturelles, ainsi que de la réalité concrète de ces pays, des aspirations de leur jeunesse et des attentes de leurs divers acteurs.
M. Bourita a relevé l’importance capitale accordée par le Maroc à la dimension humanitaire dans sa coopération avec les pays africains frères, assurant qu’il s’agit d’une coopération qui donne constamment la priorité à l’exécution de projets tangibles bénéfiques aux populations, notamment dans les secteurs de l’enseignement, de la santé, du développement et de l’habitat.
Selon lui, l’engagement africain du Royaume est une illustration de sa forte appartenance au continent, du fait que la politique africaine du Maroc n’est pas une simple politique de voisinage. "L’Afrique n’est pas uniquement un voisinage du Royaume, mais plutôt une terre d’identité et d’appartenance géographique et historique", a-t-il dit.
"En plaçant l’Afrique au cœur de la vision de sa politique étrangère, le Maroc se trouve ainsi dans sa position naturelle", a noté M. Bourita, ajoutant que tout ce qui concerne l’Afrique touche directement le Maroc. "Notre stabilité est directement liée à celle de notre continent et notre développement dépend de celui de l’Afrique", a-t-il affirmé.
Par ailleurs, M. Bourita a souligné l’importance majeure de ce Forum, dans la mesure où il s’agit d’une "illustration concrète de la prise de conscience que nous avons atteint, nous Africains, quant à l’impératif de conjuguer les efforts et d’œuvrer côte à côte pour l’édification d’un avenir prospère pour les générations actuelles et futures de notre continent".
L’importance de cet événement, a-t-il fait observer, découle, en outre, des grandes mutations que connait le monde actuellement, caractérisées par l’enchevêtrement et la complexité des intérêts et la multitude des acteurs sur la scène internationale, notant que la "diplomatie traditionnelle" n’est plus capable, à elle seule, de garantir l’atteinte des objectifs escomptés. Il a jugé nécessaire de réfléchir à de nouveaux mécanismes à même d’accompagner les développements accélérés.
C’est dans cette optique qu’intervient le rôle des parlements sur la scène des événements internationaux, a-t-il poursuivi, relevant que les institutions législatives, outre leurs fonctions traditionnelles d’exercice de contrôle sur l’action du gouvernement, sont plus que jamais appelées à assumer de nouvelles missions en tant que force de proposition et laboratoire d’idées et d’initiatives à même d’apporter des contributions constructives.
Et de conclure que la 2è édition du Forum parlementaire des présidents de Commissions des Affaires étrangères des Parlements africains est une source d’optimisme, faisant observer que suite à la première édition de ce Forum, organisée en 2023 à Rabat, celle de 2025 vient consolider le processus d’institutionnalisation de cet événement d’envergure, de manière à assurer sa durabilité et de l’ériger en cadre officiel de l’effort collectif visant à consacrer une identité africaine claire et ambitieuse en termes d’objectifs, et à consolider les choix stratégiques du continent.