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Droit de grève : Le gouvernement prêt à apporter ''des amendements de fond'', l’UMT boycotte le rencontre avec le ministre
Miloudi Moucharik, secrétaire général de l’UMT
Rabat, - Le gouvernement est prêt à apporter "des amendements de fond" au projet de loi organique relatif à la grève, et ce, en réponse aux revendications des travailleurs, a affirmé, mercredi à Rabat, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri.
Le gouvernement est convaincu que la promulgation de ce texte vital est à même d’accompagner les évolutions sociales et économiques, et d’assurer l’exercice du droit de grève sans compromettre la liberté du travail, a fait savoir le ministre dans une déclaration à la presse à l’issue d’une réunion avec des représentants des centrales syndicales et de la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).
L’Exécutif, a-t-il ajouté, œuvre de concert avec les partenaires sociaux dans le cadre du dialogue social pour aboutir à l’adoption de cette loi de la meilleure façon possible, afin de répondre aux attentes des travailleurs.
Pour M. Sekkouri, ce travail collectif vise à rapprocher les points de vue sur un certain nombre d’observations essentielles, notamment les mécanismes et modalités d’exercice du droit de grève, précisant, dans ce sens, que des amendements supplémentaires seront apportés à ce texte lors des discussions à la Chambre des conseillers.
UMT dénonce « une manœuvre de façade »
Après avoir passé en revue toutes les étapes par lesquelles est passé ce projet de loi, à commencer par son adoption à la Chambre des Représentants et sa transmission à la Chambre des Conseillers sans finalisation du dialogue à son sujet ni accord sur son contenu dans le cadre de l'institution du dialogue social, et après avoir valorisé et réitéré les positions constantes de l'Union Marocaine du Travail, rejetant toute atteinte ou régression du droit de grève tel que garanti par la Constitution de notre pays et les conventions internationales y afférentes, la direction de l’UMT a considéré que la rencontre avec le ministre Sellouri, prévue à la veille de la présentation du projet de loi organique à la Chambre des Conseillers le jeudi 9 janvier 2025 au matin, « n'est qu'une manœuvre de façade à des fins de communication médiatique, sans réelle volonté d'engager un dialogue sérieux et responsable assorti de garanties nécessaires pour améliorer la version actuelle du projet de loi en faveur du renforcement et de la protection de ce droit constitutionnel et humain, conformément à l'esprit de la Constitution de notre pays.
L’UMT a ainsi décidé de boycotter la réunion convoquée par le ministre du Travail pour mercredi soir 8 janvier 2025, « en raison de l'absence d'un ordre du jour clair et de la sincérité nécessaire pour entamer un dialogue sérieux et des négociations responsables, basées sur le contenu du mémorandum de l'Union Marocaine du Travail relatif à ce projet de loi.
Voici par ailleurs les déclarations des autres syndicats qui ont pris part à la réunion telles que rapportées par MAP
UGTM
Youssef Allakouch, membre du bureau exécutif de l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM),, a souligné que les amendements de fond présentés par sa formation syndicale visent à combler les lacunes du précédent texte de 2016, avec un accent particulier sur la consécration du droit constitutionnel relatif à l’exercice de la grève.
CDT
Le représentant de la Confédération démocratique du travail (CDT), Younès Firachine, plus en phase avec l’UMT, a rappelé les positions de son syndicat en la matière, mettant l’accent sur la nécessité d’inscrire toutes les lois sociales dans l’agenda du dialogue social, notamment le projet de la loi sur la grève.
"La loi sur la grève doit faire l’objet d’un examen minutieux sur la base de négociations sérieuses avant de parvenir à un accord à ce sujet", a-t-il noté.
UNMT
Le secrétaire général de l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM, proche du PJD) , Mohamed Zouiten, a appelé le gouvernement à redoubler d’efforts et à répondre positivement aux revendications liées à la loi sur la grève, à travers le dialogue sectoriel et social, l’élargissement du dialogue avec tous les syndicats, ainsi que le renforcement des libertés syndicales.
M. Zouiten a souligné la nécessité d’adapter certaines dispositions de ce texte en fonction des nouvelles mutations, appelant le gouvernement à promouvoir l’institutionnalisation du dialogue avec les centrales syndicales.
FDT
Le secrétaire général de la Fédération démocratique du travail (FDT), Youssef Aidi, a mis en avant, quant à lui, les acquis cumulés en matière d’exercice du droit de grève au Maroc "qui ne peuvent faire l’objet d’aucune restriction", faisant savoir que le droit de grève doit être garanti aux travailleurs conformément aux dispositions internationales en vigueur.
Il a tenu à saluer l’ouverture du gouvernement sur les amendements de fond apportés par la FDT au sein de la Chambre des Conseillers, faisant remarquer que sa centrale syndicale "se penche parallèlement sur le projet de loi organique relatif à la grève et le projet de loi relatif aux organisations syndicales, lequel s’érige en une loi complémentaire dans le cadre de l’encadrement de la scène syndicale et du renforcement des rôles des syndicats".
CGEM
Le vice-président de la Confédération générale des entreprises du Maroc, Mohamed Fikrat, s’est félicité de ce processus marqué par la tenue d’une série de rounds et de réunions qui se sont déroulés dans une ambiance d’échanges sérieux et constructifs, soulignant que cette loi revêt une grande importance, eu égard de son lien étroit avec l’économie nationale, les investissements et les engagements des entreprises.
Et d’affirmer que ce débat s’assigne pour objectif de réfléchir à une version assurant l’équilibre qui permet de promouvoir le bon fonctionnement de l’écosystème entrepreneurial et des investissements.
La Chambre des représentants avait adopté, récemment, à la majorité, le projet de loi organique relatif à la grève définissant les conditions et les modalités d’exercice du droit de grève dans son ensemble, tel qu’il a été modifié et approuvé par la Chambre.