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Diplomatie : L’anachronisme algérien - Par Taieb Dekkar
Le discours de l’Algérie au Conseil de sécurité semble être en recul de cinq décades au moins, car il tient à une fibre idéologique aujourd’hui révolue et anachronique, datant de la guerre froide.
Je ne pense pas que Ahmed Attaf, ministre algérien des affaires étrangères, qui a affirmé que le plan d’autonomie marocain est une fiction (Khourafa) soit personnellement convaincu de tels propos, lui qui avait, avant de reprendre du service, depuis sa retraite, souligné que le Maroc était en avance par rapport à son pays, de plusieurs décennies, de par le niveau de ses liens avec l’OTAN, l’Union européenne et ses relations avec plusieurs pays africains.
Certes, il n’évoquait pas la question du Sahara, mais les percées diplomatiques et économiques du Royaume avec le reste du monde, et ce, bien avant la reconnaissance par les Etats unis de la souveraineté du Royaume du Maroc sur l’ensemble de son Sahara. Depuis Décembre 2020, le ralliement à la décision américaine s’était encore amplifié davantage, avec l’adhésion de l’Espagne, de l’Allemagne, de la France et de plusieurs autres pays européens et africains, qui avaient même ouvert des consulats dans les chefs-lieux du Sahara marocain Laayoune et Dakhla.
Cinq décennies de retard
Pour Ahmed Attaf, dont l’hostilité au Maroc constitue un élément biographique regrettable, le plan d’autonomie marocain se réduirait à deux pages. Et à son avis, le plan d’autonomie marocain n’aurait pas suscité l’enthousiasme de la communauté internationale, alors que le Conseil de sécurité lui-même, la plus haute instance chargée de la paix mondiale, se félicite des efforts sérieux et crédibles du Maroc pour le règlement de cette question, se référant bien évidemment au plan d’autonomie marocain. De plus, et M.Attaf le sait parfaitement, le plan d’autonomie marocain a été reconnu comme sinon l’unique, l’une des options réalistes et sérieuses de règlement par les Etats unis d’Amérique, l’Espagne, La France, l’Allemagne et plusieurs pays européens, arabes et africains.
Le discours de l’Algérie au Conseil de sécurité semble être en recul de cinq décades au moins, car il tient à une fibre idéologique aujourd’hui révolue et anachronique, datant de la guerre froide. Si Alger défend à tout prix la thèse d’un référendum d’autodétermination, pourquoi son représentant à New york a-t-il fait preuve d’une grande agitation, après le rejet par vote de ses propositions au Conseil de sécurité, lors de sa dernière session d’octobre !
Le rejet des amendements algériens vient, une fois de plus, démontrer que la thèse algérienne est éculée et que personne ne prend plus au sérieux le discours de la junte militaire algérienne sur le dossier du Sahara. L’Algérie gère ce dossier avec beaucoup de passion, de légèreté, d’hystérie et de surexcitation, allant jusqu’à vouloir dicter et imposer à la France et à l’Espagne la position qui est la sienne sur la question du Sahara, ou à défaut, prendre des mesures de rétorsion contre ces pays, voire engager contre eux des campagnes haineuses de propagande.
Ce que l’on peut attendre du médiateur onusien Staffan De Mistura
Bien évidemment, le Maroc n’a pas fait un étalage exhaustif de son plan d’autonomie, car le concept d’autonomie est connu dans le monde et est même pratiqué dans certaines grandes démocraties occidentales. Si le principe est adopté par le Conseil de sécurité, le Maroc déclinera sa vision complète du plan d’autonomie, qui est sujette à négociations.
Il y’a lieu d’espérer que le médiateur onusien Staffan De Mistura saisira l’opportunité de la session d’avril prochain pour proposer au Conseil de sécurité le plan d’autonomie marocain comme unique option de règlement de ce dossier, parrainée par plusieurs grandes puissances, dont les Etats unis, et plus particulièrement les anciennes puissances coloniales.
Il est aujourd’hui interpellé pour s’inscrire dans la tendance recommandée implicitement par le Conseil de sécurité depuis 2007, dans ses différentes résolutions, en sachant que « le peuple sahraoui », qui est hébergé à Tindouf et dont Alger refuse jusqu’ici le recensement et l’identification, ne totaliserait pas 15.000 âmes, si l’on excluait les réfugiés recueillis d’autres pays du voisinage dans le Sahel pour amplifier les chiffres. Le peuple sahraoui authentique est resté dans les provinces prospères marocaines du sud et une toute petite minorité de séparatistes avaient été séduites par les projets illusoires et utopiques de la junte d’Alger qui entendait ainsi contrecarrer toutes éventuelles revendications territoriales marocaines à l’ouest et au sud de l’Algérie.